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Mayotte dans l’expectative, en attendant l’opération de « décasage » d’envergure « Wuambushu »

Dans la soirée du 24 avril, le tribunal judiciaire a suspendu l’évacuation d’un bidonville qui s’annonçait comme la première opération de « décasage » d’envergure, au niveau du quartier Talus 2 de Majicavo, dans le nord de l’île de Grande-Terre.

Par  (à Mamoudzou - envoyée spéciale)

Publié le 25 avril 2023 à 08h47, modifié le 25 avril 2023 à 13h56

Temps de Lecture 4 min.

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Une femme déménage ses affaires du quartier Talus 2 situé à Koungou, à Mayotte, avant la suspension de l’évacuation du bidonville par le tribunal judiciaire, le 24 avril 2023.

L’incertitude, l’expectative et la tension qui monte. A Mayotte, « Wuambushu » est dans tous les esprits. Cette vaste opération de lutte contre la délinquance, l’immigration clandestine et les bidonvilles, confirmée par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, vendredi 21 avril, nourrit autant d’inquiétudes que d’attentes. Des renforts de forces de l’ordre ont fait monter à 1 800 les effectifs de police et de gendarmerie présents dans le 101département français, le plus pauvre du pays, situé dans l’océan Indien. « On va continuer à monter en puissance pendant la semaine et les semaines qui viennent », a déclaré, lundi 24 avril, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, depuis un parking de Tsoundzou, dans la banlieue de Mamoudzou, où des affrontements ont lieu entre les forces de l’ordre et des bandes de jeunes depuis dimanche 23 avril.

Dans la soirée du 24 avril, le tribunal judiciaire de Mamoudzou a toutefois porté un coup de canif à ce qui s’annonçait comme la première opération de « décasage » d’envergure, au niveau du quartier Talus 2 de Majicavo, dans le nord de l’île de Grande-Terre. Le juge des référés a ordonné au préfet de « cesser toute opération d’évacuation et de démolition » prévue le 25 avril dans ce quartier et de proposer aux familles des solutions de relogement adaptées ainsi que des lieux de stockage pour leurs biens, qui menaçaient d’être détruits au cours de l’opération « Wuambushu ». Le préfet de Mayotte a pris acte de la décision et demandé aux avocats de l’Etat de faire appel.

Ce qu’attend presque autant qu’elle les redoute la population de ce territoire africain de l’archipel des Comores, ce sont les opérations de « décasage » de bangas, c’est-à-dire de destruction de bidonvilles. A Mayotte, où la densité de population est la plus importante de France derrière la région parisienne, 40 % des plus de 60 000 logements sont « indignes », construits principalement en tôle, bien souvent sans accès à l’eau potable ni à l’électricité.

Gérald Darmanin a annoncé que « 1 000 bangas » seraient détruits « dans les deux mois ». « Ça s’appuie sur les analyses de l’ARS [l’agence régionale de santé], qui montrent que cet habitat est dangereux pour les gens qui y vivent et pour leur santé », a défendu le préfet, lundi. Il entend notamment expulser les personnes sans titre de séjour qui s’y trouveraient, originaires principalement des Comores voisines et qui représenteraient au total 30 % de la population sur l’île.

« Opération de la dernière chance »

De nombreuses associations, collectifs et syndicats sont vent debout contre « Wuambushu ». « Cette “action spectaculaire” de destructions de bidonvilles et d’expulsions massives promise par Gérald Darmanin annonce de multiples violences et atteintes au droit », estime le collectif Uni.es contre l’immigration jetable (UCIJ) 2023, qui rassemble 400 associations et syndicats, dont la Ligue des droits de l’homme (LDH). L’opacité dans laquelle l’opération a été préparée nourrit de vives inquiétudes. « Ça va déstabiliser l’île », redoute l’avocate au barreau de Mayotte Marjane Ghaem. « Ce qu’on craint, c’est une violence et une complexification des rapports sociaux », corrobore sa consœur Mélanie Trouvé.

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