Election tendue au Parti socialiste (PS). Au lendemain d’une nuit agitée, émaillée de déclarations contradictoires et d’accusations d’irrégularités mutuelles proférées par les deux candidats au poste de premier secrétaire, le PS a livré un communiqué officiel, vendredi matin, affirmant la victoire d’Olivier Faure avec 50,83 % des suffrages, contre 49,17 % pour son rival, Nicolas Mayer-Rossignol. Le député de Seine-et-Marne, qui conduit le PS depuis 2018, l’aurait donc emporté avec seulement 393 voix d’avance. « Aucun résultat final ne peut être proclamé sans validation par la commission de récolement », a réagi dans la foulée son opposant, le maire de Rouen, demandant que « le choix des militants soit respecté ». Cette commission, qui sert de juge de paix, est censée valider le score de l’élection.
Vendredi 13 janvier, lors du premier tour, elle avait permis d’affiner les résultats, mettant fin à la bataille de chiffres que s’étaient livrés, la veille, les deux parties. A nouveau, ce scrutin serré et l’ambiance tendue qui l’entoure montre à quel point le PS est divisé. Avec à peine la moitié des suffrages, Olivier Faure a fortement dégringolé dans le cœur des militants, qui l’avaient reconduit, fin 2021, avec plus de deux tiers des voix. Huit mois après sa signature, l’accord de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), qui a privé d’investitures des centaines de candidats socialistes aux législatives, a fracturé le parti. Les accusations d’inféodation à Jean-Luc Mélenchon ont visiblement infusé dans les esprits, malgré les efforts d’Olivier Faure pour se tenir à distance de l’encombrant fondateur de La France insoumise.
Spectacle « lamentable »
Quatorze ans après le congrès de Reims, en 2008, qui avait vu Ségolène Royal et Martine Aubry se déchirer, avant une victoire de cette dernière d’une courte tête, le PS s’est à nouveau montré incapable de mener sereinement une procédure de démocratie interne. Toute la soirée, les camps d’Olivier Faure et de Nicolas Mayer-Rossignol ont annoncé leurs victoires respectives et brandi des chiffres contestables. Vers 1 h 30 du matin, en direct sur YouTube, le député de Seine-et-Marne, tentant de siffler la fin du match, a pris la parole pour remercier les militants, qui ont fait « en sorte qu’[il soit] à nouveau celui qui dirige cette grande formation politique ». Et d’ajouter : « Il m’appartient désormais de rassembler les socialistes. » Au même moment, son rival faisait une déclaration similaire, se prévalant de la « confiance » des militants. Lui aussi se disait prêt à œuvrer « avec tous les socialistes, au rassemblement et au renouveau de notre famille politique ».
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