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Ukraine : Poutine laisse craindre une attaque coordonnée avec la Biélorussie

C'est le premier voyage du président russe chez son homologue et allié biélorusse depuis plus de trois ans. Le projet d'union entre les deux pays est à nouveau sur la table. Leur coordination militaire s'intensifie d'ores et déjà.

Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko à Minsk ce lundi.
Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko à Minsk ce lundi. (Sputnik/Konstantin Zavrazhin/Pool via REUTERS)

Par Benjamin Quénelle

Publié le 19 déc. 2022 à 17:53Mis à jour le 19 déc. 2022 à 19:51

Nouvel assaut de drones sur Kiev , exercices militaires conjoints avec la Chine et… rencontre au sommet avec son allié biélorusse. Ces derniers jours, Vladimir Poutine redouble d'initiatives politico-militaires. Trois jours après avoir consulté les commandants de ses forces armées « sur la conduite des opérations en Ukraine à court et moyen termes », selon la mystérieuse expression officielle, le chef du Kremlin s'est rendu lundi à Minsk pour s'entretenir avec Alexandre Loukachenko .

Au menu : une « vaste visite de travail » avec le président biélorusse qui, hasard ou non du calendrier, a la semaine dernière ordonné une inspection surprise de ses forces militaires pour une évaluation générale. De quoi intensifier les craintes à Kiev sur l'imminence d'une nouvelle offensive russe avec, cette fois, la participation directe des troupes biélorusses.

Un relais pour bombarder l'Ukraine

« Nous nous préparons à tous les scénarios de défense possibles », a prévenu le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Quelques heures avant l'arrivée de Vladimir Poutine à Minsk, l'Etat-major russe a révélé que son armée prendra part à des manoeuvres « tactiques » en Biélorussie. Sans plus de détails, ni de lieux, ni de dates.

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En octobre dernier, Minsk et Moscou avaient annoncé la formation d'une force commune « défensive ». Depuis, plusieurs milliers de militaires russes sont arrivés dans ce pays voisin à la fois de la Russie et de l'Ukraine. Dix mois après le lancement de « l'opération militaire spéciale » russe en Ukraine, selon la litote du Kremlin, Alexandre Loukachenko continue certes de répéter qu'il ne veut pas envoyer ses unités en Ukraine. Mais de facto, Moscou se sert bel et bien du territoire biélorusse comme d'un relais pour bombarder l'Ukraine.

Relations complexes

« Allégations stupides et sans fondements », a répliqué le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, démentant que Vladimir Poutine soit allé à Minsk pour convaincre Alexandre Loukachenko de participer plus directement au conflit en Ukraine. Les deux présidents, qui se sont chaleureusement salués au début de leur rencontre lundi après-midi, entretiennent depuis longtemps des relations complexes, entre parties de hockey sur glace et négociations tendues. C'est la première fois depuis trois ans et demi que le chef du Kremlin se rend personnellement à Minsk, après de nombreuses rencontres ces derniers mois en Russie et dans d'ex-républiques soviétiques. Leurs tête-à-tête sont généralement des plus fermés, sans conférence de presse finale.

« La Russie et la Biélorussie sont ouvertes au dialogue avec les autres Etats, y compris européens », a assuré Alexandre Loukachenko, au début de sa rencontre avec Vladimir Poutine, appelant les Occidentaux à « écouter la voix de la raison ». Le chef du Kremlin, lui, a insisté sur la coopération économique entre les deux pays. L'un des sujets qui lui sont chers se retrouve au coeur des discussions : « le développement futur des relations d'alliance ».

Traduction : l'intégration de la Biélorussie dans la Russie, vieux projet que rejettent la majorité des Biélorusses et auquel s'est régulièrement opposé Alexandre Loukachenko. « La Russie n'a pas intérêt à absorber qui que ce soit. Cela n'a pas de sens tout simplement », a toutefois assuré Vladmir Poutine, lors d'une conférence de presse avec son homologue biélorusse, à l'issue de leurs pourparlers à Minsk.

La défiance de Minsk est d'autant moins comprise à Moscou que la moitié du PIB biélorusse dépend du puissant voisin. Entre refinancement des dettes et exportations de pétrole russe acheté à bas prix, raffiné en Biélorussie puis exporté aux prix du marché, Moscou entretient la survie de la Biélorussie. Et de son président.

Benjamin Quénelle (Correspondant à Moscou)

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