M6 – DIMANCHE 24 SEPTEMBRE À 21 H 10 – DOCUMENTAIRE
« Et si, pour la première fois, l’espérance de vie de nos enfants était inférieure à la nôtre ? » Posée en ouverture du magazine « Zone interdite » consacré à la santé infantile, l’interrogation peut paraître alarmiste, voire racoleuse. D’autant qu’une étude française publiée le 29 août pointe le contexte d’utilisation des écrans par les enfants. Après avoir visionné le documentaire d’Emmanuelle Mesplède, toutefois, la menace s’avère plausible. Mais surtout évitable.
Au terme d’une enquête d’un an, la réalisatrice donne en effet la parole à des professionnels de la santé et de l’éducation, qui ont l’intelligence de ne pas stigmatiser une génération d’enfants ou de parents, ni de rejeter « en bloc » les écrans. Tous en revanche prônent une prise de conscience des dangers, et une utilisation raisonnée des smartphones, télévisions, ordinateurs, tablettes et consoles.
Il n’y a pas de temps à perdre. Les enfants de 2 ans à 5 ans regardent en moyenne un écran plus de 4 heures par jour, soit une heure de plus qu’il y a dix ans. Et ce temps d’exposition atteint 8 heures chez les 8-14 ans. Les caméras ont donc suivi plusieurs familles dans leur quotidien pour comprendre les causes de cette utilisation excessive – la tablette permet de mettre les enfants « en stand-by », résume une mère de famille de trois enfants. Parallèlement, une explication physiologique est fournie : les écrans procurent un plaisir sans effort et sans contrainte.
Plus grave, le ministère de la santé a constaté une hausse de 94 % des troubles du langage chez les plus petits entre 2008 et 2018. C’est le cas d’Aya, 2 ans et demi, venue consulter une spécialiste avec sa mère et sa sœur. Alors qu’elle passe jusqu’à dix heures par jour sur un écran, elle est incapable de parler. La prescription semble simple : supprimer au maximum les écrans ; la mise en pratique plus complexe. « Vous allez tenir bon », dit la thérapeute à la mère – le téléspectateur constatera trente minutes plus tard les progrès, impressionnants.
Sédentarité et inactivité physique
Autre conséquence de la surexposition aux écrans, la sédentarité induite, illustrée par le mode de vie de Xavier, 11 ans, à Tourcoing (Nord). Comme deux tiers des adolescents, Xavier passe dix heures par jour assis. Le téléspectateur découvre alors les cours de récréation actuelles, inertes, sans enfants qui courent ou sautent à la corde – aussi sera-t-on particulièrement attentif au partenariat lancé par le directeur du collège Mendès-France de Tourcoing, avec la fondation Décathlon.
En attendant, le professeur François Carré, cardiologue, met en garde : « L’inactivité physique et la sédentarité tuent plus que le tabac ». Il a donc lancé une étude inédite auprès de 9 000 élèves, en Bretagne, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France, pour évaluer les capacités physiques des collégiens – certains tests sont filmés. Résultat : en 1987, les enfants couraient en moyenne à 11 km/h ; aujourd’hui, à 9,7 km/h… Et 17 % des adolescents sont en surpoids.
C’est le cas d’Eden, 11 ans, qui vit avec sa mère à Sourdeval (Manche). Au début de la séquence, il pèse 85 kg pour 1,51 m. Jusqu’à ce que Karine de Rouere, nutritionniste, décrypte les méfaits cachés des céréales, jus de fruits et autres plats industriels, et fixe le plan d’attaque (bouger, enlever la télé de la chambre). Le garçon va dès lors se révéler exemplaire. Et de plus en plus souriant.
Ecrans, malbouffe et sédentarité : alerte rouge sur la santé de nos enfants !, d’Emmanuelle Mesplède (Fr., 2023, 90 min).
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