La Hongrie protégera les lanceurs d’alerte dénonçant l’homoparentalité

Le régime de Viktor Orban se sert de la transposition d’une directive européenne pour permettre aux citoyens hongrois de signaler des atteintes au « mode de vie du pays ».

Par

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors du sommet de l'Otan, à Madrid, le 30 juin 2022. 
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors du sommet de l'Otan, à Madrid, le 30 juin 2022.  © Gabriel Bouys/AFP

Temps de lecture : 2 min

Lecture audio réservée aux abonnés

Le 23 octobre 2019, l'Union européenne (UE) a adopté une directive sur les lanceurs d'alerte. Les États avaient deux ans pour la transposer. À l'époque, il s'agissait de protéger toute personne qui signalerait des violations du droit de l'Union. Mais, en Hongrie, la transposition a été élargie à d'autres domaines il y a quelques jours. Sous l'égide de la ministre de la Justice Judit Varga, le régime hongrois a créé une autre catégorie protégée : les citoyens qui, sous anonymat, dénonceraient des atteintes à la Loi fondamentale du pays et au « mode de vie du pays ».

La newsletter débats et opinions

Tous les vendredis à 7h30

Recevez notre sélection d’articles tirée de notre rubrique Débats, pour comprendre les vrais enjeux du monde d’aujourd’hui et de notre société

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

C'est sous ce registre que les citoyens hongrois peuvent signaler un abus consistant à « mettre en doute le rôle constitutionnellement reconnu par le mariage et de la famille ». Or, le régime de Viktor Orban a inscrit, en 2012, que la famille hongroise était officiellement composée d'une mère qui est une femme et d'un père qui est un homme.

Une manière d'exclure, sauf à changer la Constitution du pays, la reconnaissance du mariage gay. Concrètement, les citoyens peuvent donc signaler les familles qui ne seraient pas composées selon la loi fondamentale. Ce qui, pour beaucoup, revient à dénoncer l'homoparentalité.

« Bon développement physique, mental et moral des enfants »

Un deuxième cas est prévu qui complète le premier : les citoyens sont fondés à signaler toute situation où « la protection et les soins nécessaires au bon développement physique, mental et moral des enfants, ainsi que la remise en cause de leur droit à l'identité selon leur sexe de naissance ». Que les mauvais traitements – enfants battus, maltraités, mal nourris – soient signalés est une chose mais comment définir les cas où l'identité des enfants selon leur sexe de naissance serait remise en cause ?

À LIRE AUSSI Comment Viktor Orban est devenu le héraut de la contestation de l'Union européenneIl faudrait imaginer des familles où les parents diraient à leurs enfants qu'ils n'ont pas le droit de s'habiller en garçon alors qu'ils sont de sexe masculin… Mais qui fait ça ? En outre, dans ce cas, on n'aurait pas besoin d'un signalement anonyme. Ce serait très vite apparent et les autorités prendraient le cas en charge.

La loi hongroise entrera en vigueur dans un peu moins de deux mois. Elle complète en quelque sorte une première loi très controversée sur le bannissement de l'homosexualité de la communication. Une loi qui fait l'objet d'un contentieux devant la Cour de justice de l'Union européenne. Viktor Orban et ses amis du Fidesz s'engagent ici sur un terrain glissant alors que les fonds européens sont suspendus dans l'attente de réformes sur l'État de droit, en cours d'évaluation par la Commission. Budapest agite de nouveau le chiffon rouge vis-à-vis de ses partenaires.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (9)

  • Aveltan

    .
    @ ***13*** :

    Vous dîtes très exactement la même chose que le Pr. Rémy Brague, privé très tôt de père.

    Vous omettez d'ailleurs ces enfants adoptés qui n'auront, NI père, Ni mère :
    S'ils sont adoptés par deux... "IELS" !

    Ne prenez pas trop vite mes propos à la légère.
    Car :
    Ça arrivera SUREMENT !
    Et plus d'une fois...

  • mustel

    Exceptionnel !
    "... Que la famille hongroise était officiellement composée d'une mère qui est une femme et d'un père qui est un homme ".
    C'est, curieusement, le cas aussi sur la majorité de la planète.

  • ***13***

    La pire crainte de tout enfant sur cette terre est de perdre son pere ou sa mere. Certaines personnes s’arrogent le droit de faire naitre des enfants qui n’auront eux, jamais de pere ou de mere.