Réforme des retraites : mobilisation "historique" ce jeudi, une nouvelle journée de grève annoncée le 31 janvier

  • Des centaines de milliers de personnes ont défilé ce jeudi 19 janvier.
    Des centaines de milliers de personnes ont défilé ce jeudi 19 janvier. MAXPPP - Vincent Isore
Publié le , mis à jour
MIDI LIBRE, avec REUTERS

Selon le ministrère de l'Intérieur, 1,1 million de personnes ont défilé dans tout le pays ce jeudi 19 janvier 2023 contre la réforme des retraites. Ils étaient "près de 2 millions", d'après la CGT. Le second round aura lieu le mardi 31 janvier, ont annoncé les syndicats.

Un "non" massif. La France a vécu ce jeudi une journée de grève nationale et de manifestations massives contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, avec de vastes cortèges et d'importantes perturbations à travers le pays, dont des transports publics au ralenti voire même à l'arrêt.

La CGT a salué dans un communiqué une "mobilisation historique", évoquant la participation de deux millions aux manifestations dans le pays. Le ministère de l'Intérieur a indiqué qu'il estimait à 1 120 000 le nombre de manifestants, dont 80 000 à Paris.

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A l'initiative des organisations syndicales, cette journée de contestation a pour ambition de lancer un vaste mouvement social destiné à faire dérailler le projet du gouvernement qui prévoit, notamment, le report de l'âge légal de départ à la retraite, de 62 ans à 64 ans, en 2030.

Il s'agit d'un défi majeur pour Emmanuel Macron, qui effectuait ce jeudi un déplacement en Espagne, alors que les sondages montrent qu'une grande majorité de Français sont opposés à ce projet de réforme. Interrogé dans la journée sur la mobilisation en France, en marge d'un sommet avec le gouvernement espagnol, le chef de l'Etat a défendu une réforme "juste et responsable". "Il suffit de regarder partout ailleurs en Europe pour voir que la France s'est un peu décalée et que, si nous voulons être juste entre les générations et sauver notre système par répartition, nous devons faire cette réforme", a dit Emmanuel Macron.

"On subit toujours"

Ancien pompier, Michel Liger, 65 ans, est venu du Val-d'Oise pour rejoindre le cortège des manifestants à Paris. "Je suis en retraite, mais je pense à mes enfants, et je n'ai pas envie que mes enfants partent plus tard que moi à la retraite en travaillant plus", a-t-il déclaré à Reuters. Quelques échauffourées ont émaillé la manifestation parisienne, coupant le cortège en deux.

Une source à la Préfecture de police de Paris a indiqué qu'à 16h50, les forces de l'ordre avaient procédé à 30 interpellations pour port d'arme prohibé, outrage et rébellion, et jets de projectiles notamment. Au-delà des manifestations, l'appel à la grève a été massivement suivi dans plusieurs secteurs. Les perturbations étaient importantes dans les transports, où la SNCF comme la RATP avaient appelé les voyageurs à différer leurs trajets.

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"C'est tout le temps les mêmes qui font grève, le réseau SNCF, RATP et nous aussi, qui un jour allons être à la retraite, dans le privé on ne fait pas grève. On subit toujours", a déploré Virginie Pinto, une salariée du secteur immobilier croisée dans le métro parisien. Dans le transport aérien, les perturbations étaient moindres avec près de 90% des vols court et moyen-courrier assurés chez Air France et la totalité des vols long-courrier.

Le secteur de l'énergie fortement mobilisé

Dans le secteur de l'énergie, la CGT a annoncé au moins 70% de grévistes dans les raffineries de TotalEnergies, qui a indiqué que les livraisons étaient interrompues sur l'ensemble de ses sites.

Chez EDF, le taux de grévistes atteignait 44,5% à la mi-journée, une mobilisation qui a provoqué une baisse de la production d'électricité, de l'ordre de 7,8 gigawatts (GW) selon des données de l'électricien et de l'opérateur de réseaux RTE, ce qui représente environ 12% de l'approvisionnement total en électricité.

Chez Engie, le taux de grévistes s'élevait à 40% sur l'ensemble du personnel des industries électriques et gazières (IEG) - qui représente une bonne moitié de l'effectif total du groupe - et environ 7% pour les autres périmètres en France, a indiqué un porte-parole. Dans l'enseignement, la mobilisation était forte également, avec 34,66% de grévistes dans les collèges et lycées et 42,35% dans le primaire, selon les chiffres du ministère.

Nouvelle journée de mobilisation

Les principales organisations syndicales, qui entendent bien profiter de la forte mobilisation ce jeudi pour poursuivre le mouvement, devaient se réunir à 18 heures pour décider des suites à donner à la contestation. "Il y a encore du temps pour faire valoir notre mécontentement", a observé Laurent Berger de la CFDT jeudi matin sur BFMTV.

Le gouvernement prévoit de présenter sa réforme des retraites en conseil des ministres le 23 janvier, avant un examen prévu début février à l'Assemblée nationale où Emmanuel Macron ne dispose plus de la majorité absolue mais compte sur le soutien de la droite pour faire adopter le texte. Face à la contestation, l'exécutif se veut calme et déterminé. La réforme est "nécessaire et juste", a plaidé le ministre du Travail, Olivier Dussopt, jeudi matin sur LCI, même si elle demande "des efforts aux Français".

Retraites: "L'ensemble des organisations syndicales réaffirme son opposition à la réforme" pic.twitter.com/pNLYOqRglt

— BFMTV (@BFMTV) January 19, 2023

Au sortir d'une nouvelle réunion, l'intersyndicale a annoncé qu'une nouvelle journée d'action était prévue le 31 janvier prochain. "L'intersyndicale appelle à une nouvelle journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles le 31 janvier. L'intersyndicale se réunira le soir même", a déclaré Murielle Guilbert, co-déléguée général de SUD Solidaires, avant d'inviter "la population à signer massivement la pétition" que l'intersyndicale a mise en place.

Enfin, "l'intersyndicale appelle à multiplier les actions et initiatives partout sur le territoire, dans les entreprises et services, dans les lieux d'études, y compris par la grève, notamment aux alentours du 23 janvier, jour de présentation de la loi au conseil des ministres".

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Les commentaires (22)
Anonyme152123 Il y a 1 année Le 20/01/2023 à 10:50

Ceux qui manifestent sont ceux qui ont des régimes speciaux ou des fonctionnaires....car dans le privé....si j'avais été fonctionnaire ma pension de retraite serait beaucoup plus conséquente vu le calcul.....mais tous ces gens qui manifestent pour le bien collectif, entrainant lycéens et étudiants qui n'y comprennent rien, le font pour leur bien et non pour les autres...de même avec le nouveau calcul des points de retraite, j'aurais plus valider plus de trimestres....
Mais bien sûr tous ces gens peuvent bloquer le pays : transports, enseignement....

ausseil Il y a 1 année Le 20/01/2023 à 13:21

en réalité beaucoup de manifestants sont descendu dans la rue plus pour manifester leur désaccord à la politique macronique que par opposition à la réforme des retraites que certains n'ont pas encore lu ou comprise et beaucoup aussi de gens qui ne sont pas cotisants chômeurs et bénéficierez d'aide en tout genre sans avoir cotisé

Anonyme182737 Il y a 1 année Le 20/01/2023 à 10:33

Belle démonstration que la France est un pays ingérable et irréformable peuplé d'irresponsables qui pensent qu'un pays peut indéfiniment avoir des budgets en déficit, une dette qui augmente et un commerce extérieur déficitaire
La faute aux candidats de tous les partis qui à chaque élection se livrent à des surenchères de promesses toutes plus démagogiques les unes que les autres depuis Mitterand
Si nous voulons connaître l'avenir de notre pays regardons du côté de la Grèce

AUZIAS Il y a 1 année Le 20/01/2023 à 10:18

Bonjour,

En effet bon nombre de personnes ont et feront encore grève pour revendiquer contre :

- la réforme des retraites, sujet sensible,

AINSI, à mon humble avis, en profitent aussi
- contester contre l'AUGMENTATION sans cesse des
produits, services, TAXES et autres que SUBISSENT les
FRANCAIS, surtout de classe moyenne, laquelle ne bénéficie
d'aucune aide quelconque, n'ont de Conseillers Financiers.