Les naissances ont une nouvelle fois reculé en 2023. C’est l’enseignement majeur du bilan démographique annuel de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), présenté mardi 16 janvier. En dépit de cette chute, la population a crû au rythme de 0,3 %, le même qu’en 2022. Deuxième pays européen le plus peuplé, derrière l’Allemagne, la France comptait 68,4 millions d’habitants le 1er janvier 2024.
La baisse de la natalité, enregistrée depuis 2011, relance chaque fois une question sensible : est-on en train d’assister à la fin du modèle démographique français, envié par nos voisins européens pour sa vitalité ? Ou la chute des naissances, de l’ordre de 6,6 % en 2023 par rapport à 2022, est-elle seulement conjoncturelle ?
Difficile à ce stade de répondre, disent les démographes, habitués à observer et analyser les comportements sur plusieurs décennies. Certes, l’indice conjoncturel de fécondité (ICF), qui s’établit en 2023 à 1,68 enfant par femme, est cette année encore en baisse. Mais la France demeure, avec ces derniers résultats, une bonne élève au sein de l’Union européenne, dont l’ICF moyen s’élevait à 1,5 enfant par femme en 2020, date des dernières données disponibles, et devrait encore baisser.
- La fécondité en chute dans toutes les classes d’âge concernées
La fécondité est probablement l’élément le plus scruté, chaque année, dans ce bilan annuel. Alors que l’Insee titrait déjà, dans une publication de septembre, sur le « nombre de naissances au plus bas depuis la seconde guerre mondiale » en 2022, 2023 bat un nouveau record.
Ainsi, 678 000 bébés sont nés l’an dernier, soit 6,6 % de moins qu’en 2022, et presque 20 % de moins qu’en 2010, lorsque le dernier pic des naissances a été enregistré. Jusqu’à présent, rappelle le démographe Laurent Toulemon, spécialiste de la fécondité à l’Institut national d’études démographiques (INED), « la baisse des naissances a été très faible jusqu’en 2014, puis entre 2014 et 2022, elles ont baissé sur un rythme à peu près stable, à l’exception du léger rebond de 2021 ».
En parallèle de cette baisse – qui s’inscrit donc dans la durée –, l’indice conjoncturel de fécondité chute à 1,68 enfant par femme. Il était de 1,79 en 2022. « Il faut remonter à 1993, pendant la récession, pour retrouver un niveau aussi bas, à 1,66 enfant par femme », précise Sylvie Le Minez, responsable de l’unité des études démographiques et sociales à l’Insee.
Avec une particularité : cette fois-ci, toutes les classes d’âge sont touchées par cette dégringolade. « On commence à avoir des taux de fécondité assez bas entre 30 et 34 ans, alors que jusqu’à présent le phénomène touchait surtout les tranches d’âge avant 30 ans », remarque M. Toulemon. Même chez les femmes plus âgées, de 40 à 50 ans, une légère diminution est enregistrée, alors que leur taux de fécondité était en hausse continue depuis le milieu des années 1980.
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