procèsDébut du procès en diffamation contre Donald Trump, accusé de viol

New York: Début du procès au civil contre Donald Trump, poursuivi en diffamation et accusé de viol

procèsL’ex-président américain doit dire d’ici vendredi s’il compte venir témoigner à la barre
L'ancien chroniqueuse E. Jean Carroll qui poursuit Donald Trump en diffamation et l'accuse de viol, arrive au tribunal de Manhattan, le 25 avril 2023.
L'ancien chroniqueuse E. Jean Carroll qui poursuit Donald Trump en diffamation et l'accuse de viol, arrive au tribunal de Manhattan, le 25 avril 2023. - Seth Wenig/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’est la première fois que Donald Trump, accusé d’agression sexuelle ou de harcèlement par plus de 20 femmes, doit répondre devant la justice. Un procès au civil pour une accusation de viol et de diffamation contre l’ancien président américain s’est ouvert mardi à New York, à la suite de plaintes d’une ex-chroniqueuse de presse, E. Jean Carroll, pour des faits dénoncés qui remontent au milieu des années 1990 et que l’ancien président américain dément vivement.

Plus de 25 ans après les faits, neuf jurés, sélectionnés mardi devant un tribunal fédéral de Manhattan, vont tenter de faire la lumière sur cette affaire, où s’affrontent deux versions diamétralement opposées. Le procès doit durer de cinq à dix jours et plusieurs témoins sont attendus.

Pour l’instant, on ne sait pas si Donald Trump a l’intention de témoigner à la barre. Mardi, son avocat Joe Tacopina a fait référence à l’audition sous serment de Trump en vidéo, et a répondu « Je ne suis pas sûr » quand le juge Kaplan lui a demandé s’il appellerait son client à la barre. Le magistrat a précisé que l’avocat avait jusqu’à la fin de la semaine pour faire connaître sa réponse. Sauf rebondissement majeur, il est peu probable que Donald Trump s’expose au risque d’un contre-interrogatoire.

« Tripotée, pelotée et violée »

Depuis 2019, E. Jean Carroll et ses avocats affirment que l’ancien président des Etats-Unis « l’a tripotée, pelotée et violée » après l’avoir attirée dans la cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais, Bergdorf Goodman, à une date dont elle ne se souvient plus mais qui remonterait « au printemps 1996 ». « Au moment où ils ont été à l’intérieur (de la cabine), tout a changé. D’un coup, plus rien n’était drôle », a lancé l’une des avocates de la plaignante, Shawn Crowley, à l’ouverture des débats. « Trump faisait presque deux fois sa taille », a-t-elle ajouté.

L’avocate a expliqué que la chroniqueuse avait gardé le silence pendant 20 ans, de peur de voir sa réputation détruite par un homme puissant. Mais dans la foulée du mouvement #metoo, celle qui écrivait dans le magazine Elle aux Etats-Unis s’était décidée à parler dans un livre en 2019.

Deux amies, à qui E. Jean Carroll s’était confiée peu après les faits, viendront corroborer son récit à la barre, a promis Shawn Crowley. L’avocat de Donald Trump, Joe Tacopina, a fustigé « un affront à la justice ». « Elle abuse du système pour de l’argent, pour des raisons politiques et pour son statut », a-t-il poursuivi, devant E. Jean Carroll, 79 ans, qui le regardait fixement.

Mais, conscient que la figure de Donald Trump, absent à l’ouverture des débats, et probablement durant tout le procès, pouvait susciter du rejet à New York, il a pris soin de lancer aux jurés : « Vous pouvez détester Donald Trump, c’est OK (…) Mais dans l’isoloire, pas ici, dans un tribunal ». Le jury devra déterminer le montant des réparations à éventuellement allouer à l’écrivaine.

Trump cerné par les affaires judiciaires

A 76 ans, l’ancien locataire de la Maison Blanche (2017-2021) rêve d’être réélu en novembre 2024, mais il voit les affaires judiciaires s’accumuler. Début avril, fait historique sans précédent pour un ancien président américain, il a été inculpé au pénal à New York pour 34 fraudes comptables et fiscales liées à des paiements pour étouffer des affaires embarrassantes avant la présidentielle de 2016, dont une relation sexuelle avec l’actrice de films X Stormy Daniels qu’il a toujours démentie.

E. Jean Carroll avait d’abord déposé plainte en diffamation contre M. Trump en 2019 parce qu’il avait qualifié de « mensonge complet » les allégations de viol. Alors président des Etats-Unis, il avait ajouté que Carroll n’était « pas son genre de femme » et ses avocats ont affirmé qu’il était protégé, en 2019, par son immunité de chef d’Etat.

Mais en novembre 2022, est entrée en vigueur une loi de l’Etat de New York (Adult Survivors Act) permettant, pendant un an, aux victimes d’agressions sexuelles de relancer leur action en justice au civil, même si les faits étaient prescrits au pénal. E. Jean Carroll a alors déposé une nouvelle plainte au civil pour « diffamation » mais aussi « voie de fait » et « agression ».

Lors d’un témoignage durant la procédure par liaison vidéo, rendu public par la justice en janvier, Donald Trump avait réaffirmé sa ligne de défense : « Je le dirai avec le plus grand respect : d’abord elle n’est pas mon genre ; ensuite, cela n’est jamais arrivé ». Mais, devant une photo où il figurait avec E. Jean Carroll lors d’une réception des années avant les faits, M. Trump l’avait alors confondue avec son ancienne épouse, la comédienne Marla Maples, avec laquelle il fut marié de 1993 à 1999.

Outre son inculpation pénale, il reste aussi dans le viseur de la justice pour son implication présumée dans une tentative de retourner en sa faveur les résultats de la présidentielle de 2020 en Géorgie, et sur son rôle dans l’assaut du Capitole par ses partisans, le 6 janvier 2021.

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