La tension ne retombe pas en Corse où des incidents ont émaillé la soirée du dimanche 27 mars devant le cantonnement des CRS de Furiani (Haute-Corse). Pendant cinq heures, alors que 400 à 500 manifestants étaient massées aux abords de cette caserne, visée par plusieurs attentats par le passé, les CRS ont repoussé les assauts de jeunes militants cagoulés et masqués, qui ont incendié des pneus, jeté des cocktails Molotov sur les grilles et ont brûlé un drapeau français dans une atmosphère rendue irrespirable par les gaz lacrymogènes. De source policière, 3 250 grenades ont été tirées au cours des échauffourées pour tenir les émeutiers à distance et les empêcher d’ouvrir une brèche dans l’enceinte de la caserne.
A Ajaccio, à l’appel du parti politique indépendantiste Core in fronte, des incidents mineurs ont également eu lieu autour du cantonnement d’Aspretto, à l’entrée nord de la ville. Les manifestants – près de 300 – ont allumé un feu devant les grilles du bâtiment, entraînant la riposte des forces de l’ordre : grenades lacrymogènes et canon à eau. La situation était sous le contrôle des forces de l’ordre aux alentours de 20 heures.
A l’origine des incidents, une vidéo filmée par un téléphone portable et devenue virale tout au long du week-end sur l’île montrait des CRS en civil en train d’entonner La Marseillaise autour d’un barbecue, vendredi. Chez les nationalistes chauffés à blanc, cet épisode, le jour même de l’enterrement d’Yvan Colonna à Cargèse (Corse-du-Sud) a été vécu comme une provocation. « Une haine coloniale à l’état pur », a insisté Femu a Corsica, le parti du président de l’exécutif corse, Gilles Simeoni, sans toutefois appeler à manifester. Plusieurs sources syndicales, elles, assurent que « les CRS ont chanté l’hymne national parmi d’autres chansons, comme c’est très fréquent dans ce genre de moment de détente, sans aucune référence à Yvan Colonna ».
Communiqué du FLNC
Depuis trois semaines et l’agression mortelle du militant corse, condamné pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998, à Ajaccio, la Corse traverse une nouvelle période de très vives tensions, émaillée de heurts entre manifestants et forces de l’ordre à Bastia, Corte ou Ajaccio. Si la situation demeure pour le moment circonscrite à des affrontements de rue, les autorités comme le personnel politique local redoutent surtout une flambée de violence clandestine. Le 16 mars, veille de la visite du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, dans l’île pour ouvrir des négociations sur une éventuelle autonomie de la Corse, le Front de libération nationale corse (FLNC) a rendu public un communiqué dans lequel il apportait son soutien à la jeunesse.
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