Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Personnes condamnées pour homosexualité en France : le Sénat reconnaît la responsabilité de l’Etat

Le Sénat a ouvert la voie, mercredi, à la reconnaissance de milliers de victimes d’anciennes lois discriminatoires, refusant néanmoins de leur accorder une réparation financière.

Le Monde avec AFP

Publié le 22 novembre 2023 à 20h26

Temps de Lecture 2 min.

Une loi mémorielle est en gestation pour réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France. Le Sénat a adopté mercredi 22 novembre une proposition de loi visant à reconnaître la « responsabilité » de l’Etat français dans les condamnations de personnes pour homosexualité entre 1945 et 1982 sur le fondement d’anciennes lois discriminatoires.

Ce texte du groupe socialiste, dont le « principe » a été soutenu par le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, a été adopté à l’unanimité par la chambre haute, qui a néanmoins rejeté les dispositions visant à apporter une « réparation » financière aux personnes condamnées pour homosexualité sur cette période.

Deux articles du code pénal instaurés sous le régime de Vichy sont visés, l’un établissant un âge spécifique de consentement pour les relations homosexuelles et l’autre aggravant la répression de l’outrage public à la pudeur commis par deux personnes de même sexe. La rédaction du texte permet de « reconnaître » que ces dispositions « ont été sources de souffrances et de traumatismes pour les personnes condamnées ».

« Vous substituez à une loi de haine une loi d’unité, de reconnaissance et de mémoire », a lancé le ministre de la justice, « favorable au principe de cette proposition de loi ». « Elle viendra reconnaître la mise en œuvre pendant quarante ans d’une politique de discrimination et de répression pénale qui n’aurait jamais dû exister », une politique « qui fait honte à notre République ».

Le volet « indemnisations » supprimé

Le volet « indemnisations » du texte a été rejeté à l’initiative de la droite et du centre, majoritaires au Sénat. Le socialiste Hussein Bourgi souhaitait accorder à ces personnes réhabilitées une allocation de 10 000 euros, assortis de 150 euros par jour de privation de liberté.

Le rapporteur Francis Szpiner (Les Républicains), porte-voix de la majorité sénatoriale de droite et du centre, a justifié ce choix par des « difficultés juridiques », notamment relatives à la prescription. « Ce n’est pas la loi qui a été responsable de ce préjudice » mais « la société française, homophobe dans toute sa composante à l’époque », a-t-il également expliqué dans l’hémicycle. « Cela n’est pas la faute de la République. La loi mémorielle suffit. »

Le garde des sceaux est allé dans le sens du rapporteur : la « mise en pratique » de cette mesure d’indemnisation « apparaît extrêmement complexe » en raison de la difficulté d’apporter la preuve d’une condamnation ancienne et de la mise à exécution de la peine, a-t-il détaillé.

« Reconnaître sans réparer, ce n’est pas satisfaisant, c’est incohérent », a regretté Hussein Bourgi. « La majorité sénatoriale n’a franchi que la moitié du chemin », a-t-il ajouté, affirmant qu’une réparation n’aurait pas pesé lourd dans les finances de l’Etat, la plupart des personnes concernées étant décédées.

Des dispositifs similaires en Europe

Même s’il est difficile de dénombrer les victimes de ces anciennes lois, le ministre de la justice a estimé, sur la base de travaux de recherche, que « plus de 10 000 personnes » avaient été concernées entre 1945 et 1982, avec une peine de prison ferme pour 90 % d’entre eux.

Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences
Découvrir

D’autres pays européens se sont déjà penchés sur le sujet. L’Allemagne a décidé en 2017 de réhabiliter et d’indemniser quelque 50 000 hommes condamnés pour homosexualité sur la base d’un texte nazi resté en vigueur longtemps après la seconde guerre mondiale. L’Autriche est en train de mettre en place un dispositif similaire, qui devrait entrer en vigueur en février 2024.

Ce texte, étudié lors d’une « niche » parlementaire réservée au groupe socialiste, devra être inscrit à l’ordre du jour par l’Assemblée nationale pour être adopté définitivement. Le groupe socialiste a exhorté le gouvernement à s’en saisir lui-même.

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.