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Soudan : l’ONU alerte sur les risques d’une « guerre civile totale »

Des dizaines de civils ont été tués, samedi à Khartoum, dans un raid attribué à l’armée de l’air. Le pays est déchiré depuis près de trois mois par le conflit entre les troupes du général Abdel Fattah Al-Bourhane et celles du général Mohammed Hamdan Daglo.

Le Monde avec AFP

Publié le 10 juillet 2023 à 02h12, modifié le 10 juillet 2023 à 07h28

Temps de Lecture 3 min.

A Khartoum, le 8 juin 2023.

Sur une vidéo postée en ligne par le ministère de la santé de l’Etat de Khartoum, des corps gisent au sol, certains ont des membres déchiquetés qui dépassent de draps jetés à la va-vite pour les couvrir. Plusieurs sont des femmes. Ces images témoignent de la cruauté du raid de l’armée de l’air survenu samedi 8 juillet sur le quartier de Dar Al-Salam à Omdourman, la banlieue nord-ouest de la capitale soudanaise.

Le bombardement a fait, selon le ministère, « vingt-deux morts et un grand nombre de blessés parmi les civils ». De leur côté, les Forces de soutien rapide (FSR), paramilitaires en guerre contre l’armée depuis le 15 avril, ont dénoncé « la perte tragique de plus de 31 vies et de nombreux blessés ».

Toutes ces sources, comme plusieurs habitants contactés par l’Agence France-Presse, affirment que le bombardement est venu des airs. Mais l’armée a assuré dans un communiqué dimanche que ses « forces aériennes n’avaient visé aucun objectif samedi à Omdourman ».

Selon des habitants, l’armée de l’air a pourtant de nouveau frappé, dimanche, le centre de Khartoum aux abords du palais présidentiel. Des combats à l’arme lourde opposaient aussi les deux camps dans plusieurs quartiers du sud de la capitale, selon des témoins sur place, et des frappes aériennes ont été signalées à Oumdourman. Pendant ce temps, des civils ont commencé dimanche à creuser des tombes pour les victimes du raid aérien de la veille, selon d’autres témoins.

« Absence totale de respect des droits humains »

En près de trois mois de guerre entre les FSR du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », et les troupes du général Abdel Fattah Al-Bourhane, près de 3 000 morts ont été recensés, un bilan très sous-estimé, des corps jonchant encore des rues inaccessibles.

Selon les Nations unies (ONU), le Soudan est « au bord d’une guerre civile totale potentiellement déstabilisatrice pour toute la région », aux confins du Sahel, de la Corne de l’Afrique et du Moyen-Orient, des zones déjà en proie aux violences avant la guerre. Partis du cœur de la capitale, les combats, les raids aériens et les pillages qui s’ensuivent ont gagné le Darfour et le Kordofan, au sud de Khartoum, et le Nil Bleu, frontalier de l’Ethiopie, au sud.

Près de trois millions de Soudanais ont été forcés de quitter leur maison, dont plus de 600 000 pour l’étranger, principalement l’Egypte, au nord, et le Tchad, à l’ouest, tant les exactions venues des deux camps se multiplient.

Farhan Haq, un porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé « une absence totale de respect du droit humanitaire et des droits humains », notamment au Darfour, région martyre dans les années 2000 de nouveau au cœur de combats. Dans cette vaste région de l’ouest du Soudan, où des combattants tribaux et des civils armés ont rejoint les deux camps en guerre, les combats ont pris une « dimension ethnique », affirme l’ONU, alors que des habitants rapportent des « exécutions » sur la base de l’origine ethnique.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Soudan, la guerre relance l’engrenage des tensions ethniques

Réunion en Ethiopie

Pour tenter une sortie de crise, l’ONU plaide pour les propositions de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Ce bloc de l’Afrique de l’Est réunira, lundi, à Addis-Abeba des dirigeants des quatre pays à la manœuvre dans le dossier soudanais : l’Ethiopie, le Kenya, la Somalie et le Soudan du Sud. Un responsable de l’IGAD a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que les deux généraux en guerre avaient été invités, affirmant toutefois qu’ils pourraient envoyer des lieutenants à Addis-Abeba.

Depuis le 15 avril, le général Al-Bourhane n’a été filmé que deux fois avec ses hommes et le général Daglo n’est apparu que quelques secondes dans une vidéo tournée par ses troupes. Les deux hommes n’interviennent plus que par messages sonores ou médias interposés.

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Khalid Omer Yousif, l’un des responsables civils limogés du gouvernement en 2021 par le coup d’Etat des deux généraux aujourd’hui en guerre, a annoncé que plusieurs personnalités étaient à Addis-Abeba pour « discuter avec des acteurs soudanais et internationaux afin d’accélérer les efforts de paix ». Des négociations menées par les Américains et les Saoudiens n’ont jusqu’ici apporté que de trêves temporaires, quasiment jamais respectées.

De son côté, l’Egypte a annoncé dimanche qu’elle accueillerait un sommet des voisins du Soudan jeudi 13 juillet, pour examiner « les moyens de mettre fin au conflit » et à ses « répercussions » sur les pays voisins, selon un communiqué de la présidence.

Le Monde avec AFP

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