INTERNATIONAL - Des chars Leclerc vont-ils bientôt être envoyés en Ukraine pour l’aider dans sa guerre contre la Russie ? « Rien n’est exclu », déclarait Emmanuel Macron, ce dimanche 22 janvier.
Le président de la République se tenait au côté du chancelier Olaf Scholz, alors que Kiev réclame des chars, notamment à l’Allemagne qui détient la clé de la livraison de chars Leopard 2 par plusieurs pays européens.
Pourquoi les chars Leclerc ?
Les chars Leclerc sont des chars à chenille dits « lourds » et destinés aux combats de haute intensité. Ils pèsent 56 tonnes, sont dotés d’un canon d’une portée de 4 kilomètres et peuvent tirer jusqu’à six obus par minute tout en roulant. Ce char « constitue l’outil de coercition et de décision majeure de l’armée de Terre », peut-on lire sur le site du ministère des Armées. Son équivalent allemand est le fameux Leopard 2, que l’Ukraine réclame également depuis des mois.
Pourtant, le char Leclerc est loin d’être une solution parfaite. « Il n’a pas été pensé pour être un char exportable. Il a été pensé pour être à l’époque ’le meilleur char du monde’. Donc vous avez un char très performant mais extrêmement cher à produire et à entretenir. Alors que le Leopard 2 a d’emblée été pensé comme un char de bataille moyen, c’est-à-dire qu’il n’est exceptionnel en rien mais bon en à peu près tout. Et il est suffisamment peu cher pour être acquis en quantité raisonnable », explique au HuffPost Léo Péria-Peigné, expert en armement à l’Institut français des relations internationales (Ifri). En 2008, le constructeur du char français Nexter en a d’ailleurs arrêté la production car il était trop cher.
Pourquoi la France et l’Allemagne sont-elles réticentes ?
Cette quantité limitée des chars Leclerc est justement l’une des raisons pour lesquelles la France n’a jusqu’à maintenant pas donné suite aux requêtes de l’Ukraine. En Europe, la France est le seul pays à posséder des chars Leclerc, elle est donc le seul pays à pouvoir en livrer.
D’autant plus qu’un char est en général un véhicule extrêmement complexe et très lourd à entretenir. « Pour un qui fonctionne correctement, vous allez en avoir un en maintenance et en attente de pièce, et un qui est immobilisé et qui va servir pour pièce. Donc si on veut envoyer des chars, en envoyer 14 comme l’a fait le Royaume-Uni ne sert à rien, il faudrait en envoyer une centaine pour avoir un effet sur le terrain. », détaille Léo Péria-Peigné.
Le problème est que la France ne dispose que de 220 chars Leclerc dont 50 sont en cours de rénovation. En livrer 100 reviendrait à se séparer de la moitié d’entre eux. « Ce serait la fin de l’arme cavalerie en France, réduite à un échantillon, puisque le remplaçant du Leclerc n’arriverait pas avant 2040 dans le meilleur des cas ». Emmanuel Macron l’a d’ailleurs rappelé dimanche lors de sa conférence de presse avec Olaf Scholz : il s’agit « de ne pas affaiblir les capacités propres de défense ».
Mais surtout les Européens craignent qu’en livrant ce type de chars, le conflit n’escalade. « Les Occidentaux sont très prudents parce qu’on peut considérer qu’on franchit un cran en termes de capacité d’armement à l’Ukraine. », précise Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint à l’Institut des Relations Internationales et Stratégique (Iris). Cependant, il ajoute : « On reste sur du combat terrestre. On n’est pas sur du combat aérien ou en profondeur. Donc certes, on va franchir un cran mais le cran n’est pas si énorme que ça malgré tout. Et naturellement, ça doit être bien analysé vis-à-vis de ce que pourrait être la réponse russe. »
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