«Ce qui est inédit, c’est qu’on n’a jamais eu autant de demandeurs de logement social en France, et qu’on n’a jamais aussi peu produit de logements sociaux», assène ce mardi Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH) au micro de France Info, dénonçant un «secteur grippé». À la fin de l’année 2022, 2,42 millions de ménages étaient en attente d’un logement social, un chiffre en hausse de 7% sur un an, dont 1,63 million pour une première attribution. La demande présente dans tous les territoires est particulièrement marquée en Île-de-France, sur le littoral atlantique, la côte méditerranéenne, le Genevois français et la métropole lilloise, détaille l’USH.

Alors que le ministre du Logement, Patrice Vergriete, a annoncé lundi la construction de 85.000 nouveaux logements sociaux en 2023, Emmanuelle Cosse assure «qu’il faudrait produire chaque année environ 198.000 logements, soit du logement neuf, soit du logement que l’on fait dans des bâtiments existants [...] Il faudrait au moins sortir 120.000 logements par an pour retrouver un peu d’air».

8 ans pour obtenir un logement social

En 2020, la construction de HLM est passée sous la barre de 100.000 logements par an, 95.000 exactement contre 105.000 en 2021. «Ce qui montre à quel point la production de logements sociaux est rattrapée par la crise», souligne le ministre du Logement lors d’un point presse ce lundi. Et la construction annuelle de logements sociaux risque de chuter encore selon une étude prospective de la Banque des territoires publiée jeudi 21 septembre. La construction annuelle de logements sociaux pourrait s’établir autour de 66.000 à partir de 2030.

«L’année dernière, il y avait une chance sur six d’avoir une demande pourvue dans l’année. Il y a des régions où en moins d’un an vous avez un logement social et d’autres où il faut deux, trois, voire huit ans pour obtenir un logement social», poursuit Emmanuelle Cosse qui déplore le manque d’aide de l’État: «Depuis 2018, l’État prend 1,3 milliard des recettes de loyers des bailleurs sociaux pour les réinjecter dans le budget national de l’État. C’est un scandale fou».