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L’été 2023 a été le plus chaud jamais mesuré dans le monde, selon l’observatoire européen Copernicus

« L’effondrement climatique a commencé », a réagi mercredi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans un communiqué.

Le Monde avec AFP

Publié le 06 septembre 2023 à 10h12, modifié le 06 septembre 2023 à 13h37

Temps de Lecture 6 min.

Un champ de tournesol le 22 août 2023 à Puy-Saint-Martin en France.

Les températures moyennes mondiales pendant les trois mois de l’été (juin, juillet, août) ont été les plus élevées jamais mesurées, a annoncé mercredi 6 septembre l’observatoire européen Copernicus, avec « une température moyenne mondiale de 16,77 °C », et pour qui 2023 sera probablement l’année la plus chaude de l’histoire.

« L’effondrement climatique a commencé », a réagi mercredi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans un communiqué, après l’annonce du record mondial de températures estivales de l’hémisphère Nord.

« Les scientifiques ont depuis longtemps mis en garde contre les conséquences de notre dépendance aux combustibles fossiles », a-t-il ajouté. « Notre climat implose plus vite que nous ne pouvons y faire face, avec des phénomènes météorologiques extrêmes qui frappent tous les coins de la planète. »

La base de données de Copernicus remonte jusqu’en 1940, mais peut être comparée aux climats des millénaires passés, établis grâce aux cernes des arbres ou aux carottes de glaces et synthétisés dans le dernier rapport du groupe d’experts climat de l’ONU (GIEC). Sur cette base, « les trois mois que nous venons de vivre sont les plus chauds depuis environ 120 000 ans, c’est-à-dire depuis le début de l’histoire de l’humanité », affirme Mme Burgess.

Depuis trente ans, des températures qui ne cessent de croître

La température relevée pendant l’été dans l’hémisphère Nord – juin, juillet et août –, où vit la grande majorité de la population mondiale, est 0,66 °C au-dessus des moyennes de la période 1991-2020, déjà marquée par l’élévation des températures moyennes du globe en raison du réchauffement climatique causé par l’activité humaine. Et largement au-dessus – 2 dixièmes environ – du précédent record de 2019. Pour rappel, juillet 2023 avait été le mois le plus chaud jamais mesuré, août 2023 est désormais le 2e, précise Copernicus.

Et sur les huit premiers mois de l’année, la température moyenne du globe est « seulement 0,01 °C derrière 2016, l’année la plus chaude jamais mesurée », a déclaré à l’Agence France-Presse Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus.

Une surchauffe des mers

Mais ce record ne tient plus qu’à un fil, au vu des prévisions saisonnières et du retour en puissance dans le Pacifique du phénomène climatique El Niño, synonyme de réchauffement supplémentaire. Malgré trois années successives de La Niña, phénomène inverse d’El Niño, qui a en partie masqué le réchauffement, les années 2015-2022 ont déjà été les plus chaudes jamais mesurées. La surchauffe des mers, qui continuent d’absorber 90 % de la chaleur en excès provoquée par l’activité humaine depuis l’ère industrielle, joue un rôle majeur dans le phénomène.

Depuis avril, leur température moyenne de surface évolue à des niveaux de chaleur inédits. « Du 31 juillet au 31 août », elle a même « dépassé chaque jour le précédent record de mars 2016 », note Copernicus, atteignant 21 °C, très nettement au-dessus de toutes les archives.

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« Le réchauffement des océans entraîne celui de l’atmosphère et une augmentation de l’humidité, ce qui provoque des précipitations plus intenses et une augmentation de l’énergie disponible pour les cyclones tropicaux », souligne Samantha Burgess.

La surchauffe affecte aussi la biodiversité : « Il y a moins de nutriments dans l’océan (…) et moins d’oxygène », ce qui menace la survie de la faune et la flore, ajoute la scientifique, qui cite aussi le blanchiment des coraux, la prolifération d’algues nuisibles ou « l’effondrement potentiel des cycles de reproduction ». « Les températures continueront d’augmenter tant que nous n’aurons pas fermé le robinet des émissions », essentiellement issues de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz, rappelle Mme Burgess à trois mois de la COP28 de Dubaï.

Cette Conférence des Nations unies sur le climat, où s’annonce une vive bataille sur la fin des énergies fossiles, est censée remettre l’activité humaine sur la trajectoire de l’accord de Paris : limiter le réchauffement bien au-dessous de 2 °C, et si possible à 1,5 °C, par rapport à l’ère préindustrielle.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés El Niño et La Niña, les « enfants terribles » du climat

Des incendies dans l’hémisphère Nord, un hiver doux au Sud

En France, l’été 2023 a été marqué par une canicule à la fin d’août. La température moyenne de ce mois est seulement battue par celle de l’été record de 2003 et les deux étés très récents de 2022 et 2018, a annoncé lundi 4 septembre Météo-France. Le début du mois de septembre est d’ailleurs marqué par « un épisode de fortes chaleurs tardif et durable » sur une grande partie du pays, avec souvent plus de 30 °C, voire 35 °C.

Mais des canicules, des sécheresses, des inondations ou des incendies ont également frappé d’autres pays européens, l’Asie et l’Amérique du Nord, souvent inédits et causant des morts ainsi que des dégâts pour l’environnement et des coûts pour les économies.

En Grèce, un feu près de la frontière turque a détruit plus de 80 000 hectares. D’autres feux marquants ont frappé les îles de Corfou et de Rhodes au cours de l’été. Depuis le début de l’année, 535 000 hectares sont partis en fumée en Europe, selon les données de Copernicus arrêtées au 2 septembre. Si c’est au-dessus de la moyenne 447 000 ha, cela reste très inférieur au 1,21 million atteint sur la même période en 2017.

La canicule a également frappé le reste du pourtour méditerranéen et l’Amérique du Nord, avec des températures dépassant régulièrement 40 °C. L’archipel américain d’Hawaï a été endeuillé en août par les incendies les plus meurtriers depuis un siècle aux Etats-Unis, qui ont tué au moins 115 personnes sur l’île de Maui et fait des centaines de disparus.

Au Canada, les incendies n’ont pas fait de victime, mais ont été exceptionnellement dévastateurs. En 2023, presque 16,5 millions d’hectares ont brûlé, selon le Centre interservices des feux de forêt du Canada, soit la superficie de la Tunisie. Le précédent record était de 7,11 millions d’hectares en 1995.

L’Inde a connu le mois d’août le plus chaud et sec depuis le début des relevés il y a plus d’un siècle. Le Japon a également enregistré entre juin et août les températures moyennes les plus chaudes jamais recensées dans l’archipel.

Aussi, l’hiver australien a été le plus chaud jamais enregistré, avec une température moyenne de 16,75 °C de juin à août. L’Amérique latine a également connu des vagues de chaleur hivernales. Le thermomètre a dépassé 30 °C à Sao Paulo (Brésil) et a tutoyé 25 °C à Santiago du Chili, des températures très inhabituelles pour la saison. En Argentine, les habitants de Buenos Aires ont connu le 1er août le plus chaud depuis le début des recensements avec 30 °C.

En Asie, la saison des moussons a tué au moins 175 personnes au Pakistan, au moins 155 en Inde et au moins 41 en Corée du Sud, tandis que dans le nord de la Chine au moins 62 personnes ont péri dans des pluies torrentielles. Mais, malgré le bilan humain, les précipitations n’ont pas été exceptionnelles en Inde, puisqu’elles ont été en août à leur plus bas niveau jamais enregistré, contribuant d’ailleurs au record de températures dans le pays.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La mousson, un phénomène climatique en plein dérèglement

La pollution de l’air, un enjeu climatique

« Les vagues de chaleur détériorent la qualité de l’air, avec des répercussions sur la santé humaine, les écosystèmes, l’agriculture et même notre vie quotidienne », a rappelé Petteri Taalas, le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, à l’occasion de la publication du Bulletin sur la qualité de l’air et du climat, mercredi.

A la fin d’août, une étude de l’Institut de politique énergétique de l’université de Chicago (EPIC) avait établi que la pollution aux particules fines − émises par les véhicules motorisés, l’industrie et les incendies − représente « la plus grande menace externe pour la santé publique » mondiale.

Le changement climatique et la qualité de l’air « vont de pair et doivent être combattus ensemble pour briser ce cercle vicieux », a insisté M. Taalas, prévenant que si le bulletin porte sur les données de 2022, « ce que nous voyons en 2023 est encore plus extrême ».

« Les vagues de chaleur et les incendies de forêt sont étroitement liés. La fumée des incendies de forêt contient une potion diabolique d’éléments chimiques qui affecte non seulement la qualité de l’air et la santé, mais endommage également les plantes, les écosystèmes et les cultures, et entraîne davantage d’émissions de carbone et donc plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », a déclaré Lorenzo Labrador, responsable du réseau de veille de l’atmosphère et auteur du Bulletin sur la qualité de l’air et du climat.

Toutefois, il a souligné qu’il était « trop tôt » pour déterminer si 2023 serait pire en matière de pollution atmosphérique que l’année dernière « malgré une saison des feux de forêt qui a battu des records en Europe et dans l’Ouest canadien (…) Il faut prendre en compte le fait que les relations, les interactions et les processus chimiques qui lient le changement climatique à la pollution atmosphérique ne sont pas linéaires ».

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Un décès sur cinq dans le monde serait lié à la pollution de l’air

Le Monde avec AFP

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