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Guerre en Ukraine : Moscou annonce un cessez-le-feu à Marioupol pour évacuer des civils

- Mis à jour le
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  • France Bleu

Au 35e jour de l'invasion russe en Ukraine, la Russie a annoncé mercredi soir un cessez-le feu à Marioupol pour évacuer des civils dans la journée de jeudi. La barre des 4 millions de réfugiés a été franchie selon le Haut commissariat aux réfugiés.

Vue satellite de Tcherniguiv dans le nord de l'Ukraine, prise le 21 mars dernier Vue satellite de Tcherniguiv dans le nord de l'Ukraine, prise le 21 mars dernier
Vue satellite de Tcherniguiv dans le nord de l'Ukraine, prise le 21 mars dernier © AFP - Satellite image ©2022 Maxar Technologies

Au lendemain des pourparlers de paix qui se sont tenus mardi à Istanbul en Turquie, l'Ukraine et ses alliés occidentaux sont sceptiques sur les annonces russes. Les forces armées de Vladimir Poutine ont déclaré leur intention de "réduire" leur activité militaire en direction de Kiev et du nord du pays. La Russie a annoncé un cessez-le-feu jeudi pour évacuer des civils. Ce qu'il faut retenir ce mercredi, au 35e jour de guerre.

L'essentiel

  • Moscou annonce un "régime de silence" soit un cessez-le-feu local à partir de jeudi 10 heures pour évacuer des civils.
  • Au moins 200 morts à Irpin, la ville de Tcherniguiv (nord) bombardée
  • La barre des 4 millions de réfugiés ukrainiens a été franchie
  • Scepticisme de Paris et autres alliés occidentaux après les annonces russes de réduire leur activité militaire en Ukraine
  • À écouter : le podcast quotidien de Radio France sur la situation en Ukraine

La situation sur le front militaire

Cessez-le feu à Marioupol 

Tard dans la soirée mercredi, le ministère russe de la Défense a annoncé l'instauration d'un "régime de silence", soit un cessez-le-feu local, à partir de 10 heures jeudi (7 heures GMT) à Marioupol afin d'évacuer des civils. Cette mesure doit permettre d'ouvrir un couloir humanitaire vers la ville ukrainienne de Zaporojie, selon le ministère. "Pour que cette opération humanitaire réussisse, nous proposons de la mener avec la participation directe de représentants du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés et du Comité international de la Croix-Rouge", a ajouté le ministère dans un communiqué.

A Marioupol, port stratégique assiégé par les forces russes, un bâtiment du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été la cible de bombardements russes selon une responsable ukrainienne ce mercredi. Le bilan des éventuelles victimes n'est pour l'heure pas connu. "Les occupants ont bombardé délibérément un bâtiment du CICR à Marioupol", a écrit sur Telegram Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien. 

La ville est la cible de "beaucoup de combats intenses" selon un responsable américain, mais avec des missiles à longue portée car l'armée russe "n'a pas été en mesure de prendre Marioupol". "Nous sommes dans des attaques intentionnelles d'infrastructures civiles, d'habitations", des bombardements d'écoles, a déclaré mardi la secrétaire générale de l'ONG Agnès Callamard, accusant la Russie de permettre des couloirs humanitaires pour les transformer en un "piège mortel". 

Au moins 200 morts à Irpin, "la moitié de la ville détruite"

Le maire de la ville d'Irpin, située en banlieue nord-ouest de la capitale Kiev, estime ce mercredi qu'au moins 200 habitants sont morts depuis le début de l'invasion russe. Mais le bilan pourrait encore s'alourdir selon Oleksandre Markouchine qui indique que "de nombreuses personnes se trouvent encore sous les décombres, c'est sûr. (...) Nous cherchons encore dans les sous-sols". Selon lui, "la moitié de la ville est détruite". Lundi, les Ukrainiens ont annoncé avoir repris le contrôle d'Irpin qui était aux mains des Russes depuis fin février. 

Des civils partent d'Irpin, le 10 mars 2022.
Des civils partent d'Irpin, le 10 mars 2022. © AFP - Aris Messinis

Tcherniguiv "bombardée toute la nuit"

Le gouverneur de la région de Tcherniguiv (nord de l'Ukraine) a indiqué que la ville a été "bombardée toute la nuit" de mardi à mercredi, malgré les promesses russes de réduire "radicalement" l'activité militaire dans cette zone. Le gouverneur a précisé que des infrastructures civiles avaient été détruites et que la ville se trouvait toujours sans eau ni électricité. 

Cette ville, qui comptait 280.000 habitants avant la guerre, est "sans communications et on ne peut plus les réparer", a-t-il ajouté à la télévision, évoquant également des frappes sur Nijyne, dans la même région. "La situation ne change pas, Tcherniguiv fait l'objet de bombardements d'artillerie et aériens", a indiqué le gouverneur. Après Marioupol dans le sud, Tcherniguiv est la ville la plus durement frappée par les bombardements depuis le début de la guerre lancée par Moscou le 24 février. Le maire de la ville, Vladyslav Atrochenko, a indiqué mardi que 350 personnes avaient été tuées à Tcherniguiv depuis plus d'un mois et plus de 400 autres blessées, la plupart d'entre eux étant des civils. 

A Kiev, la capitale, plusieurs missiles ont été abattus dans la nuit de mardi à mercredi par la défense anti-aérienne, selon Vadym Denysenko, conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur. "Certaines unités et équipements (russes) sortent en direction du territoire bélarusse. Cela ressemble à des rotations (...), plus qu'à une véritable pause dans les hostilités", a estimé le responsable.

Ukraine : l'avancée des troupes russes (point de situation mardi 29 mars à 19h30)
Ukraine : l'avancée des troupes russes (point de situation mardi 29 mars à 19h30) © Visactu

La situation diplomatique et les réactions internationales

Rien de "prometteur" ni de "percée" dans les pourparlers, selon Moscou

Le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a douché les espoirs de progrès décisifs dans les négociations en déclarant que les pourparlers avec l'Ukraine n'avaient donné lieu à rien de "très prometteur" ni à aucune "percée". "Il y beaucoup de travail à accomplir", a-t-il ajouté.

Des "signaux positifs" pour Zelensky à l'issue des pourparlers de paix

Après les pourparlers de paix entre ukrainiens et russes qui se sont tenus mardi à Istanbul en Turquie, le président Volodymyr Zelensky a déclaré avoir vu des "signaux positifs", même s'ils "ne font pas oublier les explosions ou les obus russes". La prudence et la vigilance restent de mise au sein de l'état-major ukrainien après environ cinq semaines de guerre, des milliers de victimes et des millions de réfugiés. Alors que la Russie a déclaré "réduire" son activité militaire en Ukraine, notamment en direction de Kiev et dans le nord du pays, le scepticisme domine. 

"Le soi-disant retrait des troupes est probablement une rotation d'unités individuelles, qui vise à tromper le commandement militaire des forces armées ukrainiennes", a souligné le président Zelensky. Les sirènes d'alerte ont été entendues à plusieurs reprises dans la nuit de mardi à mercredi à Kiev mais aussi autour de la ville, signe de l'inquiétude qui règne toujours dans la capitale ukrainienne après les annonces des forces russes.

Scepticisme de Washington et des alliés occidentaux

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a eu un discours plutôt pessimiste concernant les négociations sur France 24. "La guerre continue. Pour l'instant il n'y a à ma connaissance ni percée ni nouveauté", a souligné Jean-Yves Le Drian sur la chaîne d'information en continu France 24.

Même son de cloche du côté des Etats-Unis. A l'issue des pourparlers, le vice-ministre de la Défense russe Alexandre Fomine a annoncé que Moscou allait "réduire radicalement (son) activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv", dans le nord du pays. Mais pour le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby, il ne s'agit que d'un "repositionnement" et non d'un "vrai retrait". 

"Il est très probable que la Russie cherche à transférer sa puissance de frappe depuis le nord vers les régions (séparatistes) du Donetsk et de Lougansk à l'est", a jugé de son côté le ministère britannique de la Défense sur son compte Twitter. Ce qu'a confirmé le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou. La Russie a atteint son "objectif" : "le potentiel militaire des forces armées ukrainiennes a été réduit de manière significative, ce qui permet de concentrer l'attention et les efforts sur le but principal, la libération du Donbass".

"On va juger les actes, pas les annonces", a réagi Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. "Il faut être très prudent sur l'évaluation que nous faisons des avancées de la négociation (…) On a vu par le passé plusieurs rounds qui n'ont donné aucun résultat", a-t-elle souligné.

Un territoire du Caucase veut rejoindre la Russie

Le chef de l'Ossétie du Sud, un territoire pro-russe du Caucase ayant fait sécession de la Géorgie, a affirmé ce mercredi envisager d'organiser une consultation populaire pour être rattaché à la Russie.  "Il faut, bien sûr, que nous demandions son avis au peuple et faire en sorte que le peuple s'exprime sur la possibilité de rejoindre la Fédération de Russie", a déclaré Anatoli Bibilov, en direct sur une chaîne de télévision russe. Il assure que rejoindre la Russie est un "rêve séculaire" du peuple ossète.

La situation humanitaire et la solidarité avec les Ukrainiens

La barre des 4 millions de réfugiés franchie

Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), la barre des 4 millions de personnes ayant fui l'Ukraine a été franchie. Au total, 4.019.287 ukrainiens -essentiellement des femmes et des enfants- ont quitté le pays pour fuir la guerre déclenchée par la Russie, selon le chiffre actualisé du site dédié du HCR. La Pologne accueille à elle seule plus de 2,3 millions de ces personnes. "Le nombre de réfugiés d'Ukraine a maintenant atteint 4 millions, 5 semaines après le début de l'attaque russe", a tweeté Filippo Grandi, le patron du HCR.

Reprise des évacuations par les couloirs humanitaires

La vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a annoncé une reprise des évacuations des civils via trois couloirs humanitaires, notamment depuis la ville assiégée de Marioupol. Lundi, les évacuations avaient été suspendues par crainte de "provocations" russes. 

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