Nouveau-nés : les services de soins intensifs dans un état "très préoccupant", selon un audit

Publié le 9 octobre 2023 à 19h09

Source : JT 20h Semaine

Un audit réalisé par la Société française de néonatologie alerte sur la situation critique des services de soins critiques pour nouveau-nés.
Nombre de lits insuffisant, taux d'occupation au plus haut… plusieurs facteurs sont pointés du doigt.
Dans ce contexte, la mortalité chez les enfants de moins de un an est en hausse en France, contrairement à de nombreux autres pays occidentaux.

La Société française de néonatologie lance un cri d'alarme. Les services de soins intensifs pour nouveau-nés se trouvent dans un état "très préoccupant" en France, conclut un audit qui doit être rendu public ces jours-ci, dont Le Monde a pu prendre connaissance. 

Ce dernier s'appuie sur deux enquêtes menées en février et juin dans plus des quatre cinquièmes des quelque soixante-dix services concernés, dits de type 3, qui prennent en charge des nouveau-nés en danger vital à leur naissance ou nécessitant une surveillance continue dans des cas de prématurité, de malformations congénitales ou encore de pathologies liées à un accouchement difficile.

Plusieurs facteurs pointés du doigt

Derrière cette situation critique, plusieurs facteurs sont pointés du doigt, à commencer par un nombre de lits insuffisant, des taux d’occupation extrêmement élevés ou encore des services en sous-effectif. Ainsi, près d’un quart d'entre eux déclarent "refuser régulièrement des entrées faute de place", souligne l'audit relayé dans Le Monde qui fait état de taux d’occupation supérieurs à 95 %.

Toujours selon la Société française de néonatologie, 72 % des services rencontrent des difficultés pour assurer la permanence des soins, avec au moins un poste de pédiatre néonatologiste vacant. Mais ces derniers patissent avant tout du manque d'infirmiers.  Si deux ans d’expérience sont normalement requis pour atteindre un niveau de compétence suffisant, l'audit souligne que dans 80 % des services interrogés, au moins un tiers des infirmiers en poste ne l'ont pas.

Mortalité infantile en hausse

Dans ce contexte, la mortalité infantile est en hausse. "A l’opposé de ce qui est observé dans de nombreux pays occidentaux, où elle continue de baisser, la mortalité infantile augmente en France depuis 2012. Le pays a reculé de la 3e à la 20e position en Europe", s'alarme la Société française de néonatologie, qui attribue cet  "excès" de mortalité chez les enfants de moins d'un an à un "excès" de mortalité néonatale. "Le premier mois de vie concentre 74 % des décès", rappelle-t-elle dans sa note.

A titre de repère, chaque année, environ 60.000 bébés naissent en France prématurément, c'est-à-dire avant 37 semaines d'aménorrhée (sept mois et demi de grossesse), soit un toutes les huit minutes. Parmi ces bébés nés avant terme, 85% sont des prématurés moyens, 10% des grands prématurés (6 à 7 mois de grossesse) et 5% des très grands prématurés (en-deçà de 6 mois de grossesse). Or, selon les résultats de la dernière enquête nationale périnatale, le taux de naissances prématurées  augmente depuis plusieurs années :  de 4,5% en 1995, il est passé à 6% en 2016 pour atteindre aujourd'hui près de 8% selon l'association SOS préma, en pointe sur le sujet.


Audrey LE GUELLEC

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