La jeune Sihem retrouvée morte dans une forêt du Gard

INFO LE PARISIEN. La lycéenne du Gard n’avait plus donné signe de vie depuis mercredi dernier. Le principal suspect est passé aux aveux dans la nuit de mercredi à ce jeudi, évoquant une dispute qui aurait mal tourné. Il a été déféré et écroué.

    Elle n’avait plus donné signe de vie depuis une semaine. Le corps sans vie de la jeune Sihem, 18 ans, a été retrouvé dans une forêt dans le Gard, près de la commune des Salles-du-Gardon, dans la nuit de mercredi à jeudi, selon nos informations. C’est le principal suspect qui est passé aux aveux entre 2 heures et 3 heures du matin lors d’une nouvelle audition face aux gendarmes de la section de recherches de Nîmes. Il a été déféré et écroué dans la nuit.

    Face aux enquêteurs, Mahfoud H. a livré des explications très succinctes. Il a pointé du doigt sur une carte le lieu où il a laissé le corps. De façon suffisamment précise pour que la juge et le gendarme se rendent sur place sans lui. Selon sa version, qui devra être confirmée par les investigations, l’homme de 39 ans explique qu’une dispute aurait éclaté mercredi 25 janvier au soir.

    Le suspect affirme que la victime était amoureuse de lui mais que lui refusait cette relation car Sihem était la cousine de son ex-compagne. Toujours selon ses déclarations, Mahfoud H. aurait tenté de faire taire la jeune fille en lui mettant la main sur la bouche. Sihem serait morte étouffée. Des déclarations qui devront être corroborées notamment par l’autopsie.

    « J’ai assisté un homme qui a décidé d’affronter sa lourde responsabilité dans la disparition de Sihem et faire cesser un suspense insoutenable pour ses proches en guidant les enquêteurs. Il sait que sa faute n’est pas pardonnable mais son silence n’aurait fait que l’aggraver », a réagi auprès du Parisien Me Jean-Marc Darrigade, avocat de Mahfoud H.



    La lycéenne, adolescente sans histoire, avait quitté vers 23h10, mercredi 25 janvier, le logement social en rez-de-chaussée occupé par sa grand-mère Fatima, 95 ans. Depuis ce soir, le smartphone de Sihem n’a jamais répondu aux multiples appels de ses proches et de sa famille. C’est le père qui est allé déclarer la disparition de sa seule fille, née dans une fratrie de quatre enfants, le jeudi 26 janvier, au commissariat de police d’Alès. Le dossier a ensuite été transmis au groupement de gendarmerie du Gard, qui a entamé les investigations pour « disparition inquiétante ».

    La piste d’un faux enlèvement écartée

    Le procureur de la république d’Alès, François Schneider, avait finalement ouvert une procédure pour enlèvement et séquestration ce qui a permis de déployer des moyens supplémentaires d’investigations. « Visiblement, les enquêteurs ont des éléments suffisants pour penser que Sihem n’a pas disparu de son plein gré », avait indiqué Me Sara Benlefki, avocate de la famille aux côtés de Me Mourad Battikh.

    À l’appui des éléments des gendarmes, des témoignages d’amis de Sihem disant qu’elle était partie rejoindre une connaissance, suspectée d’être Mahfoud H., très défavorablement connu des services de police puisqu’il a déjà été condamné à au moins 13 reprises notamment pour des vols aggravés. Ayant déjà fait de longs séjours de prison, il est originaire d’une commune limitrophe à celle de Sihem et jouit d’une réputation de caïd, à rebours de celle de Sihem, décrite comme une fille sans histoires.

    D’ailleurs, dès le jeudi 26 janvier, lendemain de la disparition de Sihem, des jeunes du village s’étaient rendus au domicile de Mahfoud, pour demander des explications. La situation était tellement tendue que des gendarmes avaient dû intervenir pour calmer les esprits. Selon plusieurs témoignages, Mahfoud affichaient les jours suivant une certaine sérénité, disant même « ne vous inquiétez pas on va la retrouver ».



    L’enquête avait progressé rapidement après la disparition de la jeune fille. Mahfoud H., 39 ans avait été placé en garde à vue mardi par les gendarmes de la section de recherches de Nîmes. Plusieurs perquisitions avaient eu lieu à son domicile. L’homme devait comparaître aux assises le lendemain de son interpellation pour une affaire de séquestration à domicile remontant à 2011. L’ex-compagne de Mahfoud avait également été placée en garde à vue afin de déterminer si elle ne détenait pas d’informations susceptibles d’orienter l’enquête.

    Selon nos informations, durant la disparition, les enquêteurs ont longtemps exploré un scénario rocambolesque de faux enlèvement qui serait devenu un vrai. Des témoignages recueillis par les gendarmes laissaient penser que Mahfoud H. aurait convaincu Sihem de se faire passer pour une otage afin d’escroquer des trafiquants de drogue dangereux de la région nîmoise, lesquels se seraient fait voler des produits stupéfiants. Une remise de 50 000€ avait été évoquée. Cette piste s’est finalement révélée fallacieuse et les gendarmes sont désormais convaincus que Mahfoud H. est le seul protagoniste du drame.