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Guerre à Gaza

Attaque du Hamas : l’ONU dit avoir de «bonnes raisons de croire» que des viols ont été commis sur des victimes et des otages

La guerre entre le Hamas et Israëldossier
Critiquées régulièrement par Israël en raison de leur supposé silence sur le sujet, les Nations Unies documentent dans un rapport publié lundi 4 mars des violences sexuelles commises par le mouvement terroriste palestinien.
par LIBERATION et AFP
publié le 5 mars 2024 à 12h06

Depuis près de cinq mois, les Nations Unies (ONU) sont régulièrement critiquées par Israël qui leur reproche d’avoir réagi trop lentement aux violences sexuelles dont l’Etat hébreu accuse le Hamas. Dans un rapport publié lundi 4 mars au soir, l’organisation internationale estime toutefois qu’il existe de «bonnes raisons de croire» que des victimes de l’attaque du mouvement islamiste ont été violées, tout comme certains otages détenus à Gaza.

Cette publication découle d’une visite en Israël et en Cisjordanie de la représentante spéciale de l’ONU sur les violences sexuelles lors des conflits, Pramila Patten, qui s’est rendue sur place début février, pendant deux semaines et demie, accompagnée par des experts. Sur la base d’informations recueillies «auprès de sources multiples et indépendantes», les auteurs notent que des violences sexuelles auraient eu lieu le 7 octobre «à plusieurs endroits à la périphérie de Gaza, y compris des viols et des viols en réunion, dans au moins trois lieux», dont le site du festival Nova.

Dans son rapport, l’ONU ne précise pas, cependant, l’ampleur des faits qu’elle dénonce. Les membres de la mission ont pu s’entretenir avec des survivants et témoins des attaques du 7 octobre et des membres des services de santé, et ont visionné 5 000 photos et 50 heures d’images des attaques. Malgré les appels lancés pour que les victimes de violences sexuelles viennent témoigner, aucune d’entre elles ne s’est présentée.

Les enquêteurs ont en revanche pu parler avec certains des otages libérés, et récolter «des informations claires et convaincantes que certains ont subi diverses formes de violences sexuelles liées aux conflits, y compris viol et torture sexualisée, ainsi que des traitements cruels, inhumains et dégradants sexualisés», a affirmé Pramila Patten lors d’une conférence de presse. «Nous avons de bonnes raisons de croire que de telles violences sont toujours en cours», a-t-elle ajouté.

«Des mois voire des années» pour connaître la véritable ampleur des faits

Juste avant la publication du rapport, le ministre israélien des Affaires étrangères, accusant l’ONU de vouloir «passer sous silence le rapport sérieux», a annoncé lundi le rappel de son ambassadeur à l’ONU pour consultations. Le travail de Pramila Patten «a été fait minutieusement et avec diligence. En aucun cas le secrétaire général n’a fait quoi que ce soit pour garder ce rapport sous silence», a rétorqué Stéphane Dujarric, son porte-parole. Selon lui, la mission de Pramila Patten, vu sa courte durée, n’a pas eu la possibilité d’établir la «prévalence», c’est-à-dire le nombre, des violences sexuelles lors des attaques du 7 octobre.

Dans ce contexte, le rapport appelle les autorités israéliennes à «permettre l’accès» d’une mission du Haut commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme et de la Commission d’enquête indépendante sur les territoires palestiniens, afin de mener «des enquêtes à part entière sur toutes les accusations de violations, et compléter et approfondir» les résultats de cette mission de Pramila Patten.

Parmi les difficultés rencontrées, le rapport évoque notamment le «manque de confiance des survivants des attaques du 7 octobre et des familles des otages envers les institutions nationales et internationales, dont l’ONU», ainsi que «l’absence de preuves médico-légales exhaustives». «La véritable prévalence des violences sexuelles lors des attaques du 7 octobre […] pourrait prendre des mois voire des années à apparaître, et pourrait n’être jamais réellement connue», conclut le rapport.

Environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza durant l’attaque du 7 octobre en Israël, qui a entraîné la mort de 1 160 personnes, en majorité des civils. D’après les autorités israéliennes, 130 otages sont encore à Gaza, dont 31 seraient morts. Une centaine d’autres ont été libérés ainsi que 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël lors d’une trêve en novembre. Plus de 30 000 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne depuis le 7 octobre.

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