En Inde, le rhinocéros à corne unique reprend "du poil de la bête"

Rhinocéros dans le parc national de Kaziranga en Inde. - Parc de Kaziranga
Rhinocéros dans le parc national de Kaziranga en Inde. - Parc de Kaziranga
Rhinocéros dans le parc national de Kaziranga en Inde. - Parc de Kaziranga
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Il est l'animal emblématique du parc de Kaziranga, dans l'État de l'Assam, dans le Nord-Est de l'Inde. Ici, le rhinocéros unicorne se porte plutôt bien alors qu'il est une espèce en voie d'extinction ailleurs dans le monde. Il a fallu organiser sa protection en lien avec les communautés locales.

Des portiques verts au-dessus des routes annoncent la couleur : ici, les animaux sauvages font l'objet de toutes les attentions : tigres du Bengale, éléphants mais surtout le rhinocéros indien à corne unique. Le parc national de Kaziranga est son sanctuaire. Un sanctuaire qu’il a fallu aménager avec notamment l’aide de l’Agence Française de Développement.

Sur la N87, en lisière du parc national de Kaziranga dans l'état de l'ASSAM
Sur la N87, en lisière du parc national de Kaziranga dans l'état de l'ASSAM
© Radio France - Véronique Rebeyrotte

Un "endroit sensible  à cause de la géographie du lieu et des communautés qui vivent en lisière du parc"

Jatindra Sarma dirige le parc de Kaziranga et explique que "C’est un endroit sensible à cause de la géographie du lieu et des communautés qui vivent en lisière du parc. Il a fallu aménager l’endroit pour permettre la cohabitation entre communautés et animaux. En cas de fortes moussons et d’inondations, les rhinocéros et d’autres animaux comme des tigres se rapprochent des habitations, car ils sortent du parc pour se réfugier sur des terrains surélevés en dehors de la réserve. En 1987, 54 rhinocéros sont morts noyés faute d’abri. Nous avons construit des corridors pour qu’ils traversent sans danger la route principale, demander aux conducteurs de réduire leur vitesse. Nous avons aussi installé des camps de surveillance un peu partout dans le parc, formés des gardes et impliqués les communautés dans leur protection. Ce sont les sentinelles de ce parc".

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Aujourd’hui, plus de 2 500 rhinocéros à corne unique vivent dans le parc national de Kaziranga (inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1985) alors que l’espèce était quasiment en voie de disparition il y a 100 ans. On les aperçoit facilement au bord de l’eau en visitant le parc à dos d'éléphants ou en jeep.

En plus de la disparition de son habitat naturel aggravée par le changement climatique, la chasse et le braconnage restent une grande menace pour les rhinocéros indiens malgré l'occupation du terrain par les autorités. Le danger demeure : une corne de rhino se vend 50 000 euros le kilo en Chine pour ses soi-disant vertus curatives et aphrodisiaques.

Des moyens de subsistance alternatifs pour les communautés locales

Braconnage, chasse et vente de bois précieux, il a fallu réduire ces tentations et dépendance en mettant en place des moyens de subsistance alternatifs pour les communautés locales.

Dans le village de Bohikhowa, Janmony Moley, 35 ans, montre près de sa maison sur pilotis son élevage de 17 cochons et ses métiers à tisser. Ses nouvelles sources de revenus depuis six ans. Plus question de prélever quoique ce soit dans le parc.

"Au début, on n’était pas contents et il y a eu des tensions entre les communautés et le département des forêts. Mais au fur et à mesure, on a compris la démarche. On a été sensibilisés à ne plus aller chercher du bois et formés pour apprendre d’autres métiers. Et aujourd’hui cela a du sens avec le développement du tourisme. C’est mieux de ne pas endommager le parc, de ne pas couper les arbres et cela génère des revenus pour tout le monde. Pourquoi détruire ce qui attire les touristes ? Nous sommes contents car ces touristes achètent aujourd’hui notre production locale, les vêtements que nous tissons et vendons sous notre propre marque. J'apprends aussi à coudre et à tisser à d’autres femmes dans le village et mes revenus ont été multipliés par 4."

Janmony Moley , tisseuse , dans le village de BOHIKHOWA dans l'état de l'ASSAM
Janmony Moley , tisseuse , dans le village de BOHIKHOWA dans l'état de l'ASSAM
© Radio France - Véronique Rebeyrotte

Officiellement, un seul rhinocéros à corne unique braconné en 2022 contre une quarantaine en 2014

Les communautés et le département des forêts travaillent aussi en collaboration pour mieux gérer la forêt. Surexploitée par endroit, il faut replanter des centaines d'hectares. Protéger les jeunes pousses de l'appétit des éléphants et des trafiquants.

Numal Bordoloi est président d’un comité de villageois. Il travaille avec le département des forêts de l’Assam à des travaux de reforestation :

"C’est important de replanter pour lutter contre le changement climatique. Les arbres absorbent la pollution. Avant, des intermédiaires nous sollicitaient et nous demandaient de couper des arbres pour eux. Ils les revendaient ensuite à des prix supérieurs. C’était du bois à heure valeur commerciale comme le teck. Il l’utilisait pour faire des meubles."

Des gardes forestiers se relaient pour protéger les arbres et les rhinocéros indiens. Officiellement, un seul rhinocéros à corne unique a été braconné en 2022 dans le parc de Kaziranga contre une quarantaine en 2014.

TRavaux de reforestation dans un des parcs de l'état de l'Assam dans le nord-est de l'INDE
TRavaux de reforestation dans un des parcs de l'état de l'Assam dans le nord-est de l'INDE
© Radio France - Véronique Rebeyrotte
Cultures Monde
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