Cabinets de conseil : le Parquet national financier ouvre une enquête

Une enquête préliminaire a été ouverte le 31 mars dernier pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale » à la suite du rapport du Sénat.

Source AFP

Temps de lecture : 1 min

Au sujet de l'affaire des cabinets de conseil scrutée par le Parquet national financier, ce mercredi, l'instance annonce, dans un communiqué, avoir ouvert une enquête préliminaire pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale », et ce, le 31 mars dernier. Cela fait suite au rapport rendu par le Sénat mi-mars qui avait révélé, dans le cadre d'une commission d'enquête lancée par le petit groupe CRCE à majorité communiste, que les contrats conclus par l'État avec les cabinets de consultants comme McKinsey avaient « plus que doublé » entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus d'un milliard d'euros en 2021.

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Dans ce rapport, la commission d'enquête du Sénat accusait en particulier les entités françaises du cabinet McKinsey d'« optimisation fiscale », de telle sorte qu'elles n'auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. McKinsey avait affirmé respecter les règles fiscales françaises, précisant qu'une de ses filiales avait payé l'impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période au cours de laquelle le Sénat l'accuse d'optimisation fiscale. L'enquête du PNF, ouverte après « des vérifications », a été confiée au service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF), précise Jean-François Bohnert dans ce communiqué qui ne mentionne pas le nom de McKinsey.

Les investigations ont été confiées au Service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF), précise Jean-François Bohnert dans ce communiqué qui ne mentionne pas le nom de McKinsey. Le SEJF est un service de « police fiscale » créé en 2019 et placé sous la tutelle du ministère de l'Action et des Comptes publics.

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« Nous assumons »

En pleine campagne présidentielle, les oppositions politiques au chef de l'État ont depuis demandé de manière répétée l'ouverture d'une enquête sur ce qu'elles considèrent comme du favoritisme dont la majorité macroniste ferait preuve au profit de ce cabinet de conseil, dont certains membres ont pu œuvrer pour la macronie, notamment lors de la présidentielle 2017. « S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal », a rétorqué dimanche 27 mars Emmanuel Macron à ceux qui lui reprochent ces nombreux contrats.
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Le président candidat a estimé notamment que le non-paiement de l'impôt sur les sociétés par McKinsey s'expliquait par les règles fiscales en vigueur. Dimanche, le chef de file des députés LREM, Christophe Castaner, a dénoncé une « opération politique ». « Nous assumons. L'État a toujours eu recours à des cabinets de conseil depuis le début des années 2000. Valérie Pécresse a mis en œuvre la loi de réforme de l'université en s'appuyant sur des cabinets de conseil. À droite comme à gauche, ils dirigent des collectivités territoriales qui ont recours à eux », a affirmé de son côté le même jour le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, sur Radio J.

De leur côté, les sénateurs ont annoncé avoir saisi la justice pour « suspicion de faux témoignage » contre un dirigeant de McKinsey qui avait affirmé que son cabinet payait bien l'impôt sur les sociétés (IS) en France. Aucune enquête n'a toutefois été ouverte à ce jour pour ce chef d'accusation, selon une source proche du dossier. Le cabinet a assuré mercredi dans un communiqué qu'il se tiendrait « à la disposition des administrations et autorités compétentes » s'il était sollicité, réaffirmant qu'il respectait « les règles fiscales et sociales françaises qui lui sont applicables ».

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Les candidats à la présidentielle montent au créneau

« Il était temps » d'ouvrir une enquête, a réagi au sujet de ce « scandale » la candidate LR, Valérie Pécresse. « Enfin », ont salué sur Twitter les candidats Éric Zemmour, Fabien Roussel ou Nicolas Dupont-Aignan. « Mais pourquoi n'y en a-t-il toujours pas (d'enquête, NDLR)sur les éventuels conflits d'intérêts entre Emmanuel Macron et les cabinets de conseil ? Et sur son patrimoine ? » a ajouté Nicolas Dupont-Aignan.

Le chef du RN, Jordan Bardella, a dénoncé une « affaire d'État » et un « gouvernement Macron-McKinsey ». « L'ouverture de cette enquête confirme la rigueur et le sérieux des travaux de la commission d'enquête », se sont félicités son président LR Arnaud Bazin, et sa rapporteuse CRCE, Eliane Assassi. L'affaire est devenue un « sparadrap » par les dénonciations des oppositions, avait reconnu fin mars un responsable de la majorité.

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« S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal », avait rétorqué le 27 mars Emmanuel Macron à ceux qui lui reprochaient ces nombreux contrats. À la sortie du conseil des ministres mercredi, le porte-parole Gabriel Attal a assuré que le gouvernement « depuis le début appelait à ce que toute la vérité soit faite sur les pratiques fiscales de ce cabinet de conseil ». « Et c'est en ce sens que, dès le mois de décembre, un train de vérification fiscale a été diligenté par le ministère des Finances », a-t-il ajouté.

L'enquête du PNF « s'inscrit dans cette même ligne, cette même démarche (…). Ce cabinet de conseil paiera ce qu'il doit payer », a poursuivi Gabriel Attal. Contacté par l'Agence France-Presse, Bercy a refusé de faire des commentaires sur cette procédure.

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Commentaires (113)

  • Clicoeur

    Oh le rapporteur ! Oh le rapporteur !... Et votre excellent MEDIAPARTial, ne s'intéresse-t-il pas plus que ça à l'affaire Macron/McKinsey ?

  • TSLR

    À la tête de la première région de France, la candidate LR a attribué au moins 12 millions d’euros de marchés publics à différents cabinets privés. Une de ces sociétés, EY, s'est imposée depuis 2018 comme un partenaire privilégié de la Région Île-de-France. Plusieurs proches de Valérie Pécresse sont d'anciens consultants.

  • Mosfit

    Le plus grave est tu par le PNF. : la relation possible entre cette avalanche de prestations Mc Kinsey et l’intervention « à titre bénévole » de 20 membres de cette société dans la campagne de Macron en 2017 qui serait bien plus grave que le Pénélope Gate….