Athènes s’est endormie, mardi 22 août au soir, cernée par les flammes, sous un ciel gris chargé de cendres. Au nord-ouest de la capitale, dans le quartier populaire d’Ano Liosia, 25 000 habitants ont dû être évacués. Dans le district voisin de Fyli, des bâtiments ont été détruits par le feu. Toujours à l’ouest de la capitale, à Aspropyrgos, toute une zone industrielle où se trouvent des plates-formes logistiques, des raffineries, des usines stockant des produits chimiques et une base aérienne de l’armée était menacée. Une partie du parc national du mont Parnès, un des poumons verts de l’Attique, la région d’Athènes, était elle aussi en feu, obligeant les autorités à fermer plusieurs routes et à ordonner des évacuations.
« La situation est sans précédent, les conditions météorologiques sont extrêmes », s’est inquiété le porte-parole des pompiers, Yiannis Artopios, sur la chaîne de télévision publique ERT. Les feux « ont pris une énorme ampleur en peu de temps », a-t-il aussi précisé. « Les prochaines quarante-huit heures s’avèrent extrêmement compliquées en raison des rafales de vent et des températures élevées [jusqu’à 41 °C]. Les foyers ne peuvent pas être facilement maîtrisés », a insisté mardi le ministre de la protection civile, Vassilis Kikilias.
Un mois après des incendies qui avaient déjà fait cinq morts et ravagé 18 000 hectares sur l’île de Rhodes, la Grèce est de nouveau confrontée à des feux destructeurs qui ont consumé plus de 40 000 hectares en trois jours, selon l’Observatoire national d’Athènes. Quatre-vingt-douze nouveaux feux et quatorze fronts importants ont mobilisé les pompiers mardi en Attique, dans le centre du pays, en Béotie, dans le Péloponnèse, dans le nord-est de la Grèce, sur les îles d’Eubée et de Kythnos.
« Nous sommes débordés ! »
La situation restait particulièrement critique, mardi soir, dans le nord-est du pays, à la frontière gréco-turque, où dix-neuf migrants, dont deux jeunes enfants, ont perdu la vie en raison des incendies qui font rage depuis quatre jours. Lundi soir, un berger dans la région de Béotie avait déjà perdu la vie.
Les flammes sont arrivées lundi soir jusqu’à la grande ville frontalière d’Alexandroupoli, où se trouve notamment une base américaine. Les 73 000 habitants de la cité ont retenu leur souffle toute la nuit lorsque l’hôpital a dû être évacué en urgence. Sur les 204 patients, une soixantaine – les cas les plus graves et notamment les nouveau-nés – a été transportée sur un ferry vers un autre hôpital dans une ville plus à l’ouest, Kavala. « Tout est allé très vite. Nous voyions les flammes se rapprocher depuis la cour de l’hôpital. L’atmosphère était devenue étouffante », confiait Christodoulos, un infirmier qui n’a donné que son prénom.
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