Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Brésil : perquisition au domicile de Jair Bolsonaro, soupçonné d’avoir falsifié des certificats de vaccins contre le Covid-19

La police brésilienne, qui enquête déjà sur le rôle de l’ancien président dans les émeutes du 8 janvier à Brasilia et sur un don de bijoux par l’Arabie saoudite, s’enquiert désormais d’un « réseau criminel » impliquant ses proches et fournissant de faux passes vaccinaux.

Le Monde avec AFP

Publié le 03 mai 2023 à 16h52, modifié le 04 mai 2023 à 10h06

Temps de Lecture 3 min.

Jair Bolsonaro lors de la perquisition de son domicile, à Brasilia, le 3 mai 2023.

Le domicile de l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro a été perquisitionné mercredi 3 mai par la police, qui a aussi saisi son téléphone et une arme, dans le cadre d’une enquête sur la falsification de certificats de vaccination contre le Covid-19 par son entourage.

« Je n’ai rien falsifié. Je n’ai pas été vacciné, un point c’est tout », a déclaré l’ancien président (2019-2022), d’extrême droite, aux journalistes devant sa résidence dans la capitale brésilienne, Brasilia. « Tous les citoyens sont égaux, mais de là à faire une perquisition chez un ex-président juste pour créer un événement… », a déploré celui dont la gestion de la pandémie a été très critiquée.

La police fédérale a expliqué dans un communiqué avoir fait seize perquisitions, à Rio de Janeiro et à Brasilia, visant « un réseau criminel » soupçonné « d’introduire de fausses données de vaccination contre le Covid-19 dans les systèmes de santé publique ». Les faux certificats de vaccination auraient été « utilisés pour contourner les restrictions sanitaires imposées par les pouvoirs publics au Brésil et aux Etats-Unis », peut-on également lire dans le communiqué.

Six mandats d’arrêt ont été émis. Selon les médias brésiliens, les policiers ont interpellé Mauro Cid, ancien aide de camp et homme à tout faire de Jair Bolsonaro durant sa présidence. Il aurait, grâce à des contacts dans le système sanitaire ou l’administration, obtenu des certificats frauduleux de vaccination pour M. Bolsonaro et sa fille, lui-même et des membres de sa famille, selon la police.

« Rien à cacher »

Le président coronasceptique aurait été « parfaitement au courant » des manipulations des registres sanitaires lui permettant, ainsi qu’à son entourage, de contourner les restrictions internationales, de voyage par exemple, ajoute la police fédérale. Alexandre de Moraes, le juge de la Cour suprême qui a ordonné les perquisitions, a estimé « plausibles » les indices tendant à prouver une implication personnelle de l’ex-président dans ces fraudes.

« Conspirer contre la santé publique, c’est un acte de corruption gravissime », a fustigé mercredi Flavio Dino, actuel ministre de la justice, dans le gouvernement du président Luiz Inacio Lula da Silva, de gauche, lors d’une audience au Parlement. Durant son mandat, M. Bolsonaro n’a cessé de critiquer les vaccins contre le Covid-19, assurant qu’il n’avait pas l’intention de se faire immuniser. La pandémie a fait plus de 700 000 morts au Brésil.

Il a même défrayé la chronique en déclarant que le vaccin de Pfizer pourrait « transformer [les gens] en crocodile » à cause d’éventuels effets secondaires. « Mon téléphone a été saisi, mais je n’ai rien à cacher (…). Il y a des sujets interdits au Brésil, comme la question des vaccins », a-t-il déclaré mercredi face aux journalistes. Il a expliqué que ni lui ni sa fille, Laura, âgée de 12 ans, n’avaient été vaccinés, mais que son épouse Michelle avait reçu une dose en 2021, aux Etats-Unis. Plus tard dans la journée dans un entretien à la chaîne Jovem Pan, Jair Bolsonaro a assuré avoir été « bien traité » par les policiers, qui selon lui étaient « gênés » de fouiller son domicile.

Enquête sur des bijoux offerts et les émeutes à Brasilia

Battu par Lula à la présidentielle d’octobre, Jair Bolsonaro, 68 ans, a ensuite séjourné trois mois en Floride, quittant le Brésil deux jours avant l’investiture de son successeur. Le certificat de vaccination était encore obligatoire pour entrer aux Etats-Unis durant ce séjour. Le gouvernement américain a annoncé lundi que cette obligation serait levée à partir du 11 mai.

Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application

La présentation de ce certificat n’est pas exigée pour les représentants de gouvernements étrangers, mais le mandat de M. Bolsonaro a pris fin le 31 décembre, le lendemain de son arrivée aux Etats-Unis. On ignorait s’il était alors sous le coup de l’obligation de vaccination. Un porte-parole du département d’Etat s’est borné à déclarer à la presse que les registres des visas individuels étaient confidentiels.

« Chaque fois que je suis allé aux Etats-Unis, on ne m’a jamais demandé de montrer mon certificat de vaccination », a assuré M. Bolsonaro à Jovem Pan. L’un de ses avocats, Paulo Cunha Bueno, a déclaré que l’ex-président se rendrait « dès que possible » à la police fédérale pour lui fournir des éclaircissements, mais seulement une fois que sa défense aurait accès au dossier.

Depuis son retour au Brésil, à la fin de mars, Jair Bolsonaro a été auditionné deux fois par la police fédérale : la première, dans une affaire de bijoux offerts par l’Arabie saoudite entrés illégalement au Brésil ; et la semaine dernière, pour son rôle présumé dans le saccage des lieux du pouvoir par ses partisans le 8 janvier à Brasilia. Il est également sous le coup d’enquêtes du Tribunal supérieur électoral, qui pourrait le rendre inéligible pour la présidentielle de 2026.

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.