justiceLe chasseur qui a tué Morgan Keane condamné à 2 ans de prison avec sursis

Mort de Morgan Keane : Le chasseur condamné à deux ans de prison avec sursis

justiceLe directeur de la battue, vivement critiqué pour les conditions de sécurité ce jour-là, a écopé de dix-huit mois avec sursis
Morgan Keane, un jeune homme de 25 ans, avait été tué par le tir accidentel d'un chasseur en décembre 2O2O dans le Lot alors qu'il coupait du bois chez lui.
Morgan Keane, un jeune homme de 25 ans, avait été tué par le tir accidentel d'un chasseur en décembre 2O2O dans le Lot alors qu'il coupait du bois chez lui. - DR / DR
Béatrice Colin

B.C. avec AFP

L'essentiel

  • Le 2 décembre 2020, en période de confinement, Morgan Keane, était tué d’un coup de fusil par un chasseur alors qu’il coupait du bois chez lui, à Calvignac dans le Lot.
  • Ce jeudi, le tribunal correctionnel de Cahors a condamné l’auteur du tir, un Aveyronnais de 35 ans, à deux ans de prison avec sursis ainsi que le directeur de battue à 18 mois avec sursis.
  • Cette affaire, qui a suscité une vague d’émotions, avait relancé le débat sur la chasse qui a abouti en début de semaine à un plan du gouvernement, vivement critiqué par les amis de Morgan Keane qui ont créé « Un jour un chasseur » et demandaient un jour sans chasse.

Un chasseur a écopé de deux ans de prison avec sursis pour avoir blessé mortellement Morgan Keane, un jeune homme de 25 ans qui coupait du bois à quelques dizaines de mètres de sa maison de Calvignac, dans le Lot, le 2 décembre 2020. Son permis de chasse lui a aussi été retiré définitivement. Le tribunal de Cahors a également condamné le directeur de la battue, aussi sur le banc des prévenus, à dix-huit mois avec sursis et à l’interdiction de passer son permis de chasse durant cinq ans.

Lors du procès, le 17 novembre dernier, le procureur de la République de Cahors avait requis cette durée de prison avec sursis, mais l’avait assortie d’une demande de six mois de prison ferme à l’encontre du tireur. A l’audience, le tireur avait reconnu et regretté son « erreur ». « Sincèrement. Il n’y a pas un jour qui passe sans que j’y pense, c’est gravé à vie dans ma tête », avait indiqué à la barre Julien F., un Aveyronnais de 35 ans qui pratiquait depuis peu et avait choisi cette activité pour « s’aérer la tête » après la perte de la fille de sa compagne, quelques mois plus tôt.


Julien F. avait raconté comment, alors que la luminosité faiblissait, il avait tiré confondant une masse sombre avec un sanglier. « La masse remonte le sous-bois, je la mets en joue, puis je rabaisse mon arme. Je l’ai vu redescendre un peu et s’arrêter. Ce n’était pas plus haut que ça. J’ai attendu, j’ai visé et j’ai tiré. Je n’ai pas bien identifié la cible, je suis d’accord avec vous », avait-il répondu au président du tribunal qui l’interrogeait.

Relancé le débat sur la chasse

S’il ne s’était pas dédouané lors de l’audience, ne cherchant pas à nier les faits, le directeur de la battue, Laurent L., un Lotois de 52 ans, avait tenté de minimiser ses responsabilités. Or, l’un des fils conducteurs du procès a été le non-respect des règles de chasse lors de cette battue, « dans des conditions délirantes au niveau de la sécurité » avait même souligné le président du tribunal. « Il ne connaissait pas le terrain, il a compris à la reconstitution que les parcelles qui l’entouraient étaient interdites à la chasse. Ce qui a manqué le plus, ce sont des consignes claires et simples », avait plaidé Sylvie Bros, l’avocate de Julien F. pour sa défense, précisant qu’aujourd’hui, le jeune homme était « détesté des antichasse et des chasseurs aussi ».


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Car cette affaire avait suscité une vague d’émotions et relancé le débat sur la chasse. Les amies de Morgan Keane ont en effet créé le collectif « Un jour un chasseur » qui, grâce à une pétition en ligne sur le site du Sénat, a abouti au plan dévoilé en début de semaine par le gouvernement, pour de meilleures conditions de sécurité. Mais qui a balayé la demande de journée sans chasse, demandé par les proches de Morgan Keane.

« Nous sommes plutôt satisfaites du retrait à vie du permis de chasse » du tireur, a réagi Zoé Monchecourt, du collectif Un jour un chasseur, déplorant que cette interdiction à vie ne soit pas aussi valable pour le directeur de battue.

De son côté, Me Benoit Coussy, avocat du frère de Morgan Keane, a jugé que « la justice a bien fait son travail ». « Maintenant, le législateur doit faire son travail et créer un "crime de chasse" spécifique qui pourrait permettre davantage de sévérité dans ce genre d’affaires », a-t-il ajouté.

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