Majestueuse demeure impériale, construite sur ordre de Napoléon III pour l’impératrice Eugénie, le palais du Pharo offre une vue imprenable sur la rade de Marseille. C’est ici, dans ce monument symbole de la puissance de l’Etat français au XIXe siècle, que le pape François viendra conclure par un discours les travaux des Rencontres méditerranéennes, samedi 23 septembre, où se croisent évêques et jeunes croyants de cette aire géographique.
Deuxième ville du pays, populaire, indissociable des vagues d’immigration qui l’ont façonnée, la cité phocéenne sera, vendredi et samedi, le théâtre du deuxième déplacement du pape François dans l’Hexagone. En 2014, il s’était rendu à Strasbourg, pour une visite au Parlement européen, conçue comme une rencontre avec les vingt-huit pays membres de l’époque. Comme un premier rendez-vous de biais avec la France.
La logique, cette fois, demeure la même. « J’irai à Marseille, mais pas en France », a ainsi ouvertement déclaré le pape François dans l’avion qui le ramenait des Journées mondiales de la jeunesse, à Lisbonne, début août. Avant d’ajouter, tout de même, qu’il n’avait « rien » contre le pays de Molière.
Le chef de l’Eglise catholique ne s’en est jamais caché. L’Europe, berceau de la papauté et centre de gravité de l’institution depuis des centaines d’années, n’est pas sa priorité. Pape des fractures et des marges, il a fait des confins du monde, de l’Asie, de l’Afrique ou des petits pays pauvres, en guerre ou théâtre d’une tragédie humaine, ses préoccupations majeures.
C’est ainsi qu’il s’est rendu au Canada reconnaître les souffrances des autochtones, en République démocratique du Congo ou au Soudan du Sud appeler à la fin de la guerre, ou encore en Mongolie rendre hommage à une Eglise minoritaire des confins.
La Méditerranée, « un cimetière »
En répondant à l’invitation d’une commune ouverte sur la mer, multiculturelle, François vient surtout participer aux Rencontres méditerranéennes et parler des migrants, un sujet qui lui tient particulièrement à cœur. Ce thème a jalonné ses dix ans de pontificat lors de voyages importants, comme en Grèce en décembre 2021 ou encore sur l’île italienne de Lampedusa, quelques mois à peine après son élection, en 2013.
« Qui est responsable du sang de ces frères et sœurs ? Personne ! Nous répondons tous ainsi : ce n’est pas moi, c’est sans doute quelqu’un d’autre. (…) Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle », avait-il à l’époque regretté, évoquant « les bateaux qui au lieu d’être un chemin d’espérance ont été un chemin de mort ».
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