"Enracinés", les préjugés sexistes n'ont pas diminué dans le monde ces dix dernières années déplore l'ONU

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"Enracinés", les préjugés sexistes n'ont pas diminué dans le monde ces dix dernières années déplore l'ONU

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Manifestation à Toulouse le 8 mars 2023, dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes
Manifestation à Toulouse le 8 mars 2023, dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes
© AFP - Lilian Cazabet / Hans Lucas

Malgré les campagnes pour le droit des femmes comme #MeToo, il n'y a eu aucun progrès ces 10 dernières années dans la réduction des préjugés sexistes, déplore l'ONU. D'après l'institution, l'absence d'amélioration "va de pair avec les violations des droits humains et constitue un gaspillage social".

C'est un triste constat fait ce lundi par l'ONU, à travers un rapport. Il n'y a eu aucun progrès ces dix dernières années dans la réduction des préjugés sexistes, "enracinés" dans les sociétés malgré les campagnes pour le droit des femmes comme MeToo. Chez les hommes comme chez les femmes, "les normes sociales basées sur les préjugés de genre sont largement répandues dans le monde : près de 90% de la population a au moins un préjugé" sexiste parmi sept passés en revue par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Ces "préjugés sont répandus chez les hommes et les femmes, suggérant qu'ils sont profondément incrustés et influencent les hommes et les femmes à des degrés similaires", poursuit le rapport.

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Pour 1/4 de la population mondiale, un homme peut battre sa femme

Utilisant les données du World Values Survey, projet international sur l'évolution des valeurs et des croyances dans le monde, dans 80 pays couvrant 85% de la population mondiale, le PNUD a mis à jour son Indice des normes sociales de genre (GSNI) qui intègre des dimensions politique, économique, liées à l'éducation et à l'intégrité physique.

Cet indice ne montre "aucune amélioration des préjugés à l'encontre des femmes en une décennie", "malgré d'importantes campagnes mondiales et locales pour les droits des femmes" comme MeToo, note le PNUD. Par exemple, près de la moitié de la population mondiale (49%) estime toujours que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes, et seulement 27% estiment qu'il est essentiel pour la démocratie que les femmes aient les mêmes droits que les hommes.

Près de la moitié de la population (46%) estime que les hommes ont plus droit à un emploi et presque autant (43%) que les hommes font de meilleurs dirigeants d'entreprise. Un quart de la population (25%) juge également justifiable pour un homme de battre sa femme, et 28% estiment que l'université est plus importante pour les hommes.

L'ONU met en garde sur les conséquences de ces préjugés...

Des préjugés qui constituent des "obstacles" pour les femmes et conduisent à des "violations" de leurs droits. Le PNUD ajoute également que ces "préjugés se reflètent dans la grave sous-représentation des femmes aux postes de direction." Ainsi, "en moyenne, la part des femmes cheffes d'État ou de gouvernement a stagné autour de 10 % depuis 1995 et sur le marché du travail, les femmes occupent moins d'un tiers des postes de direction."

"Sans s'attaquer à ces normes sociales de genre, nous ne parviendrons pas à l'égalité hommes-femmes ni aux objectifs de développement durable", met en garde le rapport. En effet, cette stagnation des préjugés intervient dans un contexte de recul du développement humain en général, liée notamment à la pandémie de Covid-19. "Les normes sociales qui limitent les droits des femmes sont également préjudiciables à la société dans son ensemble, freinant les progrès du développement humain", commente dans un communiqué Pedro Conceição, directeur du Bureau du Rapport sur le développement humain du PNUD. "Tout le monde y gagnera si la liberté et le pouvoir des femmes sont garantis", insiste-t-il.

... et lance un appel aux gouvernements

Dans son rapport, l'ONU insiste aussi sur le "rôle crucial" que les gouvernements ont "à jouer dans l’évolution des normes sociales relatives à l’égalité des genres". Par exemple, "les politiques en matière de congé parental ont modifié les perceptions concernant les responsabilités liées aux soins et les réformes du marché du travail ont entraîné une modification des croyances concernant l'emploi des femmes." Des solutions sont proposées pour améliorer la situation et "orienter l’évolution vers une plus grande égalité des genres". Afin d'y arriver, les auteurs assurent que "l'accent doit être mis sur l’accroissement du développement humain à travers l'investissement, l'assurance et l'innovation".

Cela comprend "l'investissement dans des lois et des mesures politiques qui promeuvent l'égalité des femmes dans la participation politique, l'élargissement des mécanismes d'assurance, tels que le renforcement des systèmes de protection sociale et de soins et l'encouragement d'interventions innovantes qui pourraient être particulièrement efficaces pour remettre en question les normes sociales néfastes, les attitudes patriarcales et les stéréotypes de genre." Par exemple, la lutte contre les discours de haine en ligne "et la désinformation sur le genre peut contribuer à faire évoluer les normes de genre omniprésentes en favorisant l’acceptation et l’égalité".

Enfin, les auteurs appellent également à "s'attaquer directement aux normes sociales par le biais de l'éducation" pour faire "évoluer les opinions du public par des politiques et des évolutions juridiques qui reconnaissent les droits des femmes dans toutes les sphères de la vie mais aussi en permettant une plus grande représentation des femmes dans la prise de décision et les processus politiques".

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