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VIDÉO. Près de Rouen, le feu de batteries au lithium est circonscrit sur le site Bolloré Logistics

Un incendie s’est déclaré dans l’entreprise de transports Bolloré Logistics, située à Grand-Couronne. Des batteries au lithium et des pneus ont pris feu lundi 16 janvier 2023. Aucune victime n’est à déplorer. Le feu est circonscrit sur les trois entrepôts concernés. L’opération est terminée.

Temps de lecture: 9 min

Un important incendie s’est déclaré vers 16 h 30, lundi 16 janvier 2023 à Grand-Couronne, boulevard de l’île aux Oiseaux, au sein de l’entreprise de transport de marchandises Bolloré Logistics.

Le feu a touché un entrepôt soumis à autorisation contenant des batteries automobiles au lithium – environ 12000 élements de batterie – avant de se propager à un second entrepôt, appartenant à la société Distri Cash, où étaient entreposés près de 70 000 pneus.

Les deux entrepôts occupent, chacun, une surface au sol de 6000 m2. Ce sont deux sites logistiques qui ne sont pas classés Seveso. La présence d’un système anti-incendie de type sprinkler dans l’entrepôt de Bolloré Logistics n’a pas permis d’empêcher le feu de se propager rapidement et de ravager le bâtiment.

L’entrepôt de Bolloré Logistics fait l’objet d’un simple «  enregistrement  » auprès des services de l’État selon la législation en vigueur. Selon le prestataire logistique, « le site est soumis à la réglementation sur stockage de produits combustibles ».

« Nous sommes dans une situation radicalement différente de celle de Lubrizol car il n’y a pas de risque d’effet domino », souligne le préfet de la Seine-Maritime.

Un important panache de fumée était visible à plusieurs kilomètres. De nombreuses explosions ont été entendues. « Le feu a été très spectaculaire, très visuel, ajoute Pierre-André Durand. Mais cela reste un feu d’entrepôt industriel. Heureusement, ce type d’incendie ne se produit pas souvent. Comme ce site faisait l’objet d’un enregistrement, nous avions la connaissance des produits stockés. Ce qui a permis aux pompiers d’intervenir rapidement de façon efficace.  »

Heure par heure

Mardi 17 janvier à 21h30, le préfet annonce la fermeture du centre opérationnel départemental, l’incendie étant maîtrisé et le risque immédiat écarté. «  Les résultats obtenus, ensemble, sont à saluer. Ils ont permis d'éviter toute victime tant parmi les employés que parmi les sapeurs-pompiers ou la population  », conclut le préfet.

Il veut rassurer une fois de plus la population sur la dangerosité des substances dans l’air  : «  Lors de ces prélèvements, les sapeurs-pompiers ont contrôlé la présence de différentes substances dans l’air, notamment de monoxyde d’azote, d’acide chlorhydrique, d’acide cyanhydrique et d’acide fluorhydrique. Les prélèvements atmosphériques relevés par le SDIS n’ont pas montré de risque pour la population dans le département.  »

Il reconnait en revanche l’augmentation des particules relevée par Atmo Normandie. «  Compte tenu des changements d’orientation des vents, en raison de la tempête Gérard, et des départs de feux successifs, il n’a pas été possible d’établir avec précision le parcours des fumées qui ont toutefois connu un bon niveau de dispersion, en altitude  ».

Très tôt, dans la matinée de mardi 17 janvier, les flammes avaient largement diminué. La police bloque toujours le passage aux environs de l’entreprise Bolloré logistics
Très tôt, dans la matinée de mardi 17 janvier, les flammes avaient largement diminué. La police bloque toujours le passage aux environs de l’entreprise Bolloré logistics - Photo Paris-Normandie

Au lendemain de l’important incendie, le maire de Oissel interdit pour la journée de mardi 17 janvier 2023 «  les activités physiques en extérieur notamment celles organisées au stade Marcel-Billard  ».

La préfecture seinomarine rappelle « qu’aucune restriction de circulation des personnes n’est mise en place et toutes les activités pourront avoir lieu ce mardi de façon habituelle : à ce titre, l’ensemble des établissements scolaires – écoles, collèges et lycées – ouvriront normalement ce jour ».

Du fait de l’important périmètre de sécurité, plusieurs entreprises du secteur de Grand-Couronne sont contraints au chômage technique.

07h01  : Les flammes ont largement diminué dans la nuit de lundi 16 à mardi 17 janvier 2023. Les pompiers et la police sont sur place. Ces derniers bloquent le passage aux environs de l’entreprise Bolloré Logistics et réorientent les poids lourds qui se présentent sur la zone. Un certain nombre d’entre eux sont stationnés sur un rond-point à proximité du site.

Dans la nuit de lundi 16 à mardi 17 janvier, un nouveau départ de feu s’est propagé dans la cellule 3, occupée par l’entreprise Ziegler qui abrite du textile et des palettes. Aux environs de 6 h, ce nouvel incendie, à l’origine inconnue, était lui aussi circonscrit par les 110 sapeurs-pompiers sur place. Les pompiers sont toujours sur le pont pour empêcher toute propagagation à une 4e cellule du site. Lors d’un point presse, le commandant Jean-Michel Boyer a indiqué les pompiers surveillent en permanence la qualité de l’air. Des appareils automatiques ont été déployés.

Mardi 17 janvier

À 00 h 45, mardi 17 janvier : la préfecture de Seine-Maritime annonce dans un communiqué publié sur Twitter que l’incendie est désormais « circonscrit sur les deux cellules » de l’entrepôt qui ont été touchées. « Les opérations vont se poursuivre jusqu’à la complète extinction des foyers résiduels », précisent les services de l’État. Par ailleurs, « aucune restriction de circulation n’est mise en place et toutes les activités pourront avoir lieu ce mardi de façon habituelle ».

À 22 h 30, les autorités ignoraient l’origine de l’incendie qui s’est d’abord déclaré dans le bâtiment appartenant à Bolloré Logistics. «  L’enquête devra déterminer les causes de l’incendie  », a sobrement indiqué le préfet, précisant que le «  parquet [de Rouen] a été informé. » On dénombrait 137 soldats du feu sur place et 60 engins.

L’intervention des pompiers va durer une bonne partie de la nuit
L’intervention des pompiers va durer une bonne partie de la nuit - Stéphanie Péron

À 22 heures, le préfet évoque une intervention « sur la pente descendante ». La « situation est encourageante ». Pierre-André Durand qui vit son deuxième incendie majeur dans l’agglomération de Rouen après celui de Lubrizol en 2019 s’appuie sur des éléments transmis par le colonel Rémy Wéclawiak, qui dirige les opérations pour les sapeurs-pompiers de la Seine-Maritime.« Les deux bâtiments se sont affaissés, ce qui a pour conséquence de ralentir la puissance du feu ».

Les opérations pour éteindre ce double incendie vont se poursuivre pendant toute la nuit du lundi 16 au mardi 17 janvier. « Les sapeurs-pompiers vont intensifier les moyens hydrauliques, ils vont passer de 6000 litres d’eau/minute à 16 000 l/mn. C’est un feu qui va devenir couvant et qui va nécessiter un long travail », précise le préfet. Lorsque l’eau aura permis d’éteindre le feu de batteries, les pompiers utiliseront des matériaux solides – du sable notamment – pour en finir avec l’incendie dans le bâtiment de Bolloré Logistics.

En ce qui concerne le feu de pneus chez Distri Cash, les pompiers ont recours à de la mousse.

Du fait de la proximité géographique avec le département de l’Eure, la préfecture s’est mise en alerte. Des moyens techniques ont été mis en soutien, notamment un bras élévateur aérien.

À 20 h 30, les opérations de secours étaient toujours en cours. « Nous avons des remorqueurs pour arroser le site avec l’eau de la Seine et des cellules émulseurs provenant de l’ensemble du département », a expliqué Rémy Wéclawiak. L’objectif est « de mettre le paquet sur le cœur de l’incendie » et d’assurer l’étancheité des entrepôts touchés pour éviter une propagation aux autres cellules du site dont l’une contient des produits aérosols.

En milieu de soirée, aucune pollution de la Seine n’avait été détectée.

Des analyses de l’air ont été effectuées à l’intérieur et à l’extérieur du site par les équipes du Sdis pour savoir si certains produits chimiques s’étaient répandus dans l’air. Selon la préfecture et le Sdis, «  les taux relevés ne font pas apparaître la nécessité de mesure de protection de la population. Il n’y a pas lieu d’organiser des évacuations ou un confinement ». Le colonel Rémy Wéclawiak, directeur départemental adjoint du SDIS76, a expliqué que « les fumées sont parties très haut dans le ciel, il y a une bonne dispersion et les relevés à proximité du site et un peu à l’extérieur n’ont pas permis de trouver de monoxyde de carbone, d’acide chlorhydrique ou cyanhydrique, les taux sont à zéro ».

Le panache de fumée s’est dirigé vers le sud-est de la Métropole. « Les maires des communes situées à proximité du panache ont été informés », a précisé Pierre-André Durand. « Les vents sont susceptibles de changer de direction au cours de la nuit [du 16 au 17 janvier]. Nous avons donc demandé aux communes avoisinantes de prévenir leurs habitants qui peuvent être surpris par des odeurs nauséabondes. »

Les premiers riverains se situent à environ 500 mètres du lieu de l’incendie.

Lorsqu’il est soumis à de forte température, le lithium dégage de l’acide fluorhydrique, mais uniquement « au cœur du foyer », précise le préfet Durand. « Cet élément n’a pas été détecté dans toutes les mesures qui ont été réalisées sous le panache de fumée et bien au-delà du panache ».

Pour se protéger de cet acide fluorhydrique, les hommes du colonel Wéclawiak qui ont combattu le feu des batteries au lithium au plus près étaient équipés de masques de type ARI. Et pour cause, l’acide fluorhydrique est un puissant corrosif et un agent décalcifiant redoutable (très forte affinité pour le calcium avec fixation possible dans les dents, les os et le sang). Il réagit violemment avec l’eau, les bases fortes anhydres ou en solutions concentrées. « En cas d’exposition cutanée ou oculaire à des produits issus de la combustion de batteries lithium-ions, une décontamination adaptée au danger que représente l’acide fluorhydrique est nécessaire. Le recours en urgence à un avis médical est recommandé », indique le site Prevor.

À 20 heures, l’origine de l’incendie restait indéterminée.

Les employés ont été évacués et aucune victime n’est à déplorer. L’entreprise n’est pas un site classé Seveso. D’importants effectifs de secours ont été déployés.

Vers 19 heures, 110 pompiers étaient présents sur les lieux de l’incendie dont des équipes spécialisées en risques technologiques. Des moyens hydrauliques ont été dépêchés sur place. « Nous éteignons l’incendie des batteries au lithium avec de l’eau et celui concernant les pneus avec de la mousse », a précisé le colonel Rémy Wéclawiak qui dirige les opérations du SDIS.

« Un feu qui sera long à éteindre »

La direction des opérations de secours a été confiée dans un premier temps à la maire de Grand-Couronne, Julie Lesage.

« Mais au regard de l’amplification de l’incendie avec notamment la propagation à la cellule attenante où sont stockés les pneus, le préfet a pris la direction des opérations, conformément à l’article L742-2 du code de la sécurité intérieur », a expliqué Pierre-André Durand, préfet de la Seine-Maritime, lors d’une conférence de presse. Selon ce dernier, de par « la nature des produits qui brûlent, l’extinction du foyer va prendre plusieurs heures. Ce sera un feu qui sera long à éteindre ».

Les pompiers tentent de circonscrire l’incendie
Les pompiers tentent de circonscrire l’incendie - Mélanie Bourdon/PN

Pas de mesures de protection de la population

Le panache de fumée se propage
Le panache de fumée se propage - Mélanie Bourdon/PN

Dans le cadre du dispositif d’alerte sms Risques industriels et naturels, mis en place par la Métropole de Rouen en 2022, un message a été envoyé à tous les inscrits à 18 h 13 : «  Un incendie est en cours dans un entrepôt de stockage de batteries au lithium sur la zone industrielle, boulevard de l’île aux oiseaux. Les secours sont sur place. Évitez le secteur.  »

En revanche le cell broadcast - le nouveau système d'alerte par téléphone mobile déployé après l'incendie de Lubrizol sur tout le territoire national - ainsi que les sirènes n'ont pas été utilisés mardi après-midi car il n'y avait pas lieu d'évacuer et/ou de confiner les habitants. « Les mesures de l'air réalisées sous le panache et aux alentours par les sapeurs-pompiers ont toutes été négatives », a rappelé le préfet.

Maire de Rouen et président de la Métropole de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol a adressé, en soirée, ses remerciements à « tous les pompiers et à tous les agents des services publics qui se battent contre l’incendie Bolloré Logistics à Grand-Couronne. L’alerte SMS de la Métropole a été déclenchée à 18 h 12. Les opérations étant toujours en cours, je m’exprimerai plus en détails ultérieurement. »

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