États-Unis-Iran, l’escalade est contrôlée, mais gare aux dérapages

Les secouristes dans les décombres d’une maison touché par un missile balistique iranien à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, dans la nuit de lundi à mardi. ©AFP - Karzan Mohammad Othman / ANADOLU / Anadolu via AFP
Les secouristes dans les décombres d’une maison touché par un missile balistique iranien à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, dans la nuit de lundi à mardi. ©AFP - Karzan Mohammad Othman / ANADOLU / Anadolu via AFP
Les secouristes dans les décombres d’une maison touché par un missile balistique iranien à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, dans la nuit de lundi à mardi. ©AFP - Karzan Mohammad Othman / ANADOLU / Anadolu via AFP
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Tirs de missiles iraniens sur l’Irak et la Syrie ; missile Houthi sur un navire commercial américain, saisie de composants de missiles par l’armée américaine… Entre l’Iran et les États-Unis, l’escalade est quotidienne, mais sans déboucher nécessairement sur une guerre totale.

Depuis trois mois, tout le monde répète que ni l’Iran, ni les États-Unis, ne veulent entrer en confrontation. Et pourtant, pas à pas, l’escalade du conflit se poursuit dans une zone de tous les dangers, entre le nord de la Syrie et de l’Irak, le Golfe d’Aden et la mer Rouge.

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- les Gardiens de la Révolution, le bras armé du régime des mollahs en Iran, ont tiré des missiles balistique sur Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, et sur le nord de la Syrie, il y a plusieurs victimes civiles ;

- ensuite, un missile des Houtis yéménites, alliés de l’Iran, a touché un navire commercial américain en direction du Canal de Suez ; en représailles, les Américains ont bombardé des positions des Houthis au Yémen, comme les jours précédents.

- Enfin des Navy Seals, les commandos d’élite américains, ont arraisonné un boutre au large de la Somalie : à bord ils ont trouvé des composants de missiles balistiques, vraisemblablement d’origine iranienne. Deux Navy Seals ont trouvé la mort dans l’opération, premières victimes américaines depuis le 7 octobre. Ça fait beaucoup.

Si ça n’est pas la guerre, ça y ressemble furieusement

Il faut tenter de comprendre ce qui se joue ici, dans cette escalade dangereuse, qui peut déraper à tout moment.

Depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, et la guerre israélienne dans la bande de Gaza, les forces de ce qu’on appelle « l’Axe de résistance », c’est-à-dire les milices chiites alliées de l’Iran, sont entrées en action, du Yémen au Liban. Mais elles l’ont fait de manière très calculée.

Il ne s’agit pas d’une guerre à outrance, comme on a pu en connaître entre Israël et le Hezbollah, en 2006 par exemple ; mais plutôt d’une manière de se montrer solidaires du Hamas, sans risquer d’être entraînés dans un conflit plus large. Les observateurs avertis de la scène libanaise assurent que le Hezbollah, qui est armé et financé par l’Iran, ne veut pas d’une guerre totale.

Quant aux Houthis du Yémen, une minorité religieuse liée à l’Iran, ils se sont montrés plus guerriers que le Hezbollah, en compromettant largement le trafic maritime en mer Rouge par des tirs répétés de missiles. Ils ont réussi à entraîner les Américains dans le cercle vicieux provocation-riposte.

Mais là encore, ce n’est pas la confrontation totale

Les Houthis sont en conflit depuis des décennies, d’abord en guerre civile, puis avec l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis pendant cinq ans. Ils savent survivre à la guerre.

Géopolitique
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Ils ont réussi, à peu de frais, à mobiliser la flotte américaine, et maintenant les Européens qui ont décidé à leur tour de monter une opération de protection des navires commerciaux ; un succès politique inespéré pour les Houthis, qui les sert à l’intérieur.

La vraie question est celle de l’Iran, qui vient d’entrer en lice avec ces tirs des Gardiens de la Révolution. Pour autant, l’analyse initiale qui estime que Téhéran ne franchira pas le rubicon de l’entrée en guerre, reste la plus probable.

L’Iran a trop à perdre pour aller au-delà de ces manifestations de solidarité avec ses alliés. Mais ce jeu de l’escalade contrôlée est périlleux : tant que dure la guerre à Gaza, il peut à tout moment dégénérer, même si personne ne l’a réellement décidé.

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