Covid-19 : l'hydroxychloroquine liée à près de 17.000 décès dans six pays au printemps 2020, selon une étude

La surmortalité chez les patients atteints du Covid-19 et soignés à l'hydroxychloroquine représente près de 17.000 décès, dans six pays dont la France, lors de la première vague de l'épidémie de Covid-19, estime une étude publiée mardi dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy et consultée par France Inter. Elle a été menée par des chercheurs, notamment du CHU de Lyon, qui ont étudié les données disponibles dans six pays : États-Unis, la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et la Turquie.

L'hydroxychloroquine était présentée par certains - et particulièrement par le professeur Didier Raoult à Marseille - comme un remède miracle contre le Covid-19. Ce médicament, utilisé initialement contre le paludisme, a été administré contre le Covid en dehors de toute autorisation des autorités sanitaires.

"Plus de risque de mourir" avec l'hydroxychloroquine

Des études avaient déjà prouvé l'inefficacité de l'hydroxychloroquine. Ces dernières années, plusieurs travaux d'ampleur avaient notamment démontré une surmortalité de 11 % chez les patients atteints du Covid soignés à l'hydroxychloroquine.

Les scientifiques ont donc analysé la surmortalité chez les patients traités à l'hydroxychloroquine dans six pays pour lesquels les données sur l'administration de ces traitements étaient disponibles, à savoir le nombre de patients hospitalisés avec le Covid, leur taux de mortalité et le taux de prescription de l’hydroxychloroquine, afin de calculer le nombre de patients décédés du Covid et ayant été traités avec ce médicament. Ils ont ensuite appliqué le taux de surmortalité de 11% chez les patients concernés, pour arriver à cette estimation de près de 17.000 décès.

"Cela confirme que les patients souffrant d'un Covid et qui reçoivent ce médicament ont plus de risque de mourir que ceux qui ne le reçoivent pas", a souligné sur France Inter l'épidémiologiste Pierre Tatevin, chef du service des Maladies infectieuses du CHU de Rennes.

Ce chiffre sous-estime certainement le nombre de morts liés à l'usage de l’hydroxychloroquine, puisque les chiffres de certains pays où le médicament a été massivement utilisé, comme l’Inde ou le Brésil, n'existent pas encore. De plus, ce chiffre prend uniquement la première vague de l’épidémie de 2020 en compte. Or, après 2020, il y a eu de nombreuses vagues et le médicament a continué d’être prescrit dans beaucoup de pays.

Sur cette estimation de près de 17.000 morts, la grande majorité, près de 13.000 cas, provient des États-Unis et 200 en France.