Récap'Le point sur l’attentat djihadiste contre une école en Ouganda

Ouganda : Bilan, réactions… Le point sur l’attentat djihadiste contre une école

Récap'Au moins 41 personnes ont été tuées dans l’attaque, d’autres ont disparu ou ont été enlevées
Les familles des victimes identifiées ont pu récupérer les corps, mais d'autres restent dans l'attente.
Les familles des victimes identifiées ont pu récupérer les corps, mais d'autres restent dans l'attente. - Hajarah Nalwadda/AP/SIPA / SIPA
Xavier Regnier

X.R. avec AFP

L’Ouganda est endeuillé ce dimanche, après le raid mené par des djihadistes contre une école dans le district de Kasese, près de la frontière congolaise. De nombreux étudiants ont été tués et plusieurs d’entre eux ont aussi été enlevés par les assaillants. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière en Ouganda depuis le double attentat à Kampala en 2010 qui avait fait 76 morts lors d’un raid revendiqué par le groupe islamiste shebab basé en Somalie. Le président ougandais Yoweri Museveni a qualifié dimanche cette attaque d'acte «désespéré, lâche» et promis d'éliminer les responsables de cet assaut sanglant.«Leur action - désespérée, lâche, terroriste - ne les sauvera pas», a déclaré le président, qui s'exprimait pour la première fois depuis l'attaque perpétrée dans la nuit de vendredi à samedi par des membres d'un groupe ayant prêté allégeance à l'organisation Etat islamique.Que s’est-il passé lors de cette attaque ? Quel est le bilan à l’heure actuelle ? 20 Minutes fait le point.

Que s’est-il passé lors de l’attaque ?

Un groupe de combattants des Forces démocratiques alliées (ADF), une milice islamiste qui a prêté allégeance au groupe Etat islamique, est entré de force dans le lycée Lhubiriha de Mpondwe, à deux kilomètres de la frontière congolaise, vers 23 heures vendredi. Mumbere Edgar Dido, 16 ans, a raconté que les assaillants avaient surgi dans son dortoir munis de machettes et d’armes à feu et avaient tiré de l’extérieur, précipitant les élèves sous leur lit. « Ils ont continué à tirer depuis les fenêtres, puis ont mis le feu à notre chambre pendant qu’on était à l’intérieur, avant d’aller dans le dortoir des filles », a-t-il dit.

« Ils savaient où se trouvaient les dortoirs des garçons et des filles », a déclaré le général de division Dick Olum. « C’est pourquoi les rebelles ont verrouillé le dortoir des garçons et y ont mis le feu. Les rebelles n’ont pas verrouillé la section des filles et les filles ont réussi à sortir, mais elles ont été frappées à la machette alors qu’elles couraient pour se mettre à l’abri, et d’autres ont été abattues ». A l’arrivée des unités policières et militaires, informées d’une « grosse attaque » et au courant de la présence des ADF dans le secteur, elles ont trouvé « l’école en train de brûler et des cadavres d’étudiants gisant dans l’enceinte », selon un rapport de police. Les forces de l’ordre se sont alors lancées à la poursuite des assaillants, qui ont fui vers le parc national des Virunga, de l’autre côté de la frontière avec la République démocratique du Congo.

Quel est le bilan ?

Trente-neuf élèves ont été tués dans le lycée Lhubiriha, a indiqué Sylvester Mapozi, le maire de la localité de Mpondwe-Lhubiriha, où s’est produite l’attaque. Les assaillants ont aussi « tué deux personnes, un homme et une femme, ce qui porte le bilan à 41 » morts, a-t-il ajouté. Selon le maire, de nombreuses victimes ont été brûlées au point d’être méconnaissables tandis que d’autres étudiants étaient toujours portés disparus. Les victimes ont été attaquées à coups de machettes, abattues par balles ou brûlées vives lors de ce raid.

Par ailleurs, lors de leur fuite vers le parc des Virunga, les assaillants ont enlevé six personnes, selon l’armée et la police ougandaise qui ont promis de libérer ces otages. Quinze autres membres de la communauté, dont cinq filles, sont toujours portés disparus, a déclaré Eriphaz Muhindi, président du district de Kasese, qui partage une longue frontière boisée avec la RD Congo. Dix-sept victimes ont été brûlées au-delà de toute reconnaissance possible lorsque les assaillants ont incendié un dortoir verrouillé dans le lycée, compliquant l’identification des victimes et le décompte des personnes disparues.

Qui sont les assaillants ?

Le lycée se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière avec la RD Congo, où les ADF sont actives et sont accusées d'avoir tué des milliers de civils depuis les années 1990. Le général de division Dick Olum a déclaré samedi à l'AFP que les services de renseignement ont signalé une présence des ADF dans la région au moins deux jours avant l'attaque, soulignant la nécessité d'ouvrir une enquête. Selon cet officier, les assaillants avaient des informations détaillées sur l'école.

L'Ouganda et la RD Congo ont lancé une offensive conjointe en 2021 pour chasser les ADF de leurs bastions congolais, mais ces opérations n'ont jusqu'à présent pas permis de mettre fin aux attaques du groupe. En juin 1998, 80 étudiants avaient été brûlés vifs dans leurs dortoirs lors d'une attaque des ADF contre l'Institut technique de Kichwamba près de la frontière de la RD Congo. Plus de 100 étudiants avaient été enlevés.

Quelles sont les réactions ?

L’émotion est particulièrement vive en Ouganda, où des familles désespérées d’avoir des nouvelles ont attendu toute la nuit dans le froid devant une morgue à Bwera, une ville proche du lieu de l’attaque. Les parents qui ont pu identifier des proches à l’intérieur de la morgue ont fondu en larmes en recevant leurs corps et les ont emmenés dans des cercueils pour être enterrés.



Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a qualifié cette attaque « d’effroyable », déclarant que « les responsables de cet acte effroyable doivent être jugés ». L’Union africaine, la France et les Etats-Unis, proches alliés de l’Ouganda, ont présenté leurs condoléances et condamné cette effusion de sang. « Je prie pour les jeunes étudiants victimes de l’attaque brutale lancée contre une école dans l’ouest de l’Ouganda », pays à majorité chrétienne, a quant à lui déclaré le pape aux pèlerins de la place Saint-Pierre au Vatican à l’occasion de l’Angélus dominical.

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