Suicide de Lindsay : la famille réclame des comptes, Ndiaye regrette "un échec collectif"

Publié le 1 juin 2023 à 19h56, mis à jour le 2 juin 2023 à 11h43

Source : JT 20h Semaine

La famille de l'adolescente, qui s'est donné la mort à 13 ans après avoir été victime de harcèlement scolaire, a annoncé jeudi avoir déposé plainte notamment contre le rectorat et Facebook.
Le ministre de l'Éducation, Pap Ndiaye, a reconnu un "échec collectif".

La famille de l'adolescente accuse. Ce jeudi, trois plaintes ont été déposées contre la direction du collège, l'académie de Lille et les policiers en charge de l'enquête pour "non assistance à personne en péril", a détaillé l'avocat de la famille, Me Pierre Debuisson, lors d'une conférence de presse à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où la collégienne, qui s'est suicidée le 12 mai, était scolarisée. Une quatrième vise le réseau social Facebook "complètement défaillant" en matière de modération des contenus et de lutte contre "les propos haineux", selon l'avocat, dénonçant la poursuite du harcèlement contre Lindsay, notamment sur Instagram. 

Quatre mineurs ont été mis en examen dans ce dossier pour "harcèlement scolaire ayant conduit au suicide", dans le cadre d'une information judiciaire, avait annoncé le 25 mai le procureur de la République de Béthune. Une personne majeure a, elle, été mise en examen pour "menaces de mort". Toutes ont été placées sous contrôle judiciaire.

Si on avait été aidés, si on avait été soutenus, je suis sûre que ma fille serait parmi nous
Betty, la mère de Lindsay

"Si chacun avait fait son travail pour protéger Lindsay, elle serait vivante aujourd’hui", a insisté l'avocat, qui a lu une lettre rédigée par la jeune fille plusieurs mois avant son suicide, communiquée, a-t-il souligné, à l'académie, au collège et à la police. 

"Si on avait été aidés, si on avait été soutenus, je suis sûre que ma fille serait parmi nous", a affirmé sa mère, Betty. "J’ai tout essayé, j’ai tout fait, on n’a pas été aidés, on a été lâchés, complètement, aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après", a-t-elle fustigé. La mère de la meilleure amie de Lindsay, Maëlys, a elle témoigné d'un harcèlement qui se poursuit contre sa fille: "On lui demande pourquoi elle n’a pas été là pour sa copine" et qu'elle "ferait mieux d’aller la rejoindre". 

"J’ai fait plusieurs fois appel au collège, le CPE (conseiller principal d'éducation) n’en avait rien à faire", a aussi accusé la mère d'Océane, une autre amie de Lindsay. 

Sur BFMTV, le ministre de l'Éducation nationale qui a fait de la lutte contre le harcèlement scolaire l'une de ses priorités, a jugé que le suicide de l'adolescente était un "échec collectif", "une tragédie pour ses proches, pour l'Éducation nationale et pour le pays". Le rectorat de Lille avait annoncé la semaine dernière l'ouverture d'une enquête administrative, concédant que les services scolaires auraient pu "aller plus loin dans le suivi" de la jeune fille.

L'amplification du harcèlement scolaire via les réseaux sociaux est, cette fois encore, mis à l'index. Meta, la maison mère de Facebook, a fait savoir auprès de l'AFP : "Nous ne tolérons pas l'intimidation et le harcèlement sur nos plateformes et continuons à prendre des mesures contre les contenus et les comptes qui enfreignent nos règles lorsque nous en avons connaissance", a déclaré un porte-parole de la firme qui possède Facebook et Instagram dans une déclaration transmise à l'AFP. 

Rappelons qu'un dispositif de prévention du harcèlement scolaire est en place : le programme pHARe, expérimenté depuis 2019 dans les écoles élémentaires et les collèges de six académies, doit achever cette année sa généralisation. D'autres mesures existent, comme les numéros d'aide d'urgence 3020 (pour familles et victimes), et 3018. 


La rédaction de TF1info avec AFP

Tout
TF1 Info