Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Niger : la Cedeao ordonne l’« activation immédiate » de sa force d’intervention, mais dit toujours privilégier une résolution pacifique de la crise

L’Union européenne a exprimé vendredi sa « profonde inquiétude » face à « la détérioration des conditions de détention » du président nigérien, Mohamed Bazoum, et a réclamé de nouveau sa libération « immédiate et sans condition ».

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 10 août 2023 à 19h07, modifié le 11 août 2023 à 16h30

Temps de Lecture 3 min.

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a ordonné, jeudi 10 août, à l’issue de son sommet à Abuja, au Nigeria, « l’activation immédiate » de sa force d’intervention en vue de « restaurer l’ordre constitutionnel » après le coup d’Etat du 26 juillet au Niger. Le président du Nigeria, Bola Tinubu, a souligné qu’aucune option n’avait été écartée pour assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Niger, notamment l’usage, en dernier recours, de la force. La Cedeao a toutefois ajouté qu’elle privilégiait une résolution pacifique de la crise et qu’aucune option qui permettrait de parvenir à ce résultat n’avait été écartée.

Plus tard dans la soirée, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a répété que les chefs d’Etat ouest-africains avaient donné leur accord pour qu’une opération militaire « démarre dans les plus brefs délais » afin de rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Alassane Ouattara a précisé que la Côte d’Ivoire fournirait « un bataillon » de 850 à 1 100 hommes, aux côtés du Nigeria et du Bénin notamment, et que « d’autres pays » les rejoindront. « Les putschistes peuvent décider de partir dès demain matin et il n’y aura pas d’intervention militaire, tout dépend d’eux », a-t-il martelé, en ajoutant : « Nous sommes déterminés à réinstaller le président Bazoum dans ses fonctions. »

Les chefs d’état-major de la Cedeao se réuniront samedi au Ghana, a appris l’Agence France-Presse (AFP), vendredi, de sources militaires régionales.

L’UE s’alarme des conditions de détention du président Bazoum

L’Union européenne (UE) a exprimé vendredi sa « profonde inquiétude » face à « la détérioration des conditions de détention » du président nigérien, Mohamed Bazoum, et a réclamé de nouveau sa libération « immédiate et sans condition ». Le président Bazoum et sa famille « seraient, selon les dernières informations, privés de nourriture, d’électricité et de soins depuis plusieurs jours (…). [Il] a consacré sa vie à œuvrer pour améliorer le quotidien des Nigériens, rien ne permet de justifier un tel traitement », a affirmé sur X (ex-Twitter) le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell. « Nous avons fait savoir aux dirigeants militaires que nous les tiendrons responsables de sa sécurité et de sa santé », a, de son côté, averti Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine.

Selon l’ONG Human Rights Watch, qui s’est entretenue avec M. Bazoum, ce dernier a décrit le traitement de sa famille comme « inhumain et cruel », disant ne pas avoir d’électricité depuis le 2 août, ni aucun contact humain depuis une semaine.

« Un tel traitement d’un président démocratiquement élu à travers un processus électoral régulier est inadmissible », a dénoncé le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, en appelant « l’ensemble de la communauté internationale à rassembler concrètement tous ses efforts pour sauver la vie et l’intégrité morale et physique du président Mohamed Bazoum ».

« Ennemis du Niger »

Au lendemain d’un sommet de la Cedeao, le dirigeant de l’UA interpelle « les autorités militaires sur l’urgence de stopper l’escalade avec l’organisation régionale, la défiance à son égard et la poursuite de la séquestration du président dans des conditions qui se dégradent de façon inquiétante ». Dans le même communiqué, le dirigeant « exprime son ferme soutien aux décisions de la Cedeao », qui a décidé, jeudi, de déployer une « force en attente » pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger.

Tous les pays d’Afrique de l’Ouest ne sont pas hostiles au nouveau pouvoir nigérien : le Mali et le Burkina Faso voisins, eux aussi dirigés par des militaires, ont affiché leur solidarité avec Niamey. Ils ont même affirmé que si le pays était attaqué par la Cedeao, ce serait « une déclaration de guerre » pour eux. Mardi, ils ont adressé des lettres conjointes aux Nations unies (ONU) et à l’Union africaine (UA) en appelant à leur « responsabilité » pour empêcher « toute intervention militaire contre le Niger dont l’ampleur des conséquences sécuritaires et humanitaires serait imprévisible ».

Suivez-nous sur WhatsApp
Restez informés
Recevez l’essentiel de l’actualité africaine sur WhatsApp avec la chaîne du « Monde Afrique »
Rejoindre

Depuis le placement en résidence surveillée de Mohamed Bazoum, le 26 juillet, la junte a rejeté plusieurs tentatives de médiation et ignoré un ultimatum de la Cedeao, qui a menacé d’intervenir militairement pour restaurer la démocratie, même si cette opération est toujours présentée comme un dernier recours.

« En réaffirmant notre engagement sans relâche envers la démocratie, les droits humains et le bien-être du peuple du Niger, il est crucial de donner la priorité aux négociations diplomatiques et au dialogue qui sont les piliers de notre approche », a rappelé, jeudi, le président Tinubu.

Mardi, une délégation conjointe de la Cedeao, de l’Union africaine et des Nations unies avait tenté de se rendre à Niamey. En vain, les militaires leur barrant la route en invoquant des raisons de « sécurité ».

Manifestants hostiles à la France

Dans ses efforts pour rétablir le président Bazoum, la Cedeao peut compter sur le soutien des puissances occidentales, en premier lieu les Etats-Unis et la France, qui avaient fait du Niger un pivot de leur dispositif dans la lutte contre les djihadistes armés qui sèment la mort dans un Sahel déstabilisé.

Jeudi l’après-midi, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans la capitale nigérienne pour scander des slogans hostiles à la France, aux Etats-Unis, considérés comme des « ennemis du Niger », avant de se disperser dans la soirée. Les nouveaux maîtres de Niamey considèrent la Cedeao comme une organisation « à la solde » de la France, ancienne puissance coloniale et alliée du président Bazoum.

Mahamane Roufai Laouali, présenté comme le secrétaire général du gouvernement, a annoncé la nomination d’un cabinet composé de vingt et un ministres. Des militaires ont été désignés aux postes de ministres de la défense et de l’intérieur. Ali Mahamane Lamine Zeine, nommé premier ministre, détient le portefeuille des finances.

Le Monde avec AFP et Reuters

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.