Procès du 13-Novembre : "Il y a certainement quelques vérités" dans le récit de Salah Abdeslam

Publié le 14 avril 2022 à 11h41
Procès du 13-Novembre : "Il y a certainement quelques vérités" dans le récit de Salah Abdeslam
Source : AS

Le seul survivant du commando djihadiste du 13 novembre était interrogé mercredi, pour la première partie d'un interrogatoire qui se poursuit ce jeudi.
Il a fait à cette occasion des révélations inédites.
Qu'en ont pensé les parties civiles ?

C'est son ultime interrogatoire. Initialement prévu sur la seule journée de mercredi, il doit se poursuivre ce jeudi, avec les questions du ministère public, des avocats de la partie civile et des avocats de la défense. 

Mais d'ores et déjà mercredi, Salah Abdeslam en a dit beaucoup, après avoir fait droit il y a quelques semaines à son droit au silence. Pour la première fois, le seul survivant du commando djihadiste du 13-Novembre 2015 a décrit quelle était sa "mission" ce soir-là. 

Un renoncement "par humanité"?

Selon lui, il devait donc se faire exploser dans un café du 18e arrondissement, mais aurait renoncé "par humanité" en voyant "ces jeunes", "danser et rigoler". Le Français dit avoir ensuite traversé Paris, à pied et en taxi, direction Montrouge. Là, s'est débarrassé de son gilet explosif dans une poubelle avant que ses amis ne viennent le chercher pour le ramener en Belgique. 

Suite à ces révélations, TF1info a interrogé parties civiles et avocats, pour savoir ce qu'ils avaient pensé de ces nouveaux éléments. 

"C'est son droit de parler, c'est son droit de mentir..."

"Je pense qu'il n'a pas réussi à inventer un récit assez plausible pour réussir à le raconter jusqu'au bout. Grosso modo, il arrive dans un café à 21 heures, il y a plein de jeunes qui dansent. Est-ce que ça colle avec quoi que ce soit ? Est-ce que ça colle avec ce qu'on sait ? En fait tout son récit est un peu comme ça, c'est pas complètement impossible, il y a certainement quelques vérités dedans, mais on voit qu'il y a des éléments factuels qui ne collent pas du toute", déclare Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l'association Life For Paris.

"C'est son droit de parler, c'est son droit de mentir, c'est son droit de se défendre comme c'était son droit de se taire. C'est sa dernière occasion de parler, c'était sans doute une trop belle occasion pour réussir à se taire. On voit qu'il aime bien parler, on voit qu'il aime bien réussir à avoir le minimum de pouvoir sur cette audience. À mon avis, il voulait en profiter une dernière fois".

"Il a dit des choses, avec un sens du suspense, reconnaît, Me Chemla, avocat de parties civiles. A-t-il dit tout ce qu'il avait à dire, nous le verrons, mais il faut apprécier ce changement de pieds, ce changement d'attitude." 

L'avocat insiste sur le fait qu'il reste toutefois de nombreuses questions : "Comment peut-on comprendre qu'il y ait trois commandos de trois ce soir-là et un commando 'de un'? Comment est-ce que l'on peut comprendre que ce soit le moins aguerri de tout seul ?  Ce sont des questions qu'il va falloir poser". 

"Jusqu'à présent, il fallait tirer les vers du nez à Salah Abdeslam, lui poser des questions. Il répond, il n'a pas envie de répondre, il use de son droit au silence. C'est lui qui manie, organise l'audience selon son bon vouloir. Mercredi, pour son dernier interrogatoire, il a décidé autre chose, comme s'il voulait aller sur le terrain de la sincérité. Qu'est ce qui l'a poussé à le faire, je ne sais pas. Toujours est-il qu'il livre un récit en bloc, cohérent, sur lequel, semble-t-il, il a réfléchi", souligne Me Topaloff, autre avocate de parties civiles.

"Salah Abdeslam reconnaît les faits. Il a participé à l'organisation, il est allé chercher les gens en Europe centrale. Il a loué les voitures, loué les planques. Il avait une ceinture explosive et au dernier moment, il ne s'en est pas servi. La question demeurera éternelle : s'il la fait par humanité parce que des jeunes gens de son âge et qu'il n'a pas eu envie de les tuer ou bien si c'est la peur de la mort qui la fait reculer ou même si cela est vrai… Mais en tout cas, on a une version et on a des détails".

L'interrogatoire de Salah Abdeslam se poursuit ce jeudi.


Aurélie SARROT

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