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Kev Adams accusé d'avoir fait la promotion d'un projet douteux de NFT

L'humoriste et d'autres stars ont fait la promotion de NFT pour financer un projet de film. Celui-ci n'a jamais vu le jour et près de 700 investisseurs estiment avoir perdu plus d'un million d'euros au total.

Quand le milieu de l'influence et de la spéculation flirte avec le monde du cinéma, cela peut provoquer quelques étincelles. Des comédiens avaient à cœur de promouvoir le financement participatif du film d'animation Plush grâce à la vente de NFT. Le projet était mené par un certain Fabien Tref, un investisseur en cryptomonnaies vivant à Dubaï, comme le révèle l'enquête de Mediapart publiée le 23 avril.

En mai 2022, Kev Adams, l'actrice Camille Lellouche, le rappeur Gims ou encore l'influenceur Anthony Alcaraz ont profité de leur audience sur les réseaux sociaux pour partager ce projet. L'idée de départ est de participer au financement du film d'animation Plush en achetant des NFT de nounours vendus 1250 euros pièce. Au total, 60 millions d'euros seraient nécessaires pour produire le film, explique les porteurs du projet. Seule condition: il faut atteindre les 50.000 NFT vendus pour que le film soit lancé.

Un projet aux allures de financement participatif puisqu'il a été promis aux acheteurs qu'ils seront crédités au générique, qu'il pourront voter sur le scénario du film, mais surtout qu'ils récupéront jusqu'à 80% des bénéfices mondiaux du box office. Avec à la clef une promesse mise en avant lors d'une vidéo en direct diffusée sur le compte officiel de Kev Adams: gagner "6 à 7 fois" sa mise, en seulement deux ans.

Sauf que rien de tout cela ne s'est produit, bien au contraire. Selon Mediapart, près de 770 investisseurs ont perdu l'équivalent d'environ d'1,5 million d'euros entre mai et juin 2022, soit la quasi-totalité de leur investissement de départ. L'un d'eux affirme même auprès du média n'avoir reçu qu'un t-shirt promotionnel en guise de remerciement, alors qu'il a acheté deux NFT, l'équivalent de 2250 euros.

Homme d'affaires aux activités opaques

Derrière ce projet bien mystérieux, il y a une société baptisée Illuminart et surtout un homme, Fabien Tref, proche du milieu de l'influence de Dubaï et de personnages controversés comme Marc Blata. L'entreprise, dont le nom se rapproche fortement de la filiale d'Universal Pictures, Illumination, est immatriculée à Dubaï. Comme le rappelle Mediapart, les promesses de rendements sont basées sur des chiffres liés aux performances des productions d'Illumination (parmi lesquelles Moi, moche et méchant, ou Les Minions), ajoutant encore à la confusion.

Le profil de Fabien Tref soulève aussi de nombreuses questions. Cet homme d'affaires de 44 ans n'a jamais travaillé dans le milieu du cinéma et encore moins dans celui de la production. Ami de Kev Adams, il a financé son anniversaire en juillet 2020 dans une villa à Cannes. Il a par ailleurs fait l'objet d'une enquête préliminaire en 2016 du parquet de Toulon après un signalement sur Tracfin, chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent.

Sur le site officiel, il n'est plus possible d'acheter des NFT
Sur le site officiel, il n'est plus possible d'acheter des NFT © Capture site officiel Plush

Depuis neuf mois, plus aucune communication n'est faite sur le film. Sur le site officiel, il n'est plus possible d'acheter des NFT et selon Mediapart, Illuminart n'a pas renouvelé sa licence commerciale, expirée depuis février. Des doutes à l'encontre de ce projet avaient été émis sur Twitter dès le mois de mai 2022 par le compte Red Flag. De son côté, Kev Adams, comme les autres personnalités ayant évoqué le projet, se refuse à tout commentaire.

Margaux Vulliet