#MeToo : une cour d’appel de New York annule la condamnation du producteur Harvey Weinstein

La cour d’appel de New York a estimé que des erreurs de procédure avaient été commises durant le procès pour viol et agressions sexuelles de l’ex-producteur star.

    Une cour d’appel de New York a annulé jeudi la condamnation pour viol et agressions sexuelles de l’ex-producteur star d’Hollywood Harvey Weinstein en 2020, et ordonné un nouveau procès.

    La cour d’appel a estimé que des erreurs de procédure avaient été commises durant le procès à New York d’Harvey Weinstein, qui a été séparément condamné à de la prison à Los Angeles.

    Des « erreurs choquantes »

    Durant le procès new-yorkais, des témoignages portant sur d’autres faits que ceux commis contre les personnes plaignantes avaient notamment été admis « de façon erronée », selon l’une des juges de la cour d’appel. Or ces témoignages avaient « dépeint une image hautement préjudiciable » de Harvey Weinstein.

    « La solution à ces erreurs choquantes est un nouveau procès », a poursuivi cette juge, Jenny Rivera. Au total, quatre juges se sont prononcés pour l’annulation de cette condamnation et trois contre.

    L’un des avocats d’Harvey Weinstein a salué cette décision, estimant qu’il s’agissait d’un « grand jour pour les États-Unis ». « Nous savions qu’Harvey Weinstein n’avait pas eu droit à un procès équitable », a déclaré, lors d’une conférence de presse, Arthur Aidala, évoquant le témoignage, durant le procès, de plusieurs victimes présumées qui n’étaient pas directement concernées par les faits poursuivis.

    Les femmes « oubliées »

    « Avec cette décision, la cour continue à contrecarrer les victoires régulières pour lesquelles les survivantes de violences sexuelles se sont battues », a pour sa part écrit la juge Madeline Singas, qui s’est prononcée contre la décision prise jeudi. « Les femmes qui portent le traumatisme de violences sexuelles et les blessures des témoignages répétés sont oubliées », a-t-elle ajouté.

    Un groupe de victimes d’Harvey Weinstein a dénoncé jeudi cette décision comme « profondément injuste ». « La nouvelle d’aujourd’hui n’est pas seulement démoralisante, elle est aussi profondément injuste », a écrit dans un communiqué le groupe « Silence Breakers », qui rassemble des femmes qui avaient dénoncé, au sein du mouvement #MeToo, les agissements de Harvey Weinstein.



    L’ex producteur avait été reconnu coupable de viol et d’agression sexuelle en 2020 et condamné à 23 années de prison par un tribunal de Manhattan. Il a également été condamné lors d’un second procès à Los Angeles à 16 ans de prison pour des faits similaires. Il n’a jamais reconnu publiquement autre chose que des relations consenties.

    Harvey Weinstein est actuellement détenu dans une prison de l’État de New York, selon les médias américains.

    Le lancement de #MeToo

    Harvey Weinstein, qui a produit des films primés comme « Pulp Fiction » ou « The Artist », et assit sa toute-puissance sur Hollywood, est tombé de son piédestal après des enquêtes de presse en 2017 qui l’ont accusé de se conduire en « prédateur » sexuel.

    Ces révélations avaient lancé #MeToo, mouvement mondial de libération de la parole des femmes sur les violences sexistes et sexuelles. Au total, près de 90 femmes, dont les actrices Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette, l’ont accusé de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires, certaines remontant à 1977.