Cannes 2022, en direct : la Palme d’Or attribuée à Ruben Östlund pour « Triangle of sadness », Claire Denis et Lukas Dhont partagent le Grand prix

Vous pouvez revivre la cérémonie en (re)lisant ce live, et vous retrouverez demain un compte-rendu de la soirée ainsi que l’analyse de ce palmarès.

En 2017, Le Monde avait interviewé le réalisateur suédois après sa première Palme d’Or. A la question de savoir quel effet cela lui faisait que The Square ait été très bien ­accueilli par les conservateurs qui y ont vu une critique de la bonne conscience de gauche, M. Östlund répondait : « J’aime l’idée de diviser la gauche ou la droite. Je me définirais comme de gauche, je suis presque un marxiste. Mais il me semble que la gauche ne sait pas ­grand-chose de Marx. Les gens de ­gauche regardent le monde d’une manière sentimentale et me ­considèrent comme réactionnaire à cause de ma froideur. Mais je traite tout le monde de la même manière dans le film, le mendiant et le conservateur. »

Vous pouvez retrouver l’intégralité de cette interview ici :

Après la Palme d’or obtenue en 2017 pour The Square, le Suédois Ruben Östlund, 48 ans, est revenu en compétition pour régler ses comptes à la société occidentale, qu’il place cette fois sur un yacht de luxe dans Triangle of Sadness. Son arme favorite, la satire grinçant sous le poids du sarcasme vengeur, est poussée au carré, dans des retranchements inédits et avec les proportions massives d’une fiction de deux heures trente, qui ne sont plus exactement celles d’une farce, même explosive.

Soit, donc : un couple de mannequins influenceurs en bisbille est invité à bord d’une croisière de luxe, auprès d’un oligarque russe négociant d’engrais – « Je vends de la merde », dit-il –, de vieilles rombières botoxées, de vendeurs d’armes, entre autres délicieux spécimens de l’hyperclasse internationale. Une tempête venue secouer le bateau au moment du dîner cinq étoiles transforme toute l’assemblée en geysers humains rendant tripes et boyaux, jusqu’à ce que les toilettes, prises d’assaut mais saturées, dégorgent – ce reflux généralisé étant, on l’aura bien compris, celui d’un capitalisme en phase d’indigestion terminale.

Voici notre critique du film récompensée de la Palme d’Or de la 75e édition du festival de Cannes :

« Lorsque nous avons commencé ce film, nous n’avions qu’un but vraiment : essayer de faire un film qui intéresse le public, qui le provoque et qui le fasse réfléchir. »

La projection de son film avait donné lieu à une standing ovation de plus de 12 minutes de la salle.

A une époque où les films se consomment de plus en plus sur internets avec via des plateformes de vidéos à la demande, la réalisatrice Claire Denis a tenu à souligner la magie du grand écran. « Ce n’est pas bon de regarder des films sur les canapés. Ca vaut le coup d’aller dans les salles de cinéma parce qu’ils s’impriment d’une autre manière. Ils nous donnent envie de faire des films, ils nous donnent envie de jouer dans des films, ils nous apprennent le cinéma. C’est là que le cinéma naît et prend source », conclut la réalisatrice française récompensée du Grand Prix pour « Des étoiles à midi ».

Le film de Claire Denis se veut le relevé au sismographe d’une rencontre, mais ressemble trop souvent aux tribulations d’un couple de top models en pleine déshérence sentimentale.

Après Girl, lauréat de la Caméra d’or en 2018, Lukas Dhont poursuit son exploration de la fin de l’enfance comme processus de transformation et de vacillement.

Park Chan-wook évoque la pandémie de Covid-19, lors de laquelle « les frontières entre les pays se sont levées », durant laquelle « on a eu du mal à communiquer » et surtout où l’« on avait très peur les uns des autres et où les salles de cinéma ont été désertées ».

On a pu vaincre ce virus. Je suis persuadé que grâce aux cinéastes, nous pourrons vaincre la peur du cinéma et que le public reprendra le chemin des salles.

Retrouvez notre entretien réalisé avec le cinéaste sud-coréen en 2016 :

Comme à son habitude, le réalisateur coréen investit un jeu de manipulations hitchcockien hautement ambivalent, propice à tous les renversements.

« Souhaitons un bon anniversaire à Cannes et rappelons-nous que 75, ce n’est que le début », a lancé l’actrice française Carole Bouquet avant que le réalisateur Ladj Ly remette ce « prix spécial » aux frères belges pour leur film, qui suit le parcours de deux immigrés béninois en quête de papiers. Ils ont dédié leur prix au « boulanger de Besançon », Stéphane Ravacley, qui s’était battu pour la régularisation de son apprenti guinéen menacé d’expulsion.

« On a voulu réaliser un film qui parle de la vie dans toute sa fragilité et toute sa force », a déclaré Charlotte Vandermeersch lors de son discours avant de se tourner vers son compagnon avec qui elle a coréalisé Les Huit Montagnes : « Ce film nous a réunis. Je te remercie du fond de mon cœur. Je t’aime ! »

Felix Van Groeningen précise que les deux réalisateurs belges ont appris la langue de Dante pour tourner en italien avec des acteurs italiens. « Ça a été un voyage merveilleux. »

A travers l’odyssée d’un baudet, de la Pologne à l’Italie, Jerzy Skolimowski propulse sur la Croisette un ovni d’envergure.

Longue chronique existentielle, le premier film de la compétition, réalisé par Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen, pèche par son côté factice.