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Vers une nouvelle crise post-électorale au Gabon

Le pouvoir a coupé Internet et instauré un couvre-feu alors que le candidat d'une opposition unie affirme avoir remporté le scrutin présidentiel face au chef de l'Etat sortant, Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009. Les autorités électorales devraient annoncer le résultat dans les jours qui viennent. Le risque d'affrontements semble non négligeable.

Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, est au pouvoir depuis quatorze ans, après avoir succédé à son père, décédé après 42 ans de règne.
Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, est au pouvoir depuis quatorze ans, après avoir succédé à son père, décédé après 42 ans de règne. (Arlette Bashizi/NYT-redux-REA)

Par Yves Bourdillon

Publié le 29 août 2023 à 10:05Mis à jour le 29 août 2023 à 14:49

Le Gabon risque de connaître une nouvelle crise post-électorale. Les 2,3 millions d'habitants de cette ex-colonie d'Afrique centrale de la France attendent dans une certaine nervosité les résultats des élections présidentielle, législatives et municipales de samedi.

Une nervosité compréhensible, puisque le gouvernement a coupé Internet samedi, technique classique désormais de par le monde pour prévenir toute contestation de résultats électoraux, et instauré un couvre-feu de 19 heures à 6 heures du matin jusqu'à nouvel ordre.

Albert Ondo Ossa, le candidat d'une opposition qui s'est unie in extremis derrière lui, huit jours avant le scrutin, a dénoncé des fraudes massives et exigé d'être proclamé président élu face à Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009. Il avait alors succédé à son père Omar Bongo, décédé, président depuis 1967 et qui n'avait accepté le multipartisme qu'en 1990.

Une élection sans observateurs, ni journalistes étrangers

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Albert Ondo Ossa, un professeur d'économie de 68 ans, peu connu du grand public et ancien ministre de l'Education d'Omar Bongo, a demandé au président en exercice de « partir », se « portant garant » de sa sécurité. Il avait déjà été candidat en 2009 où il avait obtenu… 0,2 % des voix.

Pour justifier la fermeture d'Internet et l'instauration d'un couvre-feu, le gouvernement a invoqué l'« intérêt supérieur de la nation », la nécessité de parer aux « appels à la violence » et aux « fausses informations » dans les réseaux sociaux, et de « prévenir tout débordement afin d'assurer la sécurité » des populations. La télévision publique a ensuite annoncé que la fermeture de certains bureaux de vote avait été repoussée de plusieurs heures, nombre d'entre eux n'ayant ouvert que très tardivement en raison notamment de l'absence de matériel de vote.

Ces élections se sont déroulées sans observateurs internationaux et aucun journaliste étranger n'a reçu les accréditations demandées ou n'a été autorisé à entrer au Gabon pour les couvrir. Dans la soirée, la chaîne de télévision publique a en outre annoncé « l'interdiction provisoire de diffusion au Gabon des médias France 24, RFI et TV5 Monde », auxquels il est « reproché un manque d'objectivité et d'équilibre dans le traitement de l'information en lien avec les élections générales en cours ».

Le souvenir des émeutes de 2016

Ali Bongo, 64 ans, brigue un troisième mandat, malgré un bilan économique et social mitigé, les accusations de corruption et des questions sur son état de santé. Il a été victime d'un accident vasculaire cérébral en 2018, l'opposition doutant depuis lors qu'il ait les capacités physiques et intellectuelles à diriger le pays. Ali Bongo a toutefois arpenté le pays durant la semaine précédent le scrutin.

L'opposition avait aussi critiqué une « modification des règles du jeu », il y a cinq mois, pour tailler une réélection sur mesure au sortant, en imposant un scrutin à un seul tour, permettant au président sortant de gagner à condition d'obtenir plus de voix que n'importe lequel des 13 candidats face à lui. Le mandat présidentiel avait à cette occasion était raccourci de sept à cinq ans. En 2016, Ali Bongo avait été réélu, mais avec seulement 5.500 voix d'avance sur l'opposant Jean Ping, qui dénonçait des « fraudes ». Des émeutes avaient secoué la capitale, Libreville, durant plusieurs jours. L'Assemblée nationale avait été incendiée et 27 manifestants tués par la police.

Le Gabon est l'un des pays les plus riches d'Afrique en PIB par habitant, grâce à son pétrole, son manganèse et ses ressources forestières. Mais « le pays peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive » et un tiers de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté, écrivait la Banque mondiale en avril 2023.

Yves Bourdillon

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