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Guerre au Soudan: la conférence de Paris engrange plus de 2 milliards d’euros de promesses

Une conférence humanitaire consacrée au conflit au Soudan débuté il y a un an s’est tenue à Paris ce 15 avril. Après un premier volet politique dans la matinée, l’après-midi a été consacré essentiellement à la levée de fonds pour alimenter le plan de réponse des Nations unies (ONU), qui n’était financé qu’à hauteur de 5% jusqu'à présent. Il fallait donc mobiliser.

Les participants à la conférence humanitaire sur la guerre du Soudan, un an après le début du conflit, réunis à Paris le 15 avril 2024.
Les participants à la conférence humanitaire sur la guerre du Soudan, un an après le début du conflit, réunis à Paris le 15 avril 2024. AFP - BERTRAND GUAY
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Près de 60 États étaient représentés, ainsi que les organisations régionales, les Nations unies et la communauté humanitaire. Ont finalement été réunis plus de 2 milliards d’euros de promesses, soit la moitié des 4 milliards nécessaires demandés par l'ONU.

Le montant a été annoncé par Emmanuel Macron, qui est venu clôturer l’événement dans la capitale. Selon le président français, « ce soutien va permettre de répondre aux besoins les plus urgents ». Coordination des efforts de médiation, cessez-le-feu et accès humanitaires sont les priorités avancées.

Le chef d'État a souligné la « cruauté » de cette guerre et salué le courage des Soudanais. « Les crimes de guerre ne resteront pas impunis », a-t-il déclaré, appelant au strict respect du droit international humanitaire.

Stopper les soutiens étrangers aux belligérants

Emmanuel Macron a également pointé « le cynisme terribles » de certaines puissances régionales, qui financent les belligérants et entretiennent ainsi le conflit. « Il nous faut coordonner tous les efforts mais il nous faut aussi stopper tous les financements qui sont faits par des proxys », a insisté le président français.

Dans leur déclaration finale, les participants demandent aux acteurs étrangers de cesser d’apporter un soutien armé ou du matériel aux deux camps ennemis. Personne n’est nommé, mais plusieurs rapports ont pointé le rôle des Émirats arabes unis, de l’Égypte, du maréchal Haftar en Libye ou encore la complaisance du Tchad pour le transit des armes, ce que Ndjamena a toujours nié.

Si les participants ont salué la mobilisation, les divergences de points de vue et d’intérêts se sont cependant fait entendre lundi après-midi, laissant paraître, en creux, les intérêts des différentes parties. Les participants se sont néanmoins accordés sur un message aux belligérants : ils leur ont demandé à nouveau de respecter le droit international, de ne pas entraver le déploiement de l’aide et de cesser immédiatement les hostilités.

L'action diplomatique des Émirats arabes unis a toujours soutenu, et continue de soutenir, les efforts pour réduire l'escalade et encourager le dialogue pour mettre fin au conflit au Soudan.

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Qatar et Emirats: ingérences et divergences dans le dossier soudanais

Houda Ibrahim

Durant la journée, plusieurs ministres ont demandé à ce que le monde n’oublie pas cette crise. La cheffe de la diplomatie allemande a dit que le monde avait « les yeux rivés sur le Proche-Orient », provoquant le « sentiment d’abandon » des Soudanais.

À l'occasion de cette journée, le secrétaire général de l’ONU a aussi donné de la voix. Antonio Gutteres a estimé qu’il s’agissait d’une « guerre contre le peuple soudanais » dont « les attaques indiscriminées pourraient constituer des crimes de guerre et contre l'humanité ».

Le problème des accès humanitaires

Les acteurs humanitaires ont, eux, accueilli positivement les promesses de dons, même si elles sont jugées encore insuffisantes. « Si nous n'étions pas en capacité de venir chercher des financements nouveaux, c'était clairement une catastrophe absolue avec des répercussions majeures », tempère Kevin Goldberg, le directeur général de Solidarités International, qui se félicite que ces engagements « soient significatifs », mais regrette que cela reste « bien en deçà des besoins ». « Il faut mettre au regard de ces deux milliards d'euros les conditions dans lesquelles les Soudanais vivent et les situations de famine dans lesquelles on se trouve. »

Les acteurs humanitaires espèrent voir les promesses de dons se concrétiser dans les deux prochains mois. Mais ils attendent surtout que les accès humanitaires soient enfin assurés pour pouvoir aider les populations qui ont une nécessité urgente d’assistance. Aujourd’hui, très contraints, peu d’acteurs réussissent à aller apporter aide et soin aux populations qui en ont besoin même dans la capitale.

« On a pas accès à Khartoum, on a pas accès à Wad Madani, rappelle Claire Nicolet, responsable des urgences chez Médecin sans frontière. Il reste des millions de personnes coincées là-bas sans aide humanitaire, parce qu'on nous refuse systématiquement l'accès à ces zones. Donc c'est ça qui nous intéresse dans ce sujet politique de l'accès et comment on peut vraiment forcer les parties au conflit à respecter leurs engagements, qu'ils avaient notamment pris à Jeddah. »

Un avis partagé par Isobel Coleman, l'administratrice adjointe de US AID, l'agence américaine pour le développement international, qui espère que cette conférence « ajoutera de la pression sur les belligérants ». « Cela met tout le poids, et toute la responsabilité sur les deux camps pour s'assurer que les organisations humanitaires puissent avoir accès aux populations. Les humanitaires travaillent dans un contexte extrêmement difficile, avec beaucoup d'obstacles mis en place ces derniers mois bloquant ainsi l'arrivée de cette aide tellement nécessaire. » 

Nous estimons que pour nous, au Tchad, il faut l'accès humanitaire. Mais pour pouvoir faciliter l'accès humanitaire, il faut d'abord financer. Il nous faut donc les financements des besoins humanitaires. Mais au-delà des financements, il faut la pression pour qu'il y ait un cessez-le-feu immédiat. Parce que si nous continuons comme ça, le Soudan risque de se désintégrer.

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Mahamat Saleh Annadif, ministre tchadien des Affaires étrangères

Charlotte Cosset

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