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Trois ans après Lubrizol, l'incendie dans un bâtiment de Bolloré Logistics près de Rouen ravive les inquiétudes

Incendie Bolloré

Incendie Bolloré - Témoin BFMTV

L'incendie survenu ce lundi à Grand-Couronne, au sud du Rouen n'a pas généré de pollution dangereuse, selon les autorités. Mais Paul Poulain, spécialiste dans la maîtrise des risques industriels, souligne auprès de BFMTV la dangerosité du lithium.

Un important incendie s'est déclaré ce lundi après-midi dans un bâtiment industriel loué par Bolloré Logistics contenant quelque 8000 batteries au lithium situé à Grand-Couronne, près de Rouen. L'incendie de ce site qui avait été évacué en fin d'après-midi, n'a pas fait de blessé.

Dans la nuit, la préfecture a annoncé que le feu avait été circonscrit. "Les opérations vont se poursuivre jusqu'à complète extinction des foyers résiduels", a indiqué le préfet dans un communiqué.

"Aucune restriction de circulation des personnes n'est mise en place et toutes les activités pourront avoir lieu ce mardi de façon habituelle" a-t-il ajouté.

Le préfet a assuré que le SDIS avait réalisé des mesures de la qualité de l'air qui ne font apparaître "aucun besoin de protection des populations: l'extinction du foyer prendra plusieurs heures mais sous le panache de fumée il n'y a pas de danger, et pas d'inquiétude sur une pollution de la Seine." Surtout que le site n'est pas classé Seveso.

Le lithium, un composant "extrêmement toxique"

Mais les inquiétudes restent nombreuses. Car le lithium, composant principal des batteries brûlées dans l'incendie, est particulièrement toxique, alerte Paul Poulain, spécialiste en sécurité incendie et dans la maîtrise des risques industriels.

"C'est extrêmement toxique (...) et ça a de multiples effets sur la santé", lance-t-il au micro de BFMTV. En fonction "des différentes substances qui sont dégagées, ça peut avoir un impact assez rapide sur le sang, les os et les dents", dit-il.

Pour Paul Poulain, le risque est "sous-estimé" par les autorités et affirme que les personnes se trouvant à proximité du site et sous le nuage devraient "se confiner."

"Les taux sont à zéro"

Selon le préfet de Seine-Maritime, "le seul risque chimique provient de la combustion du lithium qui peut dégager de l'acide fluorhydrique, uniquement dans le coeur du foyer", mais cette substance n'est "pas présente à l'extérieur du site".

Le colonel Remy Weclawiak, directeur départemental adjoint du SDIS76, présent à ses côtés, a expliqué que "les fumées sont parties très haut dans le ciel, il y a une bonne dispersion et les relevés à proximité du site et un peu à l'extérieur n'ont pas permis de trouver de monoxyde de carbone, d'acide chlorhydrique ou cyanhydrique, les taux sont à zéro".

"Le principe de précaution devrait prévaloir dans une situation inédite"

"Le principe de précaution devrait prévaloir dans une situation inédite, le plus gros incendie de batterie à lithium jamais enregistré en France, selon l'expert en risques industriels Paul Poulain", dit dans un communiqué la députée LFI de Seine-Maritime Alma Dufour.

"Trois ans après Lubrizol, je ne peux que dénoncer le fait que les habitants de la Métropole de Rouen soient toujours victimes du manque d’information et de l’absence de prise au sérieux des risques d’exposition à des substances chimiques dangereuses en combustion", écrit-elle.

Il y a trois ans, le 26 septembre 2019, un gigantesque incendie avait touché les entreprises Lubrizol et Normandie Logistique, à Rouen. 10.000 tonnes de produits chimiques étaient parties en fumée dans un grave incendie. Classé Seveso, ce site avait déjà connu un incident significatif le 21 janvier 2013 ayant généré un nuage nauséabond sur toute la région.

L'élue insoumise Alma Dufour demande ce lundi "la mise en place d’un suivi médical pour l’ensemble des personnes exposées aux fumées et la réalisation de prélèvements conservatoires, ainsi que la mise sous tutelle du site."

Ariel Guez