Assassinat de Samuel Paty : le procès s’est ouvert pour sept semaines à Paris
Sept hommes et une femme sont jugés par la cour d’assises spéciale jusqu’au 19 décembre pour leur implication présumée dans l’assassinat du professeur d’histoire-géographie, poignardé et décapité le 16 octobre 2020. Dont deux amis du terroriste, abattu par la police après l’attentat, poursuivis pour « complicité », qui encourent la réclusion à perpétuité.
Quatre ans après l’assassinat du professeur d’histoire-géographie, Samuel Paty, par un islamiste radicalisé, le procès de huit personnes s’est ouvert à la cour d’appel de Paris ce lundi 4 novembre. Sept hommes et une femme sont jugés pour leur implication présumée dans la campagne de haine et d’intimidation qui a précédé le crime ou soupçonnés d’avoir aidé le terroriste Abdoullakh Anzorov. Ce dernier, un Tchétchène de 18 ans, a poignardé et décapité l’enseignant à la sortie du collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le 16 octobre 2020, avant d’être abattu par la police.
Les jours précédant l’attentat, l’enseignant avait été la cible d’une intense campagne de cyberharcèlement. Tout avait commencé par le mensonge d’une élève de 13 ans qui avait accusé à tort le professeur de discrimination envers les musulmans lors d’une leçon sur la liberté d’expression. Elle n’y avait en fait pas assisté, mais sa version a été reprise massivement sur les réseaux sociaux par des adultes malveillants.
Cinq des accusés, qui comparaissent détenus, ont pris place dans le box vitré, encadrés par de nombreux gendarmes. Trois autres mis en cause comparaissent libres, sous contrôle judiciaire. Des proches de l’enseignant, accompagnés de leurs avocats, sont arrivés peu avant 10 h, en se tenant la main devant la salle d’audience, autour de laquelle est déployé un important dispositif de sécurité. La famille « demande une réponse judiciaire à la mesure de ce qu’il s’est passé », avait déjà précisé son avocate.
Deux jugés pour complicité, six pour association de malfaiteurs terroriste
Parmi les accusés, le père de la collégienne, Brahim Chnina, 52 ans, et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, seront jugés, eux, pour « association de malfaiteurs terroriste ». Ils risquent jusqu’à 30 ans de réclusion. Les deux hommes ont relayé, selon l’accusation, la version de l’adolescente sur les réseaux sociaux, stigmatisant le professeur et déclenchant à son encontre une déferlante de haine. Eux affirment avoir seulement voulu « obtenir une sanction administrative contre Samuel Paty ».
Deux amis de l’assaillant répondront de « complicité d’assassinat terroriste », passible de la réclusion à perpétuité, pour l’avoir accompagné pour l’achat d’un couteau ou l’avoir véhiculé jusqu’au collège. Azim Epsirkhanov, Tchétchène de 23 ans et Naïm Boudaoud, 22 ans connaissaient la radicalisation d’Anzorov et « n’ignoraient pas ses intentions criminelles », selon les juges d’instruction. Ce que Boudaoud et Epsirkhanov contestent.
La cour juge également trois personnes qui appartenaient à des groupes Snapchat gravitant autour d’Abdoullakh Anzorov. Le Turc Yusuf Cinar, le Russe d’origine tchétchène Ismaïl Gamaev et le Réunionnais Louqmane Ingar, tous âgés de 22 ans, ont, d’après l’accusation, échangé avec lui des messages à contenus djihadistes. Seule femme parmi les mis en cause, Priscilla Mangel, 36 ans, connue pour appartenir à la mouvance islamiste radicale, est accusée d’avoir « conforté » Anzorov dans son projet, même si elle n’en connaissait pas la nature exacte, selon les magistrats antiterroristes.