JO 2024 : le transfert de sans-abri de Paris vers les régions sous le feu des critiques

par F.R avec AFP
Publié le 24 mai 2023 à 9h57, mis à jour le 25 mai 2023 à 6h29

Source : TF1 Info

Avant la Coupe du Monde de rugby et les Jeux Olympiques, le gouvernement veut déplacer un public précaire depuis Paris vers les régions.
Alors que près de 5000 chambres d'hôtels ont été perdus pour l'hébergement d'urgence, les associations s'inquiètent.

À l'approche des Jeux Olympiques, le gouvernement veut inciter des milliers de sans-abri, principalement des migrants, à quitter la région parisienne pour la province, arguant de la baisse du nombre d'hôtels prêts à les héberger, un dispositif qui suscite inquiétudes et interrogations.

De nombreux hôteliers ne souhaitent en effet plus accueillir ces publics précaires car ils attendent un afflux de clientèle lors de la coupe du monde de rugby l'automne prochain, et des JO en 2024, observait début mai à l'Assemblée nationale le ministre du Logement, Olivier Klein. Près de 5.000 chambres ont ainsi été perdues pour l'hébergement d'urgence, précisait de son côté la députée (Modem) Maud Gatel. 

"Sas d'accueil régionaux"

Depuis la mi-mars, l'exécutif a donc demandé aux préfets de créer des "sas d'accueil temporaires régionaux" dans toutes les régions, à l'exception des Hauts-de-France et de la Corse, afin de "désengorger les centres d'hébergement" d'Île-de-France. Les personnes invitées à partir sont censées être prises en charge pendant trois semaines dans ces "sas" avant d'être "orientées", dans leur nouvelle région, "vers le type d'hébergement correspondant à leur situation".

Le dispositif concerne surtout des migrants, très nombreux en Île-de-France à vivre dans la rue ou en hébergement d'urgence. Toutefois, il ne les vise pas spécifiquement, en vertu du "principe de l'accueil inconditionnel", a précisé à l'AFP le cabinet du ministre du Logement. 

Depuis 2021, le gouvernement a déjà mis en place un dispositif similaire, mais centré uniquement sur les demandeurs d'asile.  Selon un rapport parlementaire rendu public mardi 23 mai, ce système "a fait preuve de son utilité et de son efficacité", mais un quart des personnes concernées a refusé de quitter l'Île-de-France. 

Le rapport appelle aussi l'État à mieux coordonner les transferts avec les municipalités, et à mieux protéger les élus locaux. Car ces transferts, rappellent les auteurs, font "l'objet d'une instrumentalisation politique ayant conduit à des menaces et des violences" envers les élus, qui ont culminé avec la récente démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique. 

Pour le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice, "accueillir des gens dans de bonnes conditions un peu partout en France plutôt qu'à la rue en Île-de-France, sur le principe c'est positif, mais est-ce qu'on s'en donne les moyens ?"

Le problème, souligne ce responsable associatif, est qu'"il manque des places d'hébergement d'urgence" dans les régions d'accueil, ainsi qu'une "impulsion politique du ministère de l'Intérieur pour un vrai travail d'accompagnement". Car "s'il s'agit de mettre des gens dans les bus et de ne plus s'en occuper ensuite, c'est de la dispersion, pas de l'accueil".


F.R avec AFP

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