Désormais au 1er tour on élimine, au second on dégage… La décomposition se poursuit

Désormais au 1er tour on élimine, au second on dégage ©AFP - XOSE BOUZAS / HANS LUCAS
Désormais au 1er tour on élimine, au second on dégage ©AFP - XOSE BOUZAS / HANS LUCAS
Désormais au 1er tour on élimine, au second on dégage ©AFP - XOSE BOUZAS / HANS LUCAS
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La France politique à l’issue de ce Premier tour. Retour sur les trois blocs qui résument cette élection présidentielle et les stratégies de recomposition pour le second tour.

Trois blocs dominants

Le bloc central de la Macronie, la gauche dominée de la tête et des épaules par LFI et l’extrême droite de Marine Le Pen.

Ces 3 forces ont consolidé leur score avec le vote utile de façon assez conjoncturelle. Ce paysage tripartite (plus basé sur des rejets que sur des adhésions), dès lors, risque d’être assez fragile. Ces derniers jours, des socialistes, des écologistes sont devenus mélenchonistes pour tenter d’éliminer Marine Le Pen dès le 1er tour, pour une fois en passant par la gauche plutôt que par la droite. Cet électorat du dernier moment retournera, pour partie, d’où il vient. En revanche, JL Mélenchon a su faire venir aux urnes nombre de jeunes avec enthousiasme. Marine Le Pen s’est hissée à 23% en dépolitisant son propos, en arrondissant les angles de sa radicalité plutôt qu’en proposant un projet identifié. Cette position évanescente est précaire. Enfin, Emmanuel Macron a fait une courte campagne, formulé des propositions mal abouties (le RSA, les retraites ou l’éducation). Il a capitalisé, au dernier moment, sur le risque qui semblait accru, de voir Marine Le Pen l’emporter. Donc ni Mélenchon, ni Le Pen, ni Macron ne doivent d’abord leur dynamique à une adhésion positive. JL Mélenchon libère 22 % des voix et devient, compte tenu de l’extrême faiblesse des 9 autres candidats, la vraie réserve de voix. Ses électeurs sont donc la clé du 2nd tour.

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Oui et c’est particulier parce que, généralement, est considéré comme réserve de voix pour un candidat les électeurs d’un candidat éliminé idéologiquement voisin. Or, comment parler de voisinage idéologique entre malenchonisme et lepenisme ou macronisme ?

Les finalistes s’adressent aux électeurs de J-L Mélenchon sur des registres différents. Marine Le Pen a tenu, hier soir, un discours social, ne parlant quasiment pas d’immigration, omettant ostensiblement Éric Zemmour. A la fin de son propos, on avait l’impression qu’elle allait dire "en conséquence, pas une voix pour l’extrême droite". La candidate joue sur une accointance supposée : l’antisystème et la protestation, antieuropéenne, antilibérale. J-L Mélenchon disait s’adresser aux "fâchés-pas-fachos". Marine Le Pen essaie de récupérer une partie des fâchés en tentant de démontrer qu’elle n’est pas facho. Emmanuel Macron voudra souligner que la candidate veut supprimer toutes les éoliennes, instaurer la préférence nationale et, de fait, sortir de l’Europe. Pour l’instant, sur le papier, Emmanuel Macron a un petit avantage puisqu’il suffit de ramener Marine Le Pen a son programme pour ébranler l’image lénifiante de la candidate du social, de l’apaisement et des chats.

Le risque, vu la configuration politique, c’est que cet entre-deux tours soit celui de la concurrence de deux rejets. Quel rejet l’emportera ? Traditionnellement il se disait qu’au 1er tour on choisit, au 2nd on élimine. Aujourd’hui c’est plutôt : Fatigue démocratique.

Quand s’achèvera cette décomposition politique, qui dure depuis des années, que l’on puisse enfin aborder la phase de recomposition ? On le saura quand, au fil des élections (nationales et locales), on verra la participation augmenter. Nous n’y sommes pas.

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