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Le fentanyl, la drogue qui ravage les Etats-Unis

Toutes les sept minutes, en moyenne, une personne meurt des effets de ce produit de synthèse peu onéreux, cinquante fois plus létal que l’héroïne, créé à l’origine pour soulager les patients atteints d’un cancer.

Par  (Washington, correspondant)

Publié le 09 janvier 2023 à 00h30, modifié le 09 janvier 2023 à 11h06

Temps de Lecture 3 min.

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LETTRE DE WASHINGTON

Saisie de 42 kg de fentanyl par la police du comté d’Alameda, en Californie, le 20 décembre 2022.

Gloria Chavez, cheffe de la police aux frontières dans la vallée du Rio Grande, au Texas, avait de quoi se réjouir, le 2 décembre 2022. Ses agents venaient de découvrir un chargement de drogue – du fentanyl – dissimulé sous forme liquide dans le réservoir à essence d’une voiture. « Cette quantité mortelle suffirait à tuer une population de 5,665 millions de personnes, ce qui représente deux fois et demie la taille de Houston ! », écrivait-elle sur Twitter. Derrière cette satisfaction ponctuelle et légitime se dessine un désastre national. Il concerne les quartiers chics comme les plus paupérisés, les zones urbaines comme les coins reculés du pays.

Aux Etats-Unis, toutes les sept minutes, en moyenne, une personne meurt des effets du fentanyl. Cette drogue de synthèse peu onéreuse, créée à l’origine pour soulager les patients atteints d’un cancer, est cinquante fois plus mortelle que l’héroïne et cent fois plus que la morphine. Elle se diffuse sous toutes les formes : liquide, en poudre, en comprimés. Depuis l’été 2022, la police antidrogue (Drug Enforcement Administration, DEA) a alerté au sujet de sa commercialisation sous une déclinaison multicolore pour séduire un public plus jeune et naïf. L’an dernier, la DEA a saisi près de 379 millions de doses de fentanyl, un record absolu.

Au total, selon les autorités sanitaires, 107 622 décès ont été enregistrés en 2021 pour usage de drogues, dont 66 % étaient liés au fentanyl. Les principaux importateurs sont deux réseaux criminels mexicains rivaux, le cartel de Sinaloa et le cartel de Jalisco nouvelle génération, l’une des cinq organisations les plus dangereuses au monde, selon le ministère de la justice américain.

Avant d’inonder les Etats-Unis, ces groupes n’ont plus besoin d’entretenir des plantations et de s’en remettre au beau temps, comme pour la marijuana ou l’opium. Ils acquièrent les composants chimiques en Chine pour ensuite fabriquer les pilules dans leurs laboratoires clandestins. Le transport de l’autre côté de la frontière requiert un mode opératoire classique. Quant à la dissimulation, c’est une affaire d’audace et d’ingéniosité : ces pilules ont notamment été retrouvées dans des boîtes de Lego ou des noix de coco. Le prix de vente varie en fonction du lieu, mais il est globalement en chute libre, en raison de l’explosion de l’offre.

L’administration Biden accusée de négligence criminelle

Dans une enquête remarquable en plusieurs volets, le Washington Post a récemment retracé tout ce parcours. Le quotidien a souligné les erreurs majeures commises par les administrations successives. « Le département de la sécurité intérieure, dont les agences sont responsables de la détection des drogues illégales aux frontières de la nation, a échoué à intensifier les technologies de scannage et d’inspection aux points officiels de passage, consacrant plutôt 11 milliards de dollars [10,3 milliards d’euros] à la construction d’un mur frontalier qui fait peu pour arrêter les trafiquants de fentanyl », expliquait le journal, le 12 décembre 2022.

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