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Guerre en Ukraine : après la chute de Marioupol, quel est le prochain objectif militaire de la Russie ?

Après la chute de Marioupol, matérialisée par la reddition de la dernière poche de résistance dans l’aciérie Azovstal, la Russie concentre désormais ses efforts militaires dans l’est et le sud de l’Ukraine.

Cassandre Riverain , Mis à jour le
Un habitant dans la rue à Marioupol, mardi.
Un habitant dans la rue à Marioupol, mardi. © AFP

Vendredi 20 mai, l’armée russe a affirmé avoir « entièrement libéré » l’usine d’Azovstal, actant ainsi la chute de la ville de Marioupol, après la reddition des derniers résistants. Après trois mois de guerre et alors que les combats dans le Donbass s’intensifient, la stratégie militaire de Vladimir Poutine semble difficile à cerner. 

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Dans le Donbass, Severodonetsk et Lyssytchansk, ces deux villes jumelles que les forces russes tentent d’encercler, constituent la dernière poche de résistance. Jeudi, la vice-ministre ukrainienne de la Défense a prévenu que les combats dans l’Est de l’Ukraine ont atteint leur « intensité maximale ». Pour Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’IRIS, « le premier objectif de Vladimir Poutine est bien cette région, celles qui devaient dans les accords de Minsk faire l’objet d’un statut particulier. » Avec un but : parvenir à une situation qui ne pourrait pas être contestée qui pourrait passer par une intégration directe à la Russie de ces territoires. 

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Pour ce qui est de la suite de la guerre, « beaucoup de critères entrent en jeu » selon Carole Grimaud Potter, enseignante , à l'université de Montpellier et fondatrice du think tank CREER, à commencer par l’issue de « cette bataille à haute intensité qui a lieu dans un petit rayon ». Selon elle, l’objectif est également de conquérir la totalité du Donbass. « Les Russes n’ont pas réussi à prendre Kharkiv, qui est la deuxième ville du pays et qui aurait été une victoire importante. Je pense qu’ils se concentrent désormais sur le Donbass pour le récupérer dans ses frontières administratives », analyse l’enseignante. 

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« Poutine veut prendre quelque chose »

Ensuite les régions de Dnipro et de Poltava, qui sont très riches, pourraient également représenter un intérêt pour les Russes. « Ces régions disposent de réserves de pétrole très importantes. Zaporijia a la centrale nucléaire », explique la spécialiste. Et ces deux régions font l’objet de combats également. Selon elle, « Poutine veut prendre quelque chose, et s’il s’empare des régions industrielles et des régions maritimes, l’Ukraine qui restera sera complètement affaiblie économiquement. »

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La bataille d’Odessa pourrait être également l’une des grandes batailles à venir. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, la ville portuaire est un des objectifs de l’armée russe. Bien qu’elle n’ait pas subi d’offensive terrestre, Odessa est la cible d’intenses bombardements. La piste de son aéroport a d’ailleurs été détruite le 30 avril. « Les Russes sont actuellement sur notre terre et ils bombardent nos villes, tuant nos gens et nos soldats », a dénoncé Guennadi Troukhanov, le maire de la ville, lors d’un entretien à l’AFP le 20 mai.

Le port d’Odessa, vital pour l’exportation de denrées et notamment des céréales, subit les conséquences du blocus maritime imposé par Moscou depuis le début de l’offensive. « Prendre le Sud pourrait constituer un deuxième objectif pour Vladimir Poutine, estime Jean-Pierre Maulny. Pour faire le lien avec la Crimée mais aussi pour priver d’accès à la mer noire l’Ukraine ce qui la mettrait dans une situation où elle serait obligée de négocier pour exporter des produits en passant par la mer noire. »

Et selon Carole Grimaud Potter, « les renseignements américains pensent que la prochaine étape pourrait être de conquérir Odessa et d’aller vers la Transnistrie »

Une guerre d'usure 

Ce qui sûre en tout cas, selon les deux chercheurs, c’est que le conflit se dirige vers une guerre d’usure. « Pour l’instant nous sommes dans une situation qui commence à ressembler à ce que nous avons vu pendant la 1ère guerre mondiale : une ligne de front qui ne bouge pas ou très peu. »

Or le conflit dure depuis trois mois. « C’est un conflit où on utilise énormément de munitions et où les échanges sont importants. Marioupol a mis énormément de temps à tomber. Les deux protagonistes se placent maintenant dans guerre d’usure en se disant que l’un ou l’autre va céder et aller à la table des négociations. » Une situation d’autant plus difficile que les Européens et les Américains, qui s’opposent fermement à la prise de territoires par la force, continuent de soutenir l’armée ukrainienne face à la Russie dans le Donbass. 

« Il y a une volonté d’épuisement de l’autre qui fait qu’on est dans un conflit de long terme. C’est difficile d’imaginer une percée massive des deux côtés », estime Jean-Pierre Maulny. 

Et même s’ils remportent le Donbass, difficile de croire que la Russie s’arrêtera. « Ils auraient déjà pu le faire avec la chute de Marioupol et la reddition du bataillon Azov qui matérialise selon Poutine la nazification de l’Ukraine, selon Carole Grimaud Potter. Or il n’y a pas eu d’annonce officielle disant qu’ils avaient vaincu le nazisme en Ukraine. »

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