L’Ukraine et les États-Unis ont dévoilé une proposition de cessez-le-feu de trente jours avec la Russie, suite aux négociations organisées mardi 11 mars à Djedda, en Arabie saoudite. Washington en a profité pour lever le gel des aides militaires et le partage de renseignements à Kiev, alors que la prochaine étape est de convaincre Moscou. « Je crois qu’ils vont devoir être impliqués », a ajouté, mercredi 12 mars, le secrétaire d’État américain Marco Rubio à propos des Européens, prenant soin de préciser que la Russie demanderait la levée des sanctions prises à son encontre.

© Doug Mills/The New York Times
L’Ukraine est « prête pour la paix ». C’est ce qui ressort des pourparlers organisés avec les États-Unis à Djedda, en Arabie saoudite, dont est ressortie une proposition de cessez-le-feu de trente jours avec la Russie, mardi 11 mars. Washington en a aussi profité pour annoncer la levée « immédiate » de la suspension de l’aide militaire à Kiev.
« La balle est à présent dans (le) camp » de la Russie, a conclu le secrétaire d’État états-unien, Marco Rubio, à la sortie d’une rencontre ayant duré près de neuf heures. En difficulté tant sur le terrain – son armée connaît des déconvenues dans la région russe de Koursk ou dans le Donbass – comme au niveau diplomatique – les États-Unis ont redoublé de menaces pour leur tordre le bras -, l’Ukraine peut ainsi s’inscrire dans l’initiative et oblige la Russie à réagir.
Les contours d’un possible cessez-le-feu
Côté états-unien, le secrétaire d’État, Marco Rubio, l’émissaire au Moyen-Orient, Steven Witkoff, et le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, se sont chargés de mener les discussions – auxquelles la Russie n’était pas conviée. Le ministre des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, le ministre de la Défense, Rustem Umerov, Andriy Yermak, qui dirige le cabinet présidentiel, et un membre de l’état-major, le colonel Pavlo Palisa, représentaient, quant à eux, le camp ukrainien.
En est ressorti une déclaration commune, qui dessine les contours d’un possible cessez-le-feu entre Kiev et Moscou. Un texte qu’Emmanuel Macron (président de la République française) veut prolonger afin de « passer du concept au plan » de paix, que « soutient pleinement » Giorgia Meloni (présidente du conseil d’Italie), que Donald Tusk (premier ministre de la Pologne) estime comme étant un « pas important vers la paix » et qui doit aboutir à une « paix durable et pérenne », annonce la diplomatie chinoise.
« L’Ukraine s’est déclarée prête à accepter la proposition des États-Unis d’instaurer un cessez-le-feu immédiat et provisoire de 30 jours, qui pourra être prolongé par accord mutuel des parties, et qui est soumis à l’acceptation et à la mise en œuvre simultanée par la Fédération de Russie », annonce le texte en question, publié dans la foulée des négociations.
Les États-Unis y annoncent leur intention de communiquer l’accord à la Russie, tandis qu’ils confirment que la suspension du « partage des renseignements » et de « l’assistance en matière de sécurité » à l’Ukraine doit être levée. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a annoncé que Moscou « n’exclut pas des contacts avec des représentants des États-Unis pendant les prochains jours ».
« Je crois qu’ils vont devoir être impliqués », a ajouté, mercredi 12 mars, le secrétaire d’État américain Marco Rubio à propos des Européens, prenant soin de préciser que la Russie demanderait la levée des sanctions prises à son encontre depuis le début de la guerre, il y a plus de trois ans.
« L’Ukraine est prête pour la paix »
La prudence reste néanmoins de mise : s’il aurait confié être « ouvert au dialogue avec la nouvelle administration américaine sur le conflit ukrainien », Vladimir Poutine insisterait pour qu’une solution soit trouvée sur le long terme, affirme le journaliste accrédité auprès de la présidence russe, Dmitri Smirnov. « L’objectif ne devrait pas être d’atteindre une trêve courte, regrouper les forces et se réarmer, avec le but de poursuivre le conflit, mais une paix de long terme fondée sur le respect des intérêts légitimes de tout le peuple, de toutes les nations vivant dans cette région », aurait ainsi lancé le dirigeant russe.
Une référence aux territoires conquis au fil de ces mois de conflit, que Moscou a tout intérêt à vouloir conserver. « L’Ukraine est prête pour la paix, a rétorqué Volodymyr Zelensky dans une vidéo publiée sur son compte Telegram, mardi 11 mars. La Russie doit montrer sa volonté de mettre fin à la guerre ou de la poursuivre. » Les délégations ukrainienne et états-unienne ont également discuté de « l’importance des efforts de secours humanitaires ». Les deux partis souhaitent notamment que soit mis en place, durant la période de trêve, « l’échange de prisonniers de guerre, la libération de détenus civils et le retour des enfants ukrainiens transférés de force » par la Russie.
Des équipes de négociation doivent être montées le plus rapidement possible afin d’entamer « immédiatement » les négociations en vue d’une paix durable « qui assure la sécurité de l’Ukraine à long terme », annonce la déclaration commune. « Les États-Unis se sont engagés à discuter de ces propositions spécifiques avec des représentants de la Russie. La délégation ukrainienne a réitéré que les partenaires européens seront impliqués dans le processus de paix » poursuit le texte.
La prochaine étape reste donc de convaincre la Russie. Donald Trump a confirmé, mardi 11 mars, qu’il « [allait] parler à Vladimir Poutine ». Des échanges doivent, plus largement, avoir lieu entre Washington et Moscou d’ici la fin de semaine.
L’administration Trump reste cependant fidèle à sa ligne diplomatique qui peut se résumer à une réplique du Parrain « I’m gonna make him an offer he can’t refuse » (je vais lui faire une offre qu’il ne pourra pas refuser. N.D.L.R.). Le texte cosigné avec l’Ukraine se conclut ainsi avec une référence directe à l’accord sur les minerais ukrainiens imposé par Donald Trump. Fidèle à sa stratégie libérale et impérialiste, le président des États-Unis a conditionné l’aide de son administration envers Kiev à un accaparement de ces ressources indispensables à la fabrication d’ordinateurs ou de voitures électriques. « Je ne le présenterais pas comme une garantie de sécurité, mais certainement, si les États-Unis ont un intérêt économique qui génère des revenus pour notre peuple ainsi que pour le peuple ukrainien, nous aurions un intérêt à le protéger », a déclaré Marco Rubio à des journalistes, mercredi 12 mars.
« Les présidents des deux pays ont convenu de conclure dès que possible un accord global pour le développement des ressources minérales essentielles de l’Ukraine », euphémise de son côté la déclaration. De quoi laisser l’opportunité aux États-Unis de sortir vainqueurs de la séquence.
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