La création d’un État palestinien est le seul moyen crédible de parvenir à la paix au Moyen-Orient, ont affirmé lundi les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE), réunis à Bruxelles, exprimant par ailleurs leur “inquiétude” face au rejet clair de cette idée par le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, relate le Huffington Post.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a ainsi déclaré qu’Israël ne pouvait pas construire la paix “uniquement par des moyens militaires”, rapporte Al-Jazeera. “Ce que nous voulons, c’est construire une solution à deux États. Alors parlons-en”, a-t-il précisé, demandant “quelles sont les autres solutions qu’ils ont en tête ? Faire partir tous les Palestiniens ? Pour les tuer ?

Considérée pourtant, selon le New York Times, comme une “fervente défenseur d’Israël”, la ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, a cette fois-ci soutenu Josep Borrell, affirmant qu’il s’agissait de la “seule solution” au conflit et que “tous ceux qui disent ne pas vouloir en entendre parler n’ont proposé aucune alternative”.

Difficile d’asseoir les Israéliens à la table

Avant la réunion, le haut représentant de l’UE avait envoyé à ses 27 collègues “une feuille de route vers la paix”, fait savoir le Jerusalem Post, précisant toutefois qu’il n’était plus question de réanimer le sempiternel “processus de paix au Moyen-Orient” mais bien d’enclencher un “processus de mise en œuvre de la solution à deux États”.

Au cœur de ce plan en douze points, soutenu par les membres de l’UE, se trouve un appel à une “conférence préparatoire de paix”, qui serait organisée par l’UE, l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et la Ligue arabe, ainsi que les États-Unis et les Nations unies. Mais comment faire pression efficacement sur l’État hébreu ? Certains pays, comme le Luxembourg, ont ainsi tenu à préciser que “si Israël n’est pas à la table, cela ne sert à rien d’avoir des conférences de paix”.

Or c’est bien là toute la “difficulté”, souligne El País, qui observe que le ministre des Affaires étrangères israélien, Israël Katz, “n’a même pas évoqué d’éventuelles négociations” avec les Palestiniens lors de la réunion. Celui-ci a préféré montrer à la presse des photos de jeunes otages israéliens détenus par le Hamas, et présenter à ses homologues européens des plans d’île artificielle au large de Gaza ou de chemin de fer vers l’Inde. “Des propositions qui n’ont rien à voir” avec les pourparlers de paix, a grincé Josep Borrell, visiblement agacé, ajoutant “que le ministre [israélien] aurait pu mieux utiliser son temps pour s’inquiéter de la sécurité de son pays et du nombre élevé de morts à Gaza”.

Des dividendes de la paix

Trente ans de processus de paix au Moyen-Orient n’ont produit aucun résultat”, regrette Le Soir. Comment faire en sorte qu’il en soit différemment cette fois-ci ? “Acceptons pour le moment que, malheureusement, les deux parties ne veulent pas négocier. Mais cela ne doit pas nous conduire à nous asseoir et à attendre”, a confié au quotidien belge le représentant spécial de l’UE pour la région, Sven Koopmans.

Parmi les idées avancées, détaille Le Soir : mobiliser les pays du Moyen-Orient avec la perspective de dividendes de la paix, à savoir un “paquet sans précédent” de coopérations économiques, politiques, culturelles et de sécurité avec les parties, en échange d’une paix israélo-palestinienne sur la base de la solution à deux États et de la pleine reconnaissance d’Israël par les pays arabes.

“Davantage de morts n’aideront pas à vaincre le Hamas ou son idéologie et ne renforceront pas la sécurité d’Israël. Il faut tendre la main aux partenaires pour trouver une solution”, a finalement plaidé Josep Borrell.