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Retraites : les grèves et les blocages vont-ils durer deux mois comme en 2019 ?

En 2019-2020, les grèves contre la réforme des retraites avaient duré quasiment deux mois, notamment à la RATP et la SNCF. Rebelote en 2023 ?

Michaël Bloch , Mis à jour le
Le 5 décembre 2019, premier jour de la mobilisation contre la réforme des retraites en 2019, 90 % du trafic RATP avait été interrompu.
Le 5 décembre 2019, premier jour de la mobilisation contre la réforme des retraites en 2019, 90 % du trafic RATP avait été interrompu. © Benjamin Mengelle / Hans Lucas via AFP

Une journée noire ? Et après ? Après la présentation de la réforme des retraites par la Première ministre, Élisabeth Borne, l’intersyndicale a appelé à une première journée de mobilisation le 19 janvier, qui devrait être très suivi, afin de « donne[r] le départ d’une puissante mobilisation sur les retraites dans la durée ». 

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La riposte pourrait être particulièrement forte dans le temps à la SNCF, à la RATP et dans le secteur énergétique, alors que le gouvernement prévoit notamment de supprimer les régimes spéciaux pour les nouveaux entrants dans les transports franciliens et dans la branche des industries électriques et gazières (IEG). À la SNCF, les nouveaux entrants ne bénéficient pas d’un régime spécial depuis 2018. 

Une grève illimitée ?

En 2019, lors d’une première tentative pour réformer les retraites et supprimer les régimes spéciaux par l'exécutif macroniste, les grèves avaient duré quasiment deux mois dans les transports, perturbant les déplacements des Français et lançant le phénomène du télétravail massif, quelques mois avant la crise du Covid. À la RATP et à la SNCF, le record du plus long conflit social avait été battu. Et cette fois-ci ? « On va construire une action de grande ampleur. 2019, elle va le revivre en 2023. [...] Métros, RER..., on va bloquer. » a affirmé sur LCI le secrétaire général FO-RATP, Laurent Djebali. Les syndicats CGT, FO, Unsa et CFE-CGC ont aussi fait savoir qu’ils étaient « prêts » à s’opposer à la réforme alors que 40 000 salariés sont soumis à un régime spécial de retraite à la RATP.

Lire aussi - Retraites : voici ce qui peut encore changer dans la réforme

À la SNCF, l'intersyndicale composée de la CGT, l'Unsa, SUD et la CFDT s'est dite « prête à lancer la bataille nécessaire » et appelle dans un communiqué « à une grève puissante » dans le rail le 19 janvier. « La division et l'inaction n'ont pas leur place », insistent les quatre fédérations. Interrogé par BFMTV, Matthieu Bolle-Reddat de la CGT Cheminots, a, lui, lancé : « En 2019-2020, j'ai fait 53 jours de grève pour la défense des 43 régimes et des 23 millions de salariés du public et du prive. On a d'ailleurs gagné. Je suis prêt à faire 50-60 jours de grève pour mettre à bas cette réforme injuste. »

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Pour ces deux entreprises, la question sera de savoir si les salariés sont vraiment prêts à faire grève de manière « illimitée » [non limitée dans le temps] comme en 2019, pour combattre le projet gouvernemental. Pour le moment, aucun syndicat à la SNCF et à la RATP n’a appelé spécifiquement à une grève illimitée dans ces deux entreprises.

« Le calendrier parlementaire nous donne un cadre », estime Solidaires 

Ce jeudi, les syndicats CGT de la branche pétrole ont, eux, appelé à plusieurs jours de grèves les 19 et 26 janvier ainsi que le 6 février avec « si nécessaire, l'arrêt des installations de raffinage ». Le mouvement doit débuter par un premier arrêt du travail de 24 heures le 19 janvier, jour de la mobilisation nationale interprofessionnelle. Pour le 26 janvier, la CGT appelle à 48 heures de grève, puis à 72 heures le 6 février. FO-Transports et logistique, qui rassemble aussi bien les routiers que les ambulanciers, chauffeurs de car ou transporteurs de fonds, souhaite, pour sa part, lancer un mouvement « en illimité » à partir du 19 janvier pour préparer « la riposte massive et dure ».

Alors combien de temps pourrait durer cette mobilisation ? « Le calendrier parlementaire nous donne un cadre avec lequel on va devoir composer », estime, sollicitée par le JDD, Murielle Guilbert, co-déléguée générale de Solidaires. Le projet de loi doit arriver en discussion à l’Assemblée le 6 février et la discussion parlementaire doit s'étaler jusqu’en mars avant une application voulue par le gouvernement au 1er septembre 2023. 

« Nous n'appelons pas pour l'instant à une poursuite de la grève après le 19 janvier, mais on analysera finement ce qui se passera sur le terrain, si on est 90 % de grévistes évidemment qu'on continuera la mobilisation ! On prévoit également des suites rapides après le 19. », affirme, interrogé par le JDD, Benoît Teste de FSU, première fédération syndicale en France de l'enseignement. 

« On a besoin d'une montée en puissance pour montrer que l'opposition à ce projet de réforme se renforce de jour en jour et rendre la situation du gouvernement intenable. Le gouvernement a déjà des difficultés à justifier cette réforme, il faut amplifier cela pour que la situation du gouvernement devienne intenable. Notre objectif est de gagner », assure-t-il. 

L’enjeu de l’opinion publique 

Un des grands enjeux des prochaines semaines sera, en effet, de remporter la bataille de l’opinion. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 60 % des Français approuvent actuellement la mobilisation contre la réforme des retraites. Mais que se passera-t-il en cas de conflit long, de blocages et de grèves ? Qui sera blâmé ? Les syndicats ou le gouvernement ? Jeudi, Élisabeth Borne a lancé le combat du récit médiatique en appelant les syndicats à « ne pas pénaliser les Français ».

De son côté, Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l'UNSA, sollicité par le JDD, prévoit, lui, un conflit « dur » sauf si « le gouvernement entend la colère des salariés ». « À partir du 19 janvier, il n'y aura pas un jour sans mobilisation partout sur le territoire avec des grèves, des manifestations, des pétitions sur les marchés, des rendez-vous avec les parlementaires pour l'intersyndicale », note-t-il. Le gouvernement ne se projette pas « dans l'idée d'une mobilisation massive », a pourtant assuré mercredi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

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