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Jamais encore une tentative d’entrée à Melilla depuis le Maroc n’avait fait autant de victimes. Au moins 23 personnes sont mortes, vendredi 24 juin, en essayant de franchir la clôture qui sépare le territoire marocain de l’enclave espagnole, selon le dernier décompte fourni par Rabat. Les ONG locales ont, pour leur part, recensé au moins 37 morts parmi les migrants. Un bilan encore provisoire.
Samedi, neuf ONG, marocaines et espagnoles, ont exigé « l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire indépendante ». De leur côté, l’Organisation internationale pour les migrations et le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés ont rappelé « la nécessité en toutes circonstances de prioriser la sécurité des migrants et des réfugiés, d’éviter un usage excessif de la force, ainsi que de respecter leurs droits fondamentaux ».
Les témoins, sur place, décrivent une « spirale de violences ». Dans la nuit de jeudi à vendredi, entre 1 300 et 2 000 personnes se sont rassemblées dans la forêt de Nador, ville marocaine limitrophe de Melilla. Des hommes, jeunes, des « Soudanais et Nigérians » pour la plupart, selon le Collectif des communautés subsahariennes au Maroc.
A l’aube, « ils ont parcouru les quatre kilomètres qui séparent la forêt de la barrière de Melilla », raconte un militant de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), ajoutant qu’ils étaient « armés de pierres, bâtons, quelques-uns même de crochets et de couteaux ».
Les affrontements avec les forces de l’ordre ont débuté à l’approche des barbelés. Selon les autorités locales marocaines, les victimes ont trouvé la mort « dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer », lors d’un « assaut marqué par l’usage de méthodes très violentes de la part des migrants ».
Mais « les forces de l’ordre marocaines aussi ont été violentes, souligne un militant de l’AMDH. Entassés au niveau de la barrière, les migrants ont été encerclés dans un espace très étroit ; ils ont été gazés et matraqués. (…) La garde civile espagnole observait leurs collègues marocains faire le sale boulot en se croisant les bras ».
Pression montée d’un cran
Le soir du drame, les autorités marocaines ont fait état de 76 blessés du côté des migrants, 140 parmi les forces de l’ordre. Selon la préfecture de Melilla, 133 migrants sont parvenus à entrer dans la ville.
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