Pourquoi les jeunes font-ils de moins en moins d'enfants ?

Les Français et les Françaises font de moins en moins d'enfants et de plus en plus tard. ©Getty
Les Français et les Françaises font de moins en moins d'enfants et de plus en plus tard. ©Getty
Les Français et les Françaises font de moins en moins d'enfants et de plus en plus tard. ©Getty
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Les Français et les Françaises font de moins en moins d'enfants, c'est ce que certains appellent le "baby crash". L'INSEE le confirme dans son dernier bilan annuel : la natalité est en recul de 6,8% sur les onze premiers mois de 2023 par rapport à la même période de 2022.

Ca ne veut pas dire que les Français et les Françaises ne veulent plus faire d'enfants, c'est qu'ils en font moins et plus tard. "Avoir des enfants ? Je ne me pose pas la question pour l'instant" assure David, 21 ans, croisé dans les rues de Paris. Son pote Alexis enchaîne : "peut-être à 30, ou 35 ans, quand on aura trouvé une stabilité financière et pourquoi pas avoir voyagé. C'est le genre d'expérience qu'il vaut mieux vivre avant d'avoir un enfant". 
Shaima a 18 ans, mais pense déjà au futur des générations à venir : "ils ne se développeront pas dans un environnement favorable avec le changement climatique ou les tensions politiques". 
Si le nombre de naissances devrait atteindre un nouveau point bas historique sur l'ensemble de l'année, la situation n'est pas si catastrophique qu'elle en a l'air. "C'est surtout le prolongement d'une baisse qui a commencé en 2010 qui s'est accentuée en 2014 et qui prend une nouvelle accélération", explique Laurent Toulemon, démographe et directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques. "Avec 1,7 enfant par femme en moyenne en 2023, la très grande majorité des habitants vont avoir au moins un enfant." 
La France reste championne de la fécondité en europe, mais se rapproche de plus en plus de ses voisins. C'est une baisse qui touche toutes les catégories sociales. Mais chez les jeunes, qui font de plus en plus d'études longues, l'indépendance financière arrive plus tard, ce qui repousse le moment d'avoir son premier enfant. A cela s'ajoute l'inquiétude de voir son pouvoir d'achat baisser, dû à la hausse des prix de l'alimentaire et de l'énergie, ou encore les craintes liées au contexte géopolitique tendu et à la crise climatique.

Problème sociétal

Sans oublier qu'au quotidien, le poids de la maternité repose encore trop souvent sur les épaules des femmes. Lucile Quillet, autrice de l'essai "Le prix à payer, ce que le couple hétéro coûte aux femmes " paru aux éditions Les liens qui libèrent et membre de l'Observatoire de l'émancipation économique de la Fondation des femmes parle alors du "coût d'être mère". " L'arrivée d'un enfant dans un couple va faire exploser le travail domestique souligne-t-elle. La femme va ajouter 5h de travail domestique là où un homme n'en ajoute qu'une à ce qu'il faisait déjà ." Le problème est sociétal selon elle, avec 200 000 places en crèche manquantes pour couvrir les besoins immédiats, " quand vous n'avez pas de place en crèche, vous faites un calcul très pragmatique au sein des couples : c'est le plus bas revenu va se sacrifier pour la garde de l'enfant. Et dans 75% des couples la femme gagne moins que l'homme. Donc ce sont les femmes qui sont impactées par la maternité dans leur temps de travail, dans leur rémunération, dans le calcul de leurs retraites donc dans leur indépendance économique."

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