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Au Sénégal, les opposants Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye libérés de prison à quelques jours de l’élection présidentielle

Les deux hommes ont quitté la prison du Cap Manuel, suscitant des scènes de joie dans la capitale sénégalaise.

Par  (Dakar, correspondance) et  ( Dakar, correspondance)

Publié le 15 mars 2024 à 01h47, modifié le 15 mars 2024 à 09h11

Temps de Lecture 3 min.

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Des partisans du leader de l’opposition, Ousmane Sonko, alors emprisonné, soutiennent le candidat à l’élection présidentielle Bassirou Diomaye Faye, à Dakar, le 12 mars 2024.

L’annonce de leur libération a provoqué des scènes de liesse et fait résonner le son des klaxons partout dans les rues de Dakar, la capitale sénégalaise. Ousmane Sonko, le principal opposant du pays, et Bassirou Diomaye Faye, son bras droit et candidat désigné pour le remplacer dans la course à la présidentielle prévue le 24 mars, ont quitté ensemble, jeudi 14 mars dans la soirée, la prison dakaroise du Cap Manuel. Les deux hommes étaient incarcérés pour plusieurs chefs d’inculpation, dont « appel à l’insurrection », respectivement depuis sept et onze mois.

Une foule dense s’est agglutinée devant les portes de la prison d’où est sorti dans la nuit un 4 × 4 noir tandis que des centaines de personnes se sont rassemblées devant le domicile d’Ousmane Sonko. « Sonko, tu nous as manqué », chantaient ses partisans réunis à la cité Keur Gorgui, beaucoup brandissant des portraits de leur idole.

Les deux hommes sont les principaux bénéficiaires de la loi d’amnistie sur les faits se rapportant aux manifestations politiques qui ont secoué le Sénégal entre 2021 et 2024, au cours desquelles une soixantaine de personnes ont été tuées, selon Amnesty International. Votée le 6 mars par l’Assemblée nationale, elle a été ratifiée jeudi par le chef de l’Etat, Macky Sall, qui l’avait farouchement défendue malgré la controverse qu’elle suscitait, au sein même de son camp.

Pour tenter d’apaiser la crise politique inédite ouverte par le report du scrutin présidentiel annoncé le 3 février par le chef de l’Etat, au moins 344 détenus, pour la plupart des sympathisants d’Ousmane Sonko arrêtés lors des manifestations de mars 2021 et juin 2023, avaient été placés en liberté provisoire ces dernières semaines. Mais l’élargissement de cette mesure aux deux principaux leaders des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), restait en suspens. Leur sortie de prison est également le résultat de multiples médiations, dont celle de l’homme d’affaires Pierre Goudiaby Atepa. « Je suis ravi que le président ait tenu parole car leur libération était le but de ma médiation », a-t-il déclaré au Monde.

Euphorie

Après l’euphorie de leur sortie, les deux figures du Pastef vont devoir rapidement aller sur le terrain, alors que l’élection présidentielle est prévue dimanche 24 mars. Leur coalition, « Diomaye président », a lancé sa campagne électorale, dimanche, dans la banlieue de Dakar.

Condamné pour diffamation et corruption de la jeunesse, avant d’être emprisonné en juillet 2023 pour appel à l’insurrection, Ousmane Sonko a été exclu des listes électorales et déclaré inéligible. Il a désigné son dauphin, Bassirou Diomaye Faye, à sa place. L’inspecteur général des impôts ne sera pas seul sur le terrain : deux autres candidats sur les dix-neuf encore dans la course sont soutenus par le Pastef, une stratégie qui avait été montée pour parer à la mise à l’écart de leur leader.

Engagés dans une campagne électorale décidément peu ordinaire, les candidats Habib Sy et Cheikh Tidiane Dièye ont donc pour mission d’utiliser leur exposition médiatique au profit de la coalition « Diomaye président », dont le slogan, « Diomaye mooy Sonko » (« Diomaye, c’est Sonko ») est sans équivoque. « Après ces libérations, nous espérons une victoire dès le premier tour », s’enthousiasme Ababacar Sadikh Top, un des porte-parole du Pastef. Amadou Ba, l’ancien premier ministre, qui a été désigné par la majorité présidentielle, affiche la même ambition.

Calendrier bouleversé

Il ne reste plus que neuf jours aux candidats pour sillonner le pays à cause d’un calendrier bouleversé par l’annulation du scrutin prévu initialement en février et désormais convoqué le 24 mars. Le chef de l’Etat sénégalais s’était appuyé sur des accusations de corruption contre des membres du Conseil constitutionnel pour décider un report du scrutin à décembre 2024 avant d’être désavoué par la juridiction suprême, qui l’a contraint à organiser la présidentielle avant l’expiration de son mandat, le 2 avril.

De nouveaux rebondissements ne sont pas à exclure alors qu’une audience de la Cour suprême devait avoir lieu vendredi. Le Parti démocratique sénégalais, dont le candidat Karim Wade a été éliminé de la course pour binationalité, n’a pas dit son dernier mot et a attaqué devant l’instance le décret de convocation du scrutin. « Karim Wade m’a dit hier qu’il était déterminé à ce qu’Ousmane [Sonko] et lui puissent y participer. On ne peut aller sereinement vers une élection dans dix jours sans les principaux poids lourds de l’opposition », estime l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, qui compte parmi les partisans d’un nouveau report de l’élection et d’un réexamen de la liste des prétendants.

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En l’état, cette présidentielle s’annonce comme la plus ouverte de l’histoire du pays depuis l’indépendance : Macky Sall et Ousmane Sonko, les deux poids lourds de la politique sénégalaise s’affronteront de façon indirecte à travers leurs dauphins, Amadou Ba et Bassirou Diomaye Faye.

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