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Guerre en Ukraine : l'UE menace la Biélorussie de nouvelles sanctions si elle accueille des armes nucléaires russes

Vladimir Poutine a annoncé samedi avoir eu l'accord de Minsk pour déployer des armes nucléaires tactiques en Biélorussie, aux portes de l'Union européenne.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a averti dimanche que l'UE était «prête» à adopter de nouvelles sanctions contre la Biélorussie si ce pays déployait des armes nucléaires russes sur son territoire. «L'accueil par la Biélorussie d'armes nucléaires russes constituerait une escalade irresponsable et une menace pour la sécurité européenne. La Biélorussie peut encore arrêter cela, c'est son choix. L'UE se tient prête à réagir par de nouvelles sanctions», a déclaré Josep Borrell sur Twitter.

Le président russe avait dit samedi avoir eu l'accord de Minsk pour déployer des armes nucléaires tactiques en Biélorussie, un pays situé aux portes de l'Union européenne et dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, son allié le plus proche.

Plus tôt dans la journée, les États-Unis ont déclaré qu'ils n'avaient «aucune indication» que la Russie ait transféré des armes nucléaires en Biélorussie, ni même que le président russe Vladimir Poutine s'apprête à recourir à l'arme nucléaire en Ukraine. «Nous n'avons aucune indication qu'il ait tenu son engagement ou qu'aucune arme nucléaire n'ait été transférée», a affirmé John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, sur la chaîne CBS.

«La rhétorique nucléaire de la Russie est dangereuse et irresponsable», avait de son côté condamné dimanche l'Otan. «L'Otan est vigilante et nous suivons de près la situation», a déclaré la porte-parole de l'Alliance, Oana Lungescu. «Nous n'avons constaté aucun changement dans le dispositif nucléaire de la Russie qui nous amènerait à ajuster le nôtre», a-t-elle souligné.

La France appelle la Russie à faire preuve de «responsabilité»

La France a condamné l'intention du président russe Vladimir Poutine de déployer des armes nucléaires «tactiques» sur le territoire de son allié biélorusse, appelant Moscou à faire preuve de «responsabilité» et à revenir sur sa décision selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

«Après la violation du traité FNI (traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, ndlr) par la Russie, qui a mené à sa disparition, et l'annonce de la suspension par la Russie de sa participation au traité New Start en février dernier, cet accord représente un élément supplémentaire d'érosion de l'architecture internationale de la maîtrise des armements et de la stabilité stratégique en Europe», souligne la porte-parole du Quai d'Orsay.

Paris appelle la Russie à «faire preuve de la responsabilité attendue d'un État doté de l'arme nucléaire et à revenir sur cet accord déstabilisant», conclut-elle.

«Otage nucléaire»

L'Ukraine a, elle, appelé à organiser une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU. «L'Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des États-Unis et de la France», a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué. «Nous demandons qu'une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies soit immédiatement convoquée à cette fin».

Dimanche matin, le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov a affirmé sur Twitter que «le Kremlin a pris la Biélorussie comme otage nucléaire». Cette nouvelle «maximise le niveau de perception négative et de rejet public de la Russie et de Vladimir Poutine dans la société bélarusse», avance Oleskïï Danilov, affirmant que cette décision est un «pas vers la déstabilisation interne du pays».

Des responsables russes ont émis à plusieurs reprises des menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire en Ukraine en cas d'escalade significative du conflit. Or, si la Biélorussie ne prend pas part directement au conflit en Ukraine, Moscou s'est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kiev l'année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes. Vladimir Poutine a motivé sa décision samedi par la volonté du Royaume-Uni d'envoyer des munitions à uranium appauvri à l'Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique.

S'aligner sur l'Otan, une référence «trompeuse»

Le président russe a également justifié le déploiement d'armes nucléaires en Biélorussie par les déploiements d'armes américaines en Europe. «Il n'y a rien d'inhabituel ici : les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés», a déclaré le président russe lors d'une interview diffusée samedi à la télévision. «Nous avons convenu de faire de même», a-t-il ajouté.

«La référence de la Russie au partage nucléaire de l'Otan est totalement trompeuse. Les alliés de l'Otan agissent dans le plein respect de leurs engagements internationaux. La Russie n'a cessé de violer ses engagements en matière de maîtrise des armements, suspendant dernièrement sa participation au nouveau traité START», a réagi la porte-parole de l'Otan. «La Russie doit revenir au respect de ses engagements et agir de bonne foi», a ajouté Oana Lungescu.

Les États-Unis stockent des armes à composante nucléaire dans des bases en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie. Les armes nucléaires «tactiques» ont une puissance moindre par rapport à celles dites «stratégiques» mais leurs effets restent mortels et imprévisibles.

Guerre en Ukraine : l'UE menace la Biélorussie de nouvelles sanctions si elle accueille des armes nucléaires russes

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58 commentaires
  • oeildelynx

    le

    il y a un focus sur l'ukraine ! mais Face à Bernard-Henri Lévy, l'ex-Premier ministre, M De Villepin, a appelé à ne pas oublier «le martyr qu'a connu le peuple irakien» et a estimé qu'une réponse militaire occidentale à l'intervention russe en Ukraine aggraverait les souffrances des civils. Lors d'une émission spéciale intitulée Ukraine : la guerre en Europe diffusée dans la soirée du 24 février sur France 2, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin s'est ouvertement opposé à Bernard-Henri Lévy, ce dernier souhaitant une réponse militaire occidentale en Ukraine. Lire aussi «Pas suffisant» : BHL appelle l'Europe à armer davantage l'Ukraine Celui qui fut également ministre des Affaires étrangères s'est exprimé en ces termes : «N'oublions pas Bernard Henri-Lévy les souffrances, le martyr qu'a connu le peuple irakien, le martyr, la souffrance qu'a connu le peuple libyen. Je vous parle de la souffrance des peuples [...] N'oublions pas les souffrances que nous avons infligées, par des interventions militaires sans issue.» qui a une chemise blanche et du sang sur les mains ? (lybie, irak, kosovo). Peut on poser la question si la liberté d'expression existe toujours ?

  • Desgarils

    le

    Ils doivent être effrayés

  • Anonyme

    le

    Les menaces sont l’arme des faibles.

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